PHYLLOXÉRA
Publié le 16/05/2020
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PHYLLOXÉRA (1876)
En 1875, le vignoble français est en plein essor.
Bien rares sont les paysans qui ne possèdent pas leur petit clos surles versants exposés à l'est.
La vigne dépasse largement la Loire, la région de Paris, les provinces de l'est, et atteintla Somme.
Dans le Midi, l'extension est considérable.
Pour le seul Languedoc, la superficie cultivée est passée de100 000 à 220 000 ha.
Ce développement s'explique par l'amélioration des transports et la consommation accrue duvin au détriment du cidre ou de la bière.
Soudain, à partir de 1876, un mal étrange dévaste certains clos.
Les vignes jaunissent, perdent leurs feuilles.
Ellesn'offrent plus que des ceps tordus, difficiles à brûler.
L'origine de ce désastre tient à un insecte venu du centre etde l'est des Etats-Unis, le phylloxéra.
Le mal s'étend à une vitesse extraordinaire.
Trois zones seulement sontatteintes en 1876 : celles de Floirac en Gironde, de Pujaut dans le Gard et quelques communes du Beaujolais.
Troisans plus tard, le Midi, le Sud-Ouest, le Massif central, la Bourgogne sont touchés.
En 1880, toutes les vignessituées au nord de la Loire sont dévastées par le phylloxéra, dont la victoire est complète moins de dix ans plustard, à une exception près : la vigne de Montmartre, protégée de la marche de l'insecte par une énorme murailleurbaine.
Pour les vignerons français le désastre est immense.
Si la récolte de 1876 atteint encore 56 millions d'hectolitres,celle de 1879 tombe à 25 millions.
En 1880, la moitié du vignoble peut être considérée comme détruite et laproduction s'est effondrée des deux tiers.
Les dommages sont évalués à un demi-milliard de francs-or.
La Francecesse d'être un pays exportateur de vin et doit en importer plus de cinq millions d'hectolitres dès 1879.
La vignesurvivra cependant.
La pratique du cépage indigène sur plant américain, préconisée par Planchon, permettra dereconstituer le vignoble en une vingtaine d'années.
Mais le vignoble des années 1900 n'est plus celui de 1875.Nombre de vignes des régions trop septentrionales comme le Bassin parisien ou la Lorraine n'ont pas étéreconstituées.
En revanche, le littoral du Languedoc, dont le sol sablonneux et inondable n'est pas favorable audéveloppement du phylloxéra, se couvre de vignobles à gros rendement, à l'origine de bien des crises desurproduction.
Au total, la crise du phylloxéra a été pour l'agriculture un véritable traumatisme, qui s'est ajouté à la maladie du verà soie et à l'effondrement des prix du blé à la suite des irnportations des pays neufs.
Ces crises successivesaccéléreront l'exode rural et inciteront les gouvernements à renforcer le protectionnisme..
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