Pierre Abélard
Publié le 16/05/2020
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Pierre Abélard1079-1142 Il fut d'abord à Paris l'élève de Guillaume de Champeaux, qu'il ne tarda guère à supplanter ; après la célèbre histoired'amour avec Héloïse, qui se situe vers 1113, Abélard enseigna successivement à Nogent, au “ Paraclet ”, puis denouveau à Paris où il mourut.
Son œuvre, à la fois philosophique et théologique, comprend essentiellement le Sic et Non , la Dialectica , des Gloses , la Theologia Christiana et l'Ethica .
Il doit sans doute à l'âpre controverse qui l'opposa à Guillaume de Champeaux sur le problème des universaux le début de sa renommée.
Le problème, déjà pose parPorphyre, était de savoir si les universaux, qui renvoient aux genres et aux espèces des êtres naturels, existentdans la réalité ou seulement dans la pensée, pour Guillaume, l'universel est une réalité “ tout entière à la fois danschacun des individus d'une même espèce ”.
Abélard reprend les objections du Parménide : comment le même universel peut-il être tout entier en lui-même et tout entier en chacun des individus dont il est le genre oul'espèce ? De plus, si l'on définit, par exemple, l'homme comme un animal raisonnable, comment expliquer lacoexistence en lui de deux universaux qui s'excluront par ailleurs chez le cheval ? La solution d'Abélard estremarquable en ce sens qu'elle dépasse l'opposition réalisme-nominalisme et, par une analyse de l'abstraction, jetteles bases d'une explication psychologique des idées.
L'universel a bien une certaine réalité, mais uniquement à titrede concept prédicatif : il exprime une qualité qui peut se dire de plusieurs choses, mais il n'a pas de sens si on lesépare de ces choses.
Comment un universel se forme-t-il ? Nos perceptions produisent en nous des images ; ellespeuvent subsister à titre individuel et constituer des objets de pensée singuliers, ou s'unir en représentations plusimprécises, plus générales.
Les universaux ne sont ainsi que “ le sens des noms ” (nominum significatio) et il n'y a de connaissance réelle que du particulier ; la solution d'Abélard a certainement contribué à rendre son autonomie àla logique, et fait de lui un précurseur direct de Guillaume d'Occam.
Le même génie et la même fougue caractérisentson œuvre proprement théologique.
S'il a vivement attaqué les dialecticiens (comme Roscelin), donne la chasse auxhérésies sur La Trinité et proteste de sa soumission à l'autorité, il est vrai aussi qu'il a fait du Timée un commentaire singulièrement hardi, s'attachant à y retrouver tous les détails du dogme.
Mais c'est dans son Ethica que ses véritables tendances apparaissent le plus nettement : seule l'intention permet de juger la valeur morale d'un acte, lepéché naît d'un désaccord entre la représentation du juste et notre conduite ; ce qui l'amène à rejeter latransmission de la faute originelle et la doctrine de la réversibilité des mérites du Christ sur chaque chrétien.
Cesthèses difficiles à apprécier, qui dévaluent la grâce au profit de la connaissance et ont un relent de pélagianisme,expliquent la condamnation que l'attention vigilante de saint Bernard valut à Abélard..
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