phèdre
Publié le 17/05/2020
Extrait du document
«
1 / 2 possible.
LÕchange nÕest dÕailleurs instaur que trs pro-
gressivement : la premire rplique de Thse sÕadresse
lui-mme, et sa colre nÕcoute pas la question dÕHippolyte,
elle nÕest quÕune parole lance contre son Þls, une imprca-
tion qui ne cherche que la puissance du verbe, ignorant la
parole de lÕautre ( la question dÕHippolyte, vers 1043,
Thse rpond par une autre question, indigne celle-l).
La preuve de la fonction strictement agressive de la parole
du pre est bien sr dans lÕadresse Neptune : celle-ci cor-
respond la recherche dÕune autre puissance, effective celle-
l, de mort.
Ç Je nÕai point implor ta puissance immortelle
[É ] Mes vÏux tÕont rserv pour de plus grands besoins È.
Elle dsigne Hippolyte par un dictique insultant (Ç ce
tratre È), exige et promet en retour.
CÕest l le point culmi-
nant de la recherche de puissance dans lÕimprcation.
LÕadresse au dieu manifeste ce que la colre a de terrible et
de surhumain.
¥Une dfense fragile.Par contraste, la premire raction
dÕHippolyte cette colre ne prsente aucune marque
dÕadresse, elle dcrit pour lui-mme son propre tat, sorte
de didascalie interne qui souligne lÕimpuissance verbale du
jeune homme devant ce qui lÕcrase.
Ce nÕest que lorsque
Thse lui donne le signe-tmoin qui, dit-il, lui a permis de
conclure sa culpabilit (le fer) et introduit par l la moda-
lit judiciaire du dialogue, quÕHippolyte commence se
dfendre.
Au Ç monstre Ède Thse, rpond alors le rejet de
Ç Seigneur È; aux impratifs (Ç Fuis È, Ç Prends garde È)
rpondent les demandes : ÇApprouvez È, Ç Examinez ma
vie È; si la tirade de Thse progressait par anaphores suc-
cessives, celle dÕHippolyte suit une logique plus argumenta-
tive, emprunte au genre judiciaire de la dfense avec ses
sous-entendu (trois vers), la demande dÕexamen de sa vie
(1090-1092), le lieu commun du crime prparant le crime
(1093-1100), le rappel de son pass (vers 1100-1110), lÕar-
gument de la rudesse (vers 1111-1113).
Les rpliques sui-
A
CTE IV SCéNE 2
49
pables, ni tout fait innocents È, pourrait-on dire en para-
phrasant la Prface qui cite elle-mme La Potique
dÕAristote.
Seule Aricie semble chapper pour le moment
ce principe dÕcriture des personnages.
A
CTE IV SCéNE
2
COMMENTAIRE COMPOSÉ
Cette scne marque un crescendodans la colre de Thse
et dans le pathtique.
Elle se caractrise en effet par la vio-
lence dÕun affrontement ingal qui pose trs tt, sur le plan
de lÕcriture dramatique, les lments du dnouement tra-
gique, tout en reprsentant un moment o les enjeux de la
parole thtrale se manifestent le plus clairement.
La maldiction du pre, ou le comble du pathtique.
¥Le dispositif singulier de la violence verbale.La scne se
dveloppe en trois temps principaux, prcds dÕun apart
de Thse qui confre dÕemble sa tonalit pathtique la
question du signe et de lÕerreur (vers 1035-1040).
Le pre-
mier temps voit clater la colre de Thse aux vers 1041-
1086, colre ponctue par lÕanaphore Ç Fuis Èet culminant
dans lÕapostrophe Neptune, qui sÕadresse lÕimprcation
du pre contre le Þls.
Hippolyte tente ensuite de se dfendre
aux vers 1087-1138, et avoue son pre son amour pour
Aricie.
Le dialogue sÕachve aux vers 1139-1156 dans la
division, partag entre fureur (Thse) et plainte
(Hippolyte).
Ce qui frappe dans cette composition en trois temps, cÕest
la manire dont la parole est lÕinstrument de la violence.
La
colre de Thse apparat dÕemble au point le plus haut et
se nourrit des insultes adresses Hippolyte (Ç perÞde È,
Ç tratre È, Ç monstre È, etc.), sans que nul dialogue ne soit
ANALYSE DE L’ŒUVRE
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2 / 2.
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