Peut-on vivre en société sans État ? (dissertation)
Publié le 14/06/2024
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«
Peut-on vivre en société sans État ?
L’État exerce une autorité qui contraint notre liberté d’action dans le but d’organiser la vie des hommes en société.
Pourrait-on se passer d’une telle autorité ? Est-ce la nature violente et belliqueuse des hommes qui rendrait nécessaire
l’instauration de l’État ?
I) Penser une société sans État
➔ Des lois imparfaites
L’opinion commune déplore en de nombreuses occasions l’exercice du pouvoir de l’État.
Les lois, au moyen desquelles l’État
impose les règles de fonctionnement de la société, seraient toujours imparfaites voire injustes; surtout lorsqu’elles
exigeraient de nous ce que nous n’avons pas nécessairement envie de faire.
Mais cette critique naïve de l’autorité étatique ne peut suffire à fonder une remise en cause profonde de l’État, car elle est
d’abord guidée par un intérêt particulier ≠ bien commun.
➔ La critique anarchiste
rejet toute autorité.
Ce sont les penseurs anarchistes qui ont formulé la critique la plus radicale de l’État.
Pour Proudhon par exemple, l’autorité
de l’État est par nature illégitime, dans la mesure où les hommes sont spontanément capables de vivre en paix et en
harmonie.
Autrement dit, rien ne peut justifier qu’une autorité supérieure nous impose des règles de vie en société.
Il ne nous
resterait donc qu’à nous débarrasser de l’État.
La société anarchiste n’a ainsi rien d’un chaos social : elle serait « le plus haut
degré d’ordre et de liberté auquel l’humanité puisse parvenir.»
II) L’État, rempart contre la violence
Peut-on se satisfaire de cette représentation de la nature humaine ? Pourquoi paraît-il si difficile de se passer de l’autorité de
l’État ?
➔ À l’état de nature, les hommes vivent dans la crainte et la violence
Hobbes, dans le Léviathan, conceptualise la situation qui précède l’instauration de l’État : on parle d’état de nature.
Les
hommes y vivent sans lois et dans une égalité parfaite : chacun jouit du même droit à disposer de toute chose.
N.B: L’état de nature=expérience de pensée qui n’a pas de valeur ni de réalité historique : inutile d’en parler au passé ! Sa
fonction est heuristique : il nous permet de réfléchir à ce que doit être le rôle de l’État.
Résultat:guerre perpétuelle pour posséder le plus de biens possible.
Etat peu désirable : les hommes emploient en effet leur
temps à se protéger et à protéger leurs biens dans la crainte d’une mort violente.
Ils sont donc conduits à s’unir par un pacte
qui les prémunira de la violence d’autrui.
➔ Le rôle de l’État serait donc d’assurer la sécurité des citoyens
Pour éviter de se nuire les uns aux autres, les hommes délèguent leur droit naturel et leur puissance d’agir à une autorité
supérieure.
Seule cette puissance souveraine pourra se montrer violente, en vue d’assurer la sécurité de tous.
De fait, le
Souverain n’aliène son droit naturel à personne : il subsiste en dehors du contrat.
L’institution de l’État repose donc sur un
acte de soumission.
Pour Hobbes, le passage de l’état de nature à l’état civil, grâce à la mise en place d’un État, permet donc
aux hommes de se libérer de leurs penchants belliqueux pour vivre en paix.
Dans l’état civil, ce n’est pas la possession du
plus grand nombre de biens qui fait le bonheur des hommes, mais la tranquillité d’une vie réglée par des lois et par la crainte
de la sanction que ces lois inspirent.
L’État fait-il obstacle à ma liberté ?
Parce qu’il dispose du droit d’imposer la loi, l’État apparaît généralement comme une force contraignante et parfois
liberticide.
Mais les lois ne nous aident-elles pas aussi à être libres ?
I) L’État juste fonde et protège la liberté du citoyen
➔ L’État peut faire obstacle à ma liberté s’il a pour seule finalité la sécurité.
Dans Du contrat social, Rousseau montre que l’État ne peut pas se contenter d’assurer la protection des citoyens : «On vit
tranquille aussi dans les cachots; en est-ce assez pour s’y trouver bien ? » La thèse défendue par Rousseau repose sur la
possible conciliation de l’autorité de l’État et de la liberté du citoyen.
Le but de l’institution de l’État = fondation et la
préservation de la liberté des citoyens : autrement, nous perdrions ce qui est au cœur de notre humanité.
«Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme » (Rousseau, Du contrat social).
II) L’idéal démocratique permet l’affirmation d’une liberté civile
➔ Les conditions d’institution de la démocratie
Pour Rousseau, les hommes doivent s’associer les uns aux autres avant de se soumettre à une autorité politique.
En
s’unissant, ils forment le peuple de la démocratie.
Autrement dit, chaque citoyen est à la fois sujet et souverain : il participe
aux décisions politiques et ces décisions s’appliquent aussi à lui.
N.B: démocratie = du grec ancien demos (« le peuple ») et
cratos (« le pouvoir »).
FAUT distinguer la démocratie directe, où tous les citoyens prennent part à l’élaboration des lois, de la
démocratie indirecte, qui implique l’élection de représentants.
Avec un tel pacte, les hommes échangent leur liberté
naturelle contre une liberté civile garantie par les institutions : nul ne peut les priver de leurs droits sans subir la contrainte
du corps politique tout entier.
➔ La volonté générale comme expression libre de la volonté du peuple
Mais comment la liberté individuelle peut-elle se satisfaire des décisions du peuple ?
En réalité, lorsqu’ils votent les lois, les citoyens doivent se placer du point de vue de l’ensemble du corps social : c’est ce que
Rousseau appelle la volonté générale.
Autrement dit, lorsque nous nous soumettons aux lois, nous le faisons parce que nous
comprenons qu’elles défendent l’intérêt de la société entière.
ex: impôts, le citoyen sait qu’il permet le fonctionnement des
institutions + des services publics.
Ainsi, la loi n’est plus une contrainte mais une obligation, une règle que le citoyen se
donne à lui-même.
III) Les dérives de la démocratie
Dans l’entre-deux-guerres émergent des systèmes politiques totalitaires.
Or ces régimes se sont développés au sein du cadre
démocratique, en s’appuyant notamment sur des victoires électorales.
Comment les citoyens en viennent-ils à se déposséder
eux-mêmes de leur liberté ? D’après Arendt, le totalitarisme n’est pas tant une exacerbation du pouvoir étatique que le signe
d’un dépérissement du corps politique.
La naissance d’une société de masse, l’isolement des citoyens et l’absence de débat
public ont permis la naissance de ces organisations politiques totales.
Pour que la démocratie permette vraiment à chaque
citoyen d’exprimer sa liberté, les citoyens doivent utiliser le système démocratique pour participer activement à la vie
politique et discuter des valeurs et des règles de la société.
L’État peut-il faire le bonheur des citoyens ?
L’action publique est-elle étrangère à la sphère privée ? Le bonheur a-t-il une dimension politique ?
I) L’autorité de l’État peut entraver le bonheur des citoyens
Quand le citoyen défend des intérêts particuliers et non le bien du peuple, l’État devient un obstacle au bonheur.
Plus
précisément, il fait alors le bonheur des uns au détriment de celui des autres.
Pour Engels, l’État est l’instrument par lequel
les classes bourgeoises dominantes policent et répriment les classes ouvrières pour les mettre au service de leur propre
bonheur.
Dans cette perspective,....
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