PIERRE EMMANUEL

« 1 / 2 PIERRE EMMANUEL J'ai longtemps été incapable d'aimer la poésie de Pierre Emmanuel', non que je la jugeasse mauvaise mais parce que je le voyais renoncer à poursuivre tme aventure (l'ex• pression par l'image, le choc des mots, des secrets ineffables de la conscience, l'édification d'un humanisme poétique et non plus rationnel) où notre génération s'était engagée, au lendemain de l'extinction des feux surréalistes, et qui est loin- d'être terminée.

Chacun prêche pour son saint : le grand flot lyrique sur lequel je voyais Emmanuel s'em­ barquer, lO!vec dans ses bagages les calices empoisonnés de Baudelaire et de Pierre Jean Jouve, me paraissait reculer sur la mer poétique et non point avancer,- comme mes amis et moi pensi{)ns qu'il le fallait faire, quitte à perdre notre chance d'être compris du grand- public.

Où nous procédions par refus de l'enchaînement rhétorique, utili· taire, et par « sacrifices », comme l'on dit en peinture, jusqu'à tomber dans un elliptisme héroïque et une dis• continuité dont le moindre risque, pour nous, n'était pas qu'ils finissent par conditionner notre vie elle-même, je VQyais Pierre Emmanuel reprendre le flambeau noir d'une 1.

Né en 1916 à Pau (Basses-Pyrénées).

Œuvres poétiques principales: Elégies (Cahiers des Poètes Catholiques), Tombeau d'Orphée (Seghers), Combats avec les défenseurs (Seghers), Cantos (Fontaine), ]our de colère (Charlot), Orphiques (Gallimard), Sodome (Le Seuil), Babel (Desclée de Brouwer), Visage nuage, Versant de l'âge, Evangéliaire, La nouvelle nais· sance (ces quatre derniers recueils aW( éditions du Seuil).

Consulter: Pierre Emmanrœl par Alain Bosquet (Seghers, collection Poètes d'Au:· jourd'hui). 2 / 2. »