Peut-on tout attendre de l’Etat ?
Publié le 20/05/2024
Extrait du document
«
D’après Aristote, l’homme est un «animal politique» qui a montré qu’il ne pouvait vivre
ailleurs qu’en société, dans la cité, la « polis» en grec où autrui tient une place primordiale.
Cette vision ancienne de la nature humaine souligne l'importance de la vie en communauté
et de la nécessité de règles pour réguler les interactions entre individus.
C’est au sein de
cette même société que se met en place une politique, la politique se définissant comme
étant l’art de gouverner, tel un gouvernail au sens étymologique du terme, dirigeant son
navire.
D’ores et déjà, l’homme se définit par son caractère social, vivant dans cet espace
codifié que l’on nomme «Etat ».
l'État émerge ainsi comme l'ensemble des institutions
politiques, juridiques et administratives régissant une communauté sur un territoire donné.
L'État moderne tel que nous le connaissons aujourd'hui a pris forme au cours du XVIIe
siècle et s'est consolidé avec des événements tels que la Révolution française, qui a affirmé
le rôle de l'État français en tant qu'entité administrative, judiciaire et politique unifiée.
Ainsi,
l'État représente la forme organisée que les sociétés modernes ont adoptée pour faire face
aux défis de l'histoire.
Cependant, les attentes envers l'État varient selon les sociétés et les
époques.
Si les populations consentent à vivre ensemble sous l'autorité de l'État, elles
attendent en retour que celui-ci assure leur protection, leur sécurité, leur accès à la justice et
à la défense nationale, ce que l'on appelle les fonctions régaliennes de l'État.
Ces attentes
ont évolué au fil du temps, notamment au XXe siècle, où l'intervention de l'État s'est
considérablement accrue, en particulier après les deux guerres mondiales, où les États ont
été confrontés à la nécessité de réparer les dégâts causés par les conflits.
Ainsi, la question de central se pose : Faut-il tout attendre de l'Etat ? Faut-il placer une
confiance absolue en l’état en attendant tout de lui ? autrement dit si tous les domaines de la
vie tant individuelle que collective , qu'elle soit sociale, politique, économique, culturelle ou
religieuse, doivent être régis par le pouvoir en place.
Tout attendre de quelqu’un ou de
quelque chose, c’est rester totalement passif à l’égard de cette instance et lui demander de
nous prendre en charge.
Or, l’Etat désigne l’ensemble des institutions politiques, juridiques
et judiciaires qui ont pour fonction de réguler la vie au sein d’une nation.
Dans ce sens, il
paraît difficile de dire qu’on doit tout en attendre.
Cette expression exprime en effet une
injonction qui serait faite au citoyen lui demandant de rester totalement passif face à l’Etat
dont il est le sujet.
Alors, le citoyen ne ferait que subir un pouvoir sur lequel il ne pourrait
lui-même exercer aucun contrôle, aucun pouvoir en retour.
Dans cette configuration, l’Etat
ne risque-t-il pas de remettre en question les libertés et les droits fondamentaux qui doivent
être accordés aux citoyens en tant qu’Hommes ? Ou encore, au risque de conduire à une
passivité des individus face à cette attente excessive ou un abus de pouvoir de l’Etat, ne
faut-il pas plutôt minimiser toute attente voir ne rien en attendre ? Ces questions soulève
des débats profonds sur la nature et les limites même de l’Etat.
Pour y répondre nous allons d’abord aborder l’Etat de nature avant de voir les hommes
doivent tout attendre de l’Etat : c’est là une nécessité qui s’impose à eux car il conditionne
leur survie.
Ensuite évoqué les limites de cette perspective qui justifierait que l'on pourrait
légitimement de ne pas tout attendre de l'État puis enfin proposé une autre approche
d’équilibre en évoquant ce qu'il convient raisonnablement d'attendre de l'État.
Tout d’abord, Le modèle d'une société sans État Le modèle d'une société sans État est le
modèle idéal dans la la position anarchiste défend ainsi l'idée que la réalisation de l'individu
ne peu se faire qu'en dehors de l'Etat, à savoir dans une communauté autonome.
Le modèle
communiste de Marx pose également que l'État n'est qu'un instrument d'oppression destiné
à disparaître.
Pourtant, la réalité humaine est telle que l'Etat semble être, malgré tout,
nécessaire.
En effet, les individus sont intrinsèquement enclins à la violence, à l'égoïsme et
au conflit.
Cette conception, largement explorée par des philosophes comme Thomas
Hobbes, postule que, dans un état de nature, les hommes sont en concurrence constante
pour les ressources limitées, Dans un environnement où les biens et les opportunités sont
rares, les individus sont incités à maximiser leurs propres avantages pour survivre et
prospérer.
les individus sont naturellement enclins à rechercher leur propre avantage, même
au détriment des autres.
