Peut on vraiment se connaitre soi-même ?
Publié le 01/04/2023
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«
Sujet: “Peut-on vraiment se connaître soi-même ?”
“Connais-toi toi-même”.
Voilà la sentence qui, d’après Socrate, définit la conquête du
bonheur selon le sage, par son effort de conscience.
Cette expression célèbre d’origine
religieuse, à tort attribuée entièrement à Socrate, apposée sur le fronton du temple de la
pythie de Delphes, appelle à la prise de conscience de ses propres limites, un rappel à
l'ordre en soi.
Ainsi, être “Soi-même” illustrerait donc une perception au-delà des
occultations intentionnelles ou consciente, qui est fondamentalement liée de manière
conforme à la vérité, sans rien dissimuler, sans chercher à mentir.
“Vraiment” se connaître
signifie ainsi de la manière la plus profonde, la plus authentique, au-delà des apparences.
Il
est donc nécessaire de se demander, peut-on vraiment se connaître soi-même ? En d'autres
mots, sommes-nous véritablement identiques à ce que l’on connaît de soi ?
Pour traiter cette question, nous établirons que la conscience de soi rend possible la
connaissance de soi.
Il s'agira ensuite de montrer que notre conscience se heurte à
l’inconscient.
Enfin, nous verrons comment l’étude de soi ne garantit pas une véritable
connaissance de sa personne.
Entre l'infiniment grand dont Einstein a donné une explication (avec la relativité
générale de l'espace/temps) et l'infiniment petit que nous a ouvert la mécanique quantique,
nous sommes dans un corps vivant.
La question que nous pouvons nous poser est :
sommes-nous dans ce corps ou ne sommes-nous que ce corps? Sommes-nous une
conscience extérieure à ce cerveau avec lequel nous pensons, ou seulement un ensemble
de fonctions cérébrales qui élabore des pensées ? On pourrait répondre à ces
questionnement le fameux cogito “je pense donc je suis”, qui met en évidence que la
conscience de soi rend possible la connaissance de soi.
Se connaître au-delà des
apparences est donc concevoir les tendances et causes cachées de notre personne, à la
fois physiologiques, génétiques et psychologiques.
“Soi-même” pourrait en conséquent être
associé à une identité unique, qui reste la même tout au long de notre vie.
Ainsi, en se
prenant soi-même comme objet de connaissance, on parvient à se connaître, à connaître sa
nature.
Cependant, le mathématicien René Descartes dans les Méditations métaphysiques
(1641), a démontré que, pour réaliser cette connaissance de soi, il démobilise d’abord la
conscience immédiate (extérieure) en doutant de toutes les connaissances sensibles que
nous apportent les sens, avec le célèbre exemple du morceau de cire (issu de la deuxième
Méditation dont le sous-titre est "De la nature de l'esprit humain ; et qu'il est plus aisé à
connaître que le corps").
A travers lui, Descartes montre qu'une même matière peut faire
l'objet de différentes sensations lorsqu'elle subit une modification.
Au cours de cette
expérience, il fait chauffer de la cire d'abeilles, qui n'est pas choisie par hasard : elle change
radicalement d'aspect lorsqu'elle fond.
Toutes les informations que nous transmettaient les
sens sur les qualités du morceau de cire ont changé.
Pourtant, le morceau de cire chaud
reste le même morceau que celui qui était froid.
D'où la question que se pose Descartes :
"qu'est-ce donc que l'on connaissait en ce morceau de cire avec tant de distinction ?".
Il faut
d'emblée rejeter l'idée que ce seraient les sens qui nous renseigneraient sur cette identité du
morceau de cire : en effet, le goût, l'odorat, la vue, le toucher et l'ouïe ont tous changé.
Si
l'on examine ensuite le morceau de cire en faisant abstraction de toutes ses qualités
contradictoires, que reste-t-il ? Pour Descartes, l'esprit est plus aisé à connaître que le
morceau de cire car l'esprit est une présence immédiate à soi.
C’est par le biais de cette
expérience que nous pouvons donc expliquer rationnellement pourquoi, bien que l’esprit
puisse être un phénomène de part en part matériel, il finisse par prétendre avoir un corps et
non pas s’y réduire.
La compréhension de soi-même dépend donc de la connaissance de
nos qualités inaltérables.
Dans cette première partie, nous avons pu illustrer que la pensée n'a toujours affaire
qu'à elle-même.
Mais il suffirait donc que je m'observe moi-même pour pouvoir m'analyser et
me comprendre.
Cependant, il semblerait alors qu’une certaine transparence est nécessaire
à la connaissance de soi.
Cette transparence est-elle en réalité accessible ?
“C’est précisément à se connaître soi-même que consiste la sagesse” affirme Critias,
dans Charmide de Platon.
Être sage, c'est avoir justement conscience que l'on est toujours
plus ignorant qu'on ne le croit.
Nietzsche nous disait que très rares sont ainsi ceux qui
parviennent à se connaître eux-mêmes, la plupart des hommes ne le cherchent même pas,
ce pourquoi « la sentence “connais-toi toi-même !” proférée par un dieu et adressée à des
hommes, est presque une méchanceté » (Le Gai Savoir, 1882).
Se connaître soi-même
c’est donc aussi dépasser les limites du “moi” conscient.
Or, nous ne pouvons affirmer que
l’homme est absolument transparent à lui-même.
C’est l’hypothèse que formule Nietzsche
dans Par-delà le bien et le mal, lorsqu’il constate : « Une pensée ne vient que quand elle
veut, et non pas quand moi je le veux ».
Cette prétendue transparence est remise en doute
par la psychanalyse freudienne.
En effet, nous croyons spontanément être maîtres de nos
pensées, mais qu’est ce qui nous en assure ? La vie psychique se réduit-elle à ce dont nous
avons conscience ? Pour le psychanalyste, l’homme est opaque à lui-même, il n’a pas
totalement accès à toute sa vie psychique, il est en partie obscur à lui-même.
En ce sens,
Freud théorise l’inconscient.
Il soutient que l’homme n’a accès qu’une toute petite partie de
son être ; seule une petite zone de lui est éclairée par la lumière de sa conscience.
L'essentiel de notre vie (de notre être) nous est donc, selon Freud, inconscient, inconnu.
Si
la connaissance est la saisie d’un phénomène par une conscience et que l’inconscient est
ce qui se dérobe à celle-ci, il semble donc impossible, voire contradictoire, d’accéder à une
connaissance de l’inconscient.
C’est notamment par sa théorie sur les rêves que Freud
illustre cette fameuse partie d’ombre.
Nous rêvons alors que notre conscience est en
sommeil.
Ces phénomènes sont étrangers à nous et à notre....
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