Peut-on être objectif?
Publié le 06/07/2020
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« Pour terminer, je voudrais dire quelques mots d'un sujet classique : les relations entre la science et la politique, entre les jugements de fait et les jugements de valeurs, entre l'Université où les bruits du dehors sont censés ne pas parvenir, et le reste de la société. Sur le plan scientifique, ce qui me paraît essentiel c'est l'effort pour comprendre ou, si l'on a des passions, l'effort pour les sublimer. [...] La volonté de comprendre n'implique pas le refus de juger. Au bout du compte il est impossible d'interpréter les phénomènes artistiques ou même politiques sans porter sur eux des jugements. Si, par exemple, on étudie les Aztèques, ce serait faire preuve d'un purisme inutile de se refuser à dire que telles de leurs moeurs sont cruelles. De même, il n'y a aucune raison de s'abstenir de porter des jugements sur nombre de phénomènes contemporains. Le chômage des sociétés capitalistes est cruel. Les camps de concentration sont des institutions cruelles. Ce qui est essentiel, c'est de comprendre que la science ne peut jamais indiquer quelles doivent être les décisions politiques, parce que chacune comporte un coût. A partir du moment où l'on se demande s'il convient de sacrifier celui-ci ou celui-là, ou encore tant de personnes à tant d'autres personnes, on sort de la science. C'est en ce sens que Max Weber avait raison de dire qu'il y a une différence de nature entre des décisions politiques qui comportent un engagement au-delà de la science, et la science elle-même. [...] II. Le vrai danger c'est que les sociologues sont toujours partiels, ils étudient une partie de la réalité en prétendant étudier le tout. Ils ont tendance à remarquer surtout les beaux côtés des sociétés qu'ils préfèrent et les côtés sombres des sociétés auxquelles ne vont pas leurs sympathies. Le sociologue devient politique, même sans le vouloir, non pas en exprimant de temps en temps un jugement de valeur après tout vous êtes libres d'en faire autant mais en se laissant aller au péché majeur du politicien, et hélas aussi du savant, qui est de ne voir que ce que l'on a envie de voir. Il est facile de jurer ses grands dieux que l'on ne fera ni politique, ni propagande. Le professeur n'est pas un être désincarné. Il a beau dire qu'il a certaine activité au-dehors, dont vous ignorez tout, et une certaine activité ici qui vous regarde seule, ces deux activités coexistent plus ou moins imparfaitement, dans la même personne. Ce serait à la fois insincérité et prétention d'affirmer qu'il n'y a pas de communications entre ces activités. Comment conclure? Le vrai danger, c'est la partialité non reconnue. J'aurais tendance à croire, mais peut-être je plaide pour moi-même, que plus l'équation personnelle du professeur est connue, moins le danger de partialité est grand. Il est une deuxième réponse : le dialogue. Il n'y a pas un seul professeur dans une université, il y en a plusieurs, et, Dieu merci, ils ne sont pas d'accord. Il y a aussi dialogue entre les étudiants et les professeurs. [...] ...»
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Peut-on
être objectif?
I.
Pou r te rmin er, j e voud rais dire qu elqu es mots d'un sujet classique : les
re lations ent re la scienc e e t la politiqu e, entr e le s jugements de fait et l es
jug em ents de val eu rs, entr e l'Unive rsité où les bruits du dehors sont censés
ne pas parvenir, et l e re ste de la société.
Sur le plan sci entifiqu e, c e qui me paraît essentiel c' est l'effort pour
comp rend re ou, si l'on a des passions, l'effort pour le s sublim er.
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La volonté de compr endr e n'impliqu e pas le refus de jug er.
Au bout
du compt e il est impossible d'interp réter.
les phénomèn es artistiqu es ou
même politiqu es sans porter sur eux des jugements.
Si, par ex emple, on
étudie les Aztèques, ce serait faire preuve d'un purisme inutil e de se refuser
à dire que te lles de leurs mœurs sont cruelles.
De mêm e, il n'y a aucune
r aison de s'abst enir de porte r d es jug em ents sur nomb re d e phénomènes
cont emporains.
Le chômage des sociétés capitalistes est cruel.
Les camps
d e concentration sont des institutions cruelles.
Ce qui est essentiel, c'est
de comprendre que la science ne peut jamais indiquer quelles doivent
êtr e le s décisions politiques, parce que chacune comporte un coût.
A partir
du moment où l'on se demande s'il convient de sacrifier celui-ci ou celui-là,.
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