Philippines (2003-2004): À bout de souffle
Publié le 20/09/2020
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«
Arrivée au pouvoir en janvier 2001 après que le président Joseph Estrada, accusé
de corruption à la suite d’une succession de scandales d’enrichissement
personnel, eut démissionné, Gloria Macapagal Arroyo ne pouvait se prévaloir d’un
bilan encourageant.
La situation du pays restait incertaine et peu d’indicateurs
permettaient d’envisager un redressement durable.
Au plan économique, la croissance s’est maintenue, en 2003, à environ 4,5 %, un
taux honorable mais qui ne permet pas au marché du travail d’offrir des
débouchés à une main-d’ œuvre pléthorique et de moins en moins qualifiée (12 % de
chômage officiellement).
La qualité du secteur public se dégrade
(infrastructures, éducation, services de santé...) et le déficit budgétaire (202
milliards de pesos en 2003, soit 4,6 % du PIB) impose un programme d’autant plus
rigoureux que la dette publique reste élevée (110 % du PIB).
G.
Arroyo ne
disposait donc que d’une marge de man œuvre limitée pour redynamiser l’économie.
Enfin, 40 % de la population vit avec moins de 1,5 euro par jour.
Le secteur
privé parie toujours sur le court terme et des gains rapides en 2004, année
marquée par des échéances électorales multiples (présidentielle, législatives et
locales).
D’ailleurs, l’effritement du peso et la chute de la Bourse (ainsi que
la révision à la baisse de la notation des Philippines par l’agence de notation
Moody’s) illustrent les craintes concernant le plus long terme ; les Philippines
restent un partenaire économique à risque.
Ce risque est largement entretenu par l’inertie de la classe politique.
Les
réformes nécessaires (restructuration bancaire, réforme du système fiscal,
réforme du système judiciaire...) ont marqué le pas et la présidente Arroyo,
elle-même fille d’un ancien président, Diosdado Pangan Macapagal (1961-1965), et
membre d’une élite très conservatrice, ne parvient pas à contourner les
résistances particularistes des quelques clans bloquant à leur avantage toute
évolution.
Par ailleurs, certains membres de l’armée ont fomenté une mutinerie
pour tenter de renverser la présidente, en juillet 2003.
Autre facteur pénalisant, la dégradation de la situation sécuritaire entretenue
par deux foyers endémiques : d’une part, la guérilla séparatiste musulmane dans
les îles du Sud (Mindanão, Jolo, Sulu), qui n’a pas renoncé à ses revendications
en dépit de divers cessez-le-feu et pourparlers engagés en 2003 ; d’autre part,
la guérilla communiste, NPA (Nouvelle armée du peuple), qui a repris les armes,
indirectement ranimée par les mauvais résultats de l’administration Arroyo et la
propagation de la pauvreté.
Les négociations entamées en Norvège, en février
2004, avec les dirigeants de la NPA n’ont pas débouché sur un résultat
acceptable pour les deux parties.
Il n’était pas certain, par ailleurs, que le
spectre terroriste n’ait pas été entretenu à dessein, pour justifier, à la fois,
des pratiques politiques ne laissant pas d’espace à la négociation et une
présence américaine plus visible, qui accentue, d’une certaine façon, la
dépendance de l’ancienne colonie.
Car, en dépit d’un retour « fanfaronnant » des
États-Unis en 2002, qui annonçaient qu’ils neutraliseraient les mouvements de
guérilla en quelques mois, la situation est restée très tendue, suscitant
l’envoi régulier de GIs (un peu plus de 3 000 soldats sur place en 2004) et la
mise en place d’une aide militaire croissante.
Rien d’étonnant alors à ce que
les Philippines aient envoyé un contingent de soldats en Irak..
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