Pierre BONNARD: LA BAIE DE CANNES (analyse)

« Pierre BONNARD LA BAIE DE CANNES Derrière la luxuriance de la nature méditerranéenne, cette œuvre laisse transparaître un profond sentiment de solitude.

Après avoir donné , dans les années 1890 , une vision volontiers humoristique de la vie urba i ne , Bonnard aborde le grand lyrisme de la nature avec ses paysages de Normandie et surtout du Midi , où il finit par s'installer .

L'ŒUVRE Bonnard a choisi un format vertical , peu habi­ tuel pour un panorama.

C'est que la mer, dans cette Baie de Cannes, joue un rôle secondaire.

Tout en haut de la toile, déportée sur la gauche , elle n'est qu'une tache lumineu­ se dans le contre-jour.

Le véritable motif est la pente qui dévale depuis la terrasse et qui , de replis cachés en bosses incertaines , finit par rejoindre la barrière des collines , tout au fond .

Deu x mondes s'opposent: le vaste arriè­ re-plan des villas blotties parmi les oliviers, et le premier plan, où la nature nous enivre de sa joie de vivre.

Là, des mimosas groupés en gros buissons font teinter bien haut leur jaune sonore.

Plus loin , un amandier en fleur nous rappelle- un peu tristement -que la dernière peinture du vieil art iste sera justement un amandier .

Un palmer s'agite ...

Le croirait-on? Nous sommes au cœur de l'hiver .

LA TECHNIQUE Vers 1890, Bonnard avait été surnommé «le nabi ».

Pourtant, les ultimes voyages du Can­ net ne se réfèrent plus au x formes plates et puissamment décoratives de cette école.

Au contraire , même, ce n'est pas la ligne qui définit la silhouette des arbres , des nuages ou des montagnes, mais leur rayonnement lumi­ neux.

Les formes sont fragmentées en mul- LA COTE Les toiles de Bonnard sont toujours bien cotées, quelle que soit leur période.

Le prix moyen d'un beau paysage est de 8 millions de francs.

Les œuvres plus mineures se rencontrent aux alentours de 1 million.

Pierre BONNARD 1867-1947 • La Baie de Cannes • Huile sur toile 67 cm x 53 cm • Signé en bas, à droite, «Bonnard,.

• Peint en 1935 • Localisation : collection particulière • Exposition : Paris, 1984 tiples taches de couleur pure , qui semblent saturées d'électricité: selon leur charge néga­ tive ou positive , elles s'attirent ou se repous­ sent , donnant au paysage cette impression de vibration universelle.

Non loin de là, sur la Riviera , Matisse proposait une vision plus pai­ sible de la nature.

L'HISTOIRE Alors qu 'il existe sur la Côte d'Azur des musées Matisse, Chagall , Léger, le beau et riche musée de Cannes ne possède aucun tableau de Bonnard ! Le peintre faisait pour­ tant partie des «inconditionnels du Midi» et, dès 1925, il avait acheté une villa sans pré­ tention sur les hauteurs de Cannes .

A sa mort, mise sous scellés et laissée à l 'abandon, elle fut pendant plus de vingt ans la proie des maraudeurs! Ainsi disparut l'occasion de créer un musée Bonnard.

Le. »