De même dans les relations sociales.
Les individus sont souvent
motivés par le désir d'obtenir reconnaissance, pouvoir ou richesse, ce qui peut conduire à
des comportements opportunistes et manipulatifs.
La recherche de prestige et de statut
social peut engendrer des dynamiques compétitives et conflictuelles, où les autres sont vus
comme des obstacles ou des moyens pour parvenir à ses propres fins.
Compte tenu de la
nature de l'homme dominée par les passions, il semble évident que cette situation ne peut
être que celle d'un conflit permanent et généralisé, l'état de nature est un état de guerre dont
les conséquences sont déplorables et catastrophiques où la vie est « solitaire, pauvre, triste,
brutale et courte », selon les mots de Hobbes.
Face à la nature égoïste et conflictuelle de l'être humain, une autorité centrale est donc
indispensable pour maintenir l'ordre et assurer la protection des individus.
On trouve cette
conception notamment chez Hobbes, Locke et Rousseau, qui soutiennent que les individus
consentent à céder une partie de leurs libertés en échange de la sécurité et de la protection
offertes par l'État.
En effet, face à cette réalité, Hobbes avance une vision absolutiste selon
laquelle l'État, fort et omniprésent , sous forme d'un souverain absolu, est nécessaire pour
mettre fin au chaos et instaurer l'ordre social.
Selon lui, les individus doivent renoncer à une
partie de leur liberté en consentant à céder leur pouvoir à une autorité centrale, capable de
garantir la sécurité et de prévenir les conflits.
En contrepartie de leur soumission à ses lois,
l'État doit protéger les individus et, pour cela, exercer une fonction d'arbitrage dans les
différends qui peuvent survenir.
Ainsi, l'État apparaît comme un rempart indispensable contre le chaos et l'anarchie.
Perçu
comme le gardien ultime de la sécurité et de la stabilité sociales, Il détient le monopole de la
violence légitime, lui permettant d'assurer l'ordre public et de prévenir les actes de violence
et de délinquance.
En exerçant son autorité à travers des institutions telles que la police et
l'armée, l'État garantit un environnement sécurisé pour la vie en communauté.En établissant
un cadre juridique et des normes sociales, l'État définit les règles du jeu et assure le
fonctionnement harmonieux de la société.
Il intervient dans la résolution des conflits et
protège les droits des citoyens.Il permet de fournir des biens et des services publics
essentiels à la population.
De la santé à l'éducation en passant par les infrastructures et les
services sociaux, l'État est souvent le principal pourvoyeur de ces biens, garantissant ainsi
l'accès équitable à des conditions de vie décentes pour tous les citoyens.
Ce modèle étatique doté d'un pouvoir illimité, est chargé de régir tous les aspects de la
société, y compris la sphère religieuse, où il peut instaurer une religion d'État.
Les
divergences religieuses au sein d'un même État ont souvent débouché, au fil des siècles,
sur des conflits, voire des guerres.
En étant au-dessus des membres de la société, les
décisions de l'État prévalent sur toutes les autres, ce qui lui permet, sinon d'éviter
systématiquement les conflits, du moins d'y mettre un terme lorsque nécessaire.
Ainsi, dans la vision absolutiste de Hobbes, l'État devient central par rapport à l'individu en
devenant le garant ultime de sa sécurité et de sa survie.
En concentrant le pouvoir entre ses
mains, en orchestrant l’ensemble des domaines sociaux, il est le seul moyen viable pour
garantir la cohésion du groupe ( vers des fins collectivement bénéfiques ).
Et cette
conception de la nature humaine comme fondamentalement corrompue justifie donc l'attente
totale envers l'État.
Il est impératif de reconnaître que nous devons nous en remettre à cet
État et attendre de lui une réponse à nos attentes.
Dès lors, l'homme devient un être passif se remettant entièrement à l'Etat.
Cependant, peut on aller plus loin et attendre qu'il garantisse aussi notre bonheur et notre
bien-être ?
La société dans laquelle nous vivons à tendance à prôner le bonheur avant toute chose,
mais devons-nous accuser l'Etat si nous ne sommes pas heureux ? - Le problème de
l'homme est que son bonheur sera toujours un but vers lequel tendre, éphémère et jamais
absolu et qui diffère selon les individus.
En effet, le bonheur de chacun réside dans des choses différentes.
On ne peut donc pas
attendre de l'Etat qu'il garantisse le bonheur de chacun alors qu'il prend des décisions pour
tous et que les définitions du bonheur peuvent parfois être opposées selon les individus.
C’est le cas avec Kant qui condamne toute intervention....
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