Pierre Bonnard
Publié le 18/05/2020
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Pierre Bonnard, un magicien des couleurs au-delà de tous les styles
"Il ne s'agit pas de peindre la vie mais de donner vie à la peinture".
Telle est
la devise de l'artiste français Pierre Bonnard dont la toile, "Nu à
contre-jour", réalisée en 1909, marque une rupture avec son style.
Bonnard, né le 3 octobre 1867 à Fontenay-aux-Roses, rejoint le groupe des nabis
("prophètes" en hébreu) dès 1888.
Intéressés par les univers occultes, les nabis
se laissent fortement influencer par les symbolistes, et par l'art de Gauguin.
Selon eux, l'art ne doit pas reproduire la nature, mais exprimer le monde
intérieur de l'artiste.
Aussi cherchent-ils, par la simplification des couleurs
et la négation du modelé, à restituer à la peinture sa dimension purement
décorative.
En 1896, Bonnard présente ses premiers tableaux à la galerie parisienne
Durand-Ruel.
Il utilise alors une palette sobre et réduite, héritée de l'esprit
nabi.
Vers 1910, on assiste à un tournant dans sa peinture: c'est l'époque d'une
explosion de la couleur, exubérante et lyrique, et de l'éclatement de la surface
picturale en une infinité de petites touches colorées.
Nu à contre-jour marque pour Bonnard le début d'un style nouveau, très
personnel, auquel il restera fidèle.
Par la suite, le peintre vit et travaille à
l'écart de tous les mouvements artistiques qui naissent dans la première moitié
du XXe siècle.
Son désir de mener une existence loin du tourbillon artistique
est à rattacher à son sens de la liberté et de la spontanéité presque enfantine
qui l'aident à découvrir de la magie dans la vie quotidienne.
Les paysages, et
surtout les nus féminins, deviennent les thèmes dominants de son travail.
Nu à
contre-jour est l'un des premiers tableaux de Bonnard, où il représente une
scène de la vie quotidienne: le bain.
Les couleurs et les ombres se confondent
subtilement pour former un tout.
Une lumière opaline qui entre par la fenêtre,
apparaît sur les rideaux, le tapis, le couvre-lit, le lavabo et la baignoire.
La
lumière diffuse transforme le corps de la femme en une unité douce, presque
informe.
Le modèle préféré de Bonnard pour ses nus est sa femme Marthe, qui
souffre d'une maladie des nerfs.
Les "intérieurs" constituent un autre grand thème chez Bonnard.
Ils sont
caractéristiques de l'intérêt qu'il éprouve pour l'étude de la vie domestique,
en marge des scènes de rue.
Il se concentre sur le dialogue entre l'espace
intérieur et le monde extérieur: l'observateur regarde souvent par-dessus une
table vers la porte ouverte de la terrasse, derrière laquelle un paysage d'été
se déploie.
À partir du milieu des années 20, Bonnard crée une série de tableaux
de terrasses dans laquelle il répartit l'action sur toute la surface de la
toile.
Il essaie constamment de créer des oeuvres qui peuvent être considérées
comme un tout symbolique.
Les couleurs foisonnent, mais le peintre ne se
préoccupe guère des règles conventionnelles de la perspective ou des structures
classiques de la composition.
Cette innovation pour les tons lumineux et le nu
féminin constituent un leitmotiv.
Un an avant sa mort, en 1947, il écrit:
"J'espère que mes tableaux n'ont pas pris une ride.
Je veux pouvoir me présenter
avec des ailes de papillon face aux jeunes artistes de l'an 2000".
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