Plaidoyer de Meursault

« PLAIDOYER Mesdames, messieurs les jurés, nous sommes tous réunis ici en ce jour suite à la mise en accusation de mon client.

Vous pensez sûrement que je défends un Diable.

Il n’en est rien, je défends la vie d’un homme. Il est clair que cet homme a fait couler le sang, mais il reste avant tout un être humain et tout individu a le droit de vivre.

Je tiens à rappeler que cet incident s'est passé au beau milieu d'un après-midi d'une chaleur étouffante.

Le soleil se reflète sur la plage, il aveugle M.

Meursault.

Un homme armé d'un couteau surgit et le menace.

Notre homme prend peur.

C'est une réaction logique que de se sentir agressé et de vouloir se défendre.

Le soleil frappant et la lame aveuglante l'ont poussé à commettre l'irréparable, le honteux.

Ce fut pourtant un simple geste de légitime défense face à la mort.

Ce n'était pas un acte prémédité mais bien un accident. Aussi, je trouve cela injuste que l'on juge un homme parce qu'il se montre honnête et ne fait pas semblant.

D'autant que l'accusation est basée sur des préjugés, sans aucune preuve.

Comment le procureur peut-il prétendre connaître les sentiments de mon client alors qu'il lui interdit de s'exprimer aujourd'hui devant la cour ? Comparer son insensibilité supposée face au décès de sa mère à un parricide est totalement déplacé et inconvenant.

Le procureur a dit, je cite : "J'accuse cet homme d'avoir enterré sa mère avec un cœur de criminel".

L'indifférence qu'il a manifestée à la mort de sa mère ne prouve en aucun cas son "insensibilité".

De même, la liaison qu'il a eue avec Marie le lendemain ne peut pas servir d'argument.

Cela était une façon pour lui de se libérer l'esprit. Parlons aussi de l’exécrable façon dont le procureur essaye de vous manipuler à des fins personnelles.

Comment peut-il détourner notre attention des faits dont est accusé M.

Meursault pour nous amener à juger l'homme, sa sensibilité et son comportement, qui ne concernent en rien le déplorable accident qu'a vécu mon client ? Comment ose-t-il encore se regarder dans le miroir après de tels propos sournois et cruels ? Si vous jugez M.

Meursault sur. »