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Pierre-Jean Béranger (1780-1857) Ce n'est pas un philosophe : le Dieu des bonnes gens est d'une platitude et d'une indigence déconcertantes.

Publié le 22/05/2020

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BÉRANGER Pierre Jean de. Célèbre chansonnier français. Né à Paris le 19 août 1780, mort dans cette ville le 16 juillet 1857. D’une famille qui se prétendait noble et n’avait d’autre fortune que son nom, il fut élevé chez son grand-père, à cause de la séparation de ses parents. Mis par la suite, en 1789, dans une pension du faubourg Saint-Antoine, il eut la chance inouïe d’assister, du haut d’un toit, à la prise de la Bastille. Quelque temps après, son grand-père l’envoya auprès d’une tante qui tenait une auberge à Péronne. Grâce à cette femme de cœur qui se fit sa mère adoptive, l’enfant put apprendre à lire, à écrire et à calculer. Il suivit, en outre, les cours de l'Institut patriotique organisé selon les principes de Jean-Jacques Rousseau. A quatorze ans, il entra dans l’atelier d’un imprimeur. On sait qu’avec son patron, il y faisait déjà des vers, Deux ans après, en 1796, son père venant de fonder une maison de banque à Paris, il dut aller le rejoindre. Devenu commis, il montra vite quelque aptitude dans ce genre de travail.
Pourtant, fort de sa vocation qu’il sentait naître, il se mit bientôt à écrire, se laissant séduire par les genres les plus divers : d’abord en ébauchant une comédie satirique (Les Hermaphrodites), ensuite un poème épique (Clovis), enfin des odes d’un caractère religieux (Le Jugement Dernier, etc.). Mal satisfait de ces tentatives, d’autant qu’il menait une vie misérable, il voulut, en 1802, partir pour l’Égypte où Bonaparte venait de faire son expédition. Détourné de ce projet par son entourage, il se mit à esquisser ses premières chansons. En 1805, il est employé par le peintre Landon à la rédaction des Annales du Musée. Sa vie précaire ne prit fin que le jour où il entra en qualité d’expéditionnaire dans les bureaux de l’université (1809). Se sentant à l’abri du besoin, Béranger composa alors quelques-unes de ses pièces les plus joyeuses : Roger Bontemps, La Gaudriole, La Bacchante. En 1813, reçu membre de la Société du Caveau, que présidait Désaugiers, il s’y fit fort applaudir pour l’étendue de sa verve. En 1815, la publication de son premier recueil de Chansons lui valut de la part de ses chefs une sévère admonestation. Fort de sa popularité, Béranger n’en tint aucun compte. Si, dans ses chansons nouvelles, il chante toujours le plaisir, il n’en accorde pas moins la place prépondérante à la politique pour attaquer à la fois le trône et l’autel. Quand paraît son deuxième recueil (1821) il est destitué de son poste, traduit en cour d’assises et condamné a trois mois de prison. S’il put faire paraître sans accroc son troisième recueil (1825), il devait s’attirer, par contre, un procès retentissant lorsqu’il publia le quatrième (1828) : neuf mois de prison, sans parler de l’amende. Sa peine, il la subit à la prison de la Force. C’est dire que, quand vint l’explosion de 1830, Béranger devait jouer un rôle décisif. « Ta part fut belle en ces grandes journées », dira-t-il plus tard de lui-même. Par l’irrésistible effet de ses chansons, son influence sur la jeunesse, et sa liaison avec les chefs du parti libéral, il a contribué largement à la chute des Bourbons. Après la victoire, il se retira de la scène, jugeant que son rôle était terminé. En 1833, il publia son dernier recueil de chansons. Fier d'être Parisien jusqu’à la moelle des os, ce républicain de vieille date repoussa toujours les honneurs et les pensions. Il était tenu en haute estime par Talleyrand, Chateaubriand et Lamartine. Sa mort mit en relief son caractère de poète national : ses obsèques furent célébrés aux frais de l’Etat. Il s’est trouvé plus d’un critique pour voir en lui un faux bonhomme. Quoi qu’il en soit, il eut le mérite de faire plus d’une chanson qu’on peut relire encore aujourd’hui. Signalons enfin son œuvre posthume : Ma biographie, parue en 1852.
♦ « Béranger me rappelle constamment Horace et Hafiz qui, tous deux, se sont élevés au-dessus de leur temps et qui, s'attaquant par leurs railleries et leur badinage à la corruption des mœurs, en ont fait leur thème littéraire. Béranger, dans son milieu, occupe la même situation. Mais comme il est sorti d'une condition plus humble, il ne dédaigne pas trop le côté graveleux et vulgaire, et même il le traite avec une certaine complaisance. » Gœthe. ♦ « J'ai reparcouru dernièrement le recueil des Chansons de Béranger, sans y rien trouver qui ne me paraisse vulgaire, banal et rebutant. » A. Gide.

« Pierre-Jean Béranger 1780-1857 Ce n'est pas un philosophe : le Dieu des bonnes gens est d'une platitude et d'une indigence déconcertantes.

Ce n'est pas un poète, mais c'est un pamphlétaire qui a su rimer, avec une rare habileté technique, des chansons, non point populaires, mais “ petites bourgeoises ”, voltairiennes, érotiques, bachiques, politiques. Faux bonhomme , avec une grande capacité de perfidie dans ses haines contre les ultras et les dévots, doué de trop peu de jugement pour avoir mesuré les conséquences du culte napoléonien qu'avec Victor Hugo il contribua à instaurer, il a joui d'une immense popularité, à quoi ne contribua pas peu la maladresse des condamnations dont il fut l'objet sous la Restauration et qu'il sut exploiter.

Mais son art est si grand qu'on relit encore et que parfois on chante la Bonne Vieille, le Vieux Célibataire, les Cinq Étages, le Vieux Sergent, Mon habit, Mon grenier, les Souvenirs du peuple, Jeanne la rousse, Jacques, le Roi d'Yvetot , — sans parler des indécentes Deux S œurs .. »

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