Philippines (2001-2002): Pauvreté, corruption et insurrections
Publié le 20/09/2020
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«
En dépit de la reprise de la croissance (+ 3,4 %) et d'une inflation de moins de
4 % en 2001, un nombre croissant de Philippins ne cessent de s'appauvrir.
Preuve
de ces carences économiques, le 4 novembre 2001 puis le 21 janvier 2002, 35
millions de personnes ont été privées d'électricité pendant plusieurs heures à
Luzon après la rupture de lignes à haute tension mal entretenues.
La production
industrielle a diminué (- 1,9 %), les investissements étrangers se sont
contractés (- 37 %), le chômage a augmenté, et la dette de l'État s'est envolée
(+ 50 % de 1998 à 2000, 57,1 % du PIB en 2001), alors que, selon les sources
officielles, 39,6 % des habitants vivaient déjà avec moins d'un dollar par jour.
En dépit d'un programme ambitieux de lutte contre la pauvreté, très peu a été
fait ; pire, on a observé une aggravation de la misère rurale, phénomène
accroissant le retard économique des Philippines vis-à-vis de ses voisins de
l'ANSEA (Association des nations du Sud-Est asiatique).
Criante dans les zones
musulmanes autonomes du sud de l'archipel (71 %), la misère alimente la
pérennité des rébellions identitaires et communistes.
Misant sur une progression durable des revenus, le gouvernement s'est engagé
dans une réduction des déficits budgétaires et une accélération des programmes
de privatisation.
Pour «gagner la guerre contre la pauvreté en dix ans», il lui
fallait également lutter contre la corruption.
Une tâche bien difficile à
l'heure où, faute de preuves, la Cour anticorruption a refusé à l'État le droit
de confisquer 600 millions de dollars appartenant à la famille de l'ancien
dictateur Ferdinand Marcos (1965-1986) et où l'ancien président de la République
Joseph Estrada («Erap»), incarcéré après avoir été accusé de s'être approprié 80
millions de dollars, demeurait populaire.
Bien que les rumeurs de coup d'État
aient recommencé à circuler, la présidente, Gloria Macapagal Arroyo, semblait
elle aussi satisfaire ses concitoyens, y compris les plus pauvres (57 %).
Pour
gouverner, elle pouvait s'appuyer sur sa victoire électorale lors des élections
législatives du 14 mai 2001, qui lui a donné un avantage de deux sièges au
Sénat, et une majorité, plus large, bien qu'hétéroclite, à la Chambre des
représentants.
Convaincue qu'il ne peut y avoir de développement économique durable et de
restauration de la règle de droit dans un pays fragilisé par le banditisme, le
terrorisme et les insurrections, l'administration Arroyo a doté la police et
l'armée de moyens budgétaires exceptionnels.
Il est vrai qu'à Manille on a
assisté à une recrudescence des enlèvements contre rançons de riches
sino-philippins mais également de ressortissants étrangers.
En province, si
l'accord de cessez-le-feu, signé le 22 juin 2001 à Tripoli, avec le Front
islamique moro de libération (MILF) puis celui portant sur ses modalités (Kuala
Lumpur, 7 août suivant) ont relancé le processus de paix, ils n'ont pas mis un
terme à la violence armée.
L'éviction, soutenue par le pouvoir central, de Nur
Misuari à la tête du Front moro de libération nationale (MNLF) et de la région
autonome du Mindañao musulman (ARMM) s'est conclue, en novembre 2001, par une
révolte meurtrière faisant plus de cent morts.
L'arrestation, le 24 avril 2002,
puis l'extradition par les autorités malaisiennes du dirigeant musulman
poursuivi par la justice n'ont pas mis fin aux tensions.
Avec le Front national
démocratique (communiste), les négociations étaient également dans l'impasse
depuis l'assassinat par les rebelles, en juin 2001, de deux membres du Congrès..
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