Pierre Flote.

« 1 / 2 Pierre Flote La monarchie contre la papauté ? -1302 Bien qu'il soit moins connu qu'Enguer­ rand de Marigny ou Guillaume de No­ garet, Pierre Flote a joué un rôle de pre­ mier plan sous le règne de Philippe le Bel.

Issu d'une excellente famille noble du Dauphiné, il fit de solides études de droit à Montpellier.

A ce titre et en dépit de son origine aristocratique, il doit donc être compté parmi les «légistes» qui ressuscitèrent, au profit de la monar­ chie, la notion d'Etat qui avait été consi­ dérablement obscurcie depuis la fin de l'Empire romain.

Pierre Flote apparaît pour la première fois dans l'entourage royal en 1290 lors­ que, à propos de nominations épiscopa­ les contestées, il a la charge difficile de négocier avec le cardinal Caetani, légat pontifical, le futur Boniface VIII.

En 1291, il juge au parlement que le roi tient à Toulouse; en 1293, il négocie en Gascogne avec les gens du roi d'Angle­ terre, à propos de la Guyenne que celui­ ci tient en fief du roi de France.

Peu à peu, il se spécialise dans la diplomatie où il excelle à magnifier l'autorité roya­ le.

C'est ainsi qu'on le voit négocier successivement avec l'Angleterre, avec l'Empire germanique, avec les guelfes d'Italie, avec les Flamands enfin.

Mais il se consacre de plus en plus aux relations _avec la papauté; son monarchisme mili­ tant le conduit à s'opposer avec une vio­ lence grandissante au pape Boniface VIII qui, de son côté, affirme ses préten­ tions à la théocratie universelle.

Les hostilités sont ouvertes en 1296 quand Pierre Flote est chargé de com­ battre la bulle !ne abilis amor ui affir- me la suprématie pontificale sur les prin­ ces temporels: le pape doit reculer et il consent même, en gage de bonne volon­ té, à canoniser Louis IX.

De son côté, le roi récompense son conseiller en lui con­ fiant, en 1299, la charge du sceau royal; c'était la première fois que la Chancelle­ rie avait à sa tête un laïc et non pas un clerc.

Le conflit reprend avec le Saint-Siège en 1301, lorsque Pierre Flote suscite la comparution devant la cour royale de l'évêque de Pamiers, Bernard Saisset, pour trahison et hérésie.

Le pape prend aussitôt sa défense et publie des bulles que Pierre Flote ne craint pas de falsifier pour «former» une opinion publique qu'il s'attache à consolider en réunis­ sant, notamment, une assemblée de barons et de clercs à Notre-Dame de Paris, en avril 1302.

Mais le garde du sceau s'occupait aussi des affaires de la Flandre que l'armée royale avait occupée: un soulèvement général s'y produit au début de 1302.

Pierre Flote se joint à l'armée chargée de rétablir l'ordre, mais celle-ci est écra­ sée par la masse des artisans flamands à Courtrai, le 11 juillet 1302, et il figure au nombre des morts.

Boniface VIII ne put s'en réjouir longtemps: Guillaume de Nogaret prit aussitôt la relève de la lutte contre lui. 2 / 2. »