PIERRE JANET
Publié le 15/05/2020
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PIERRE JANET
Avec Pierre Janet se fait la jonction entre le courant psychiatrique et la psychologie inaugurée par Th.
Ribot dont ilfut l'élève.
Comme le lui conseillait Ribot, après l'Ecole normale supérieure et l'agrégation de philosophie, Janetdevient médecin et se spécialise en psychopathologie.
A vrai dire si Ribot est « le pôle expérimental » de la psychologie qui se développe, le « pôle psychiatrique » à lamême époque est Charcot.
C'est Charcot qui préside, en 1889, le premier congrès de psychologie expérimentale(vice-président Ribot).
Or Janet, élève de Ribot, a suivi les leçons de Charcot, et c'est encore Charcot qui lui confiela direction du laboratoire de psychologie de la Salpêtrière en 1890.
La thèse de doctorat ès lettres de Janet en1889 a pour titre Y Automatisme psychologique et pour sous-titre Essai de psychologie expérimentale sur les formesinférieures de l'activité mentale, sujet cher à Ribot, qui préside le jury ; la thèse de doctorat en médecine de Janet(1893) a pour titre L'état mental des hystériques, sujet cher à Charcot qui préfacera l'ouvrage.
Janet est élu en 1895 professeur à la Sorbonne et en 1896 supplée Ribot au Collège de France, où il remplacera sonmaître en 1902.
On sait aussi que c'est auprès de Charcot, dans les années 1885-1886, qu'un médecin viennois de trente ans étaitvenu étudier l'hystérie, le docteur Sigmund Freud.
L'œuvre de Janet est considérable ; citons seulement : Les névroses et les idées fixes (1898), Les obsessions et lapsychasthénie (1903), Les médications psychologiques (1919), De l'angoisse à l'extase (1926), L'évolution de lamémoire et la notion de temps (1928), La force et la faiblesse psychologiques (1930), Les débuts de l'intelligence(1935), L'intelligence avant le langage (1936).
Pour Janet, la conscience normale est caractérisée par l'adaptationau réel et à l'action (le moi comme « fonction du réel »), par l'activité de synthèse (unité opératoire donnant l'unitéintimement perçue du moi), et par « le sens du présent ».
Lorsque ces « fonctions supérieures » sont affaiblies («engourdissement », dira-t-il d'abord, puis « psychasthénie »), des phénomènes pathologiques apparaissent,caractérisés par la dissociation du moi, l'inadaptation, et surtout par une sorte de vie indépendante que prennentles automatismes psychologiques (images sensori-motrices, activités segmentaires, fragments de conscience nonpersonnelle dominant les conduites non intégrées, non reconnues, répétitives du passé, etc.).
De là son intérêt pourles formes inférieures de conscience ou d'inconscience, les somnambulismes, la suggestion, les états hypnotiques,les catalepsies, les léthargies, le sommeil, d'où il tire l'idée de hiérarchie des niveaux de fonctionnement mental, leplus haut niveau impliquant, dans l'unité dynamique, une tension vers le réel présent, tension qui rappelle celle quesoulignait Bergson et, d'une certaine manière ou sous d'autres termes, William James.
L'inconscient (Pierre Janet, qui a survécu à Freud, a toujours contesté la priorité de Freud dans cette découverte)n'est pas pour Janet ce qu'il est pour Freud.
Loin d'être une sorte de co-conscience diminuée du moi et du langagesocial, nœud de pulsions directes ou refoulées, énergie, dynamisme (recelant toute l'énergie vitale et psychique)l'inconscient selon Janet est un univers de mécanismes, d'automatismes, de schèmes idéomoteurs dont lefonctionnement séparé n'existe que par la faiblesse d'un moi qui a perdu, par maladie, son énergie propre (satension) en perdant son unité et sa puissance pragmatique.
En un sens, les inconscients de Janet n'ont que la forcede l'habitude, ce qui les condamne à la répétition, ce ne sont pas des volontés obscures redoutées par le moi etrefoulées par lui.
La thérapeutique, par conséquent, n'est pas la même.
Il n'y a rien à exorciser dans l'inconscient.La guérison sera le renforcement du moi, le retour du tonus personnel, la reprise en main de la machine.
Letraitement sera donc « psychologique » mais concentré (par toutes les voies possibles, y compris la gymnastiquementale) sur le moi anémique pour lui rendre sa vigueur et sa capacité d'action positive, adaptée, créatrice, sur leréel.
Janet, quoiqu'il ait voulu se rapprocher de la psychanalyse qui lui a pratiquement ravi la gloire, se rattache plussûrement à une sorte de tradition française qui, venant de Maine de Biran, aboutit à Bergson, et qui a étéinterrompue par la puissante vague freudienne..
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