Peut-on douter de tout ? (corrigé pdf)
Publié le 29/05/2022
Extrait du document
«
Peut-on douter de tout ?
Se demander si on peut douter de tout revient à déterminer si nous pouvons remettre en
question l'ensemble, la totalité de nos convictions, de nos croyances et de nos idées.
Au premier
regard, il semble que nous ne pouvons pas douter de tout.
Beaucoup de choses sont démontrées,
prouvées et ne sont remises en question par personne.
En effet, une affirmation telle que « 1+1=2 »
est évidente et est prouvée par des démonstrations mathématiques.
De plus, aucun scientifique ne
remet ceci en question ; il semblerait donc irrationnel d'en douter.
Cependant, au vu du nombre
d'erreurs faites par la science au cours du temps, ne serait-il pas risqué de ne nous fier qu'à des
démonstrations ou à des preuves scientifiques ? Sans aller jusqu'à mentionner la science, beaucoup
de fois, nous pouvons être trompés par nos propres sens à cause de maladies, de déficiences telles
que le daltonisme, les acouphènes, les hallucinations, la perte du goût, etc.
Dès lors, si nous
pouvons être trompés même par nos propres sens, ne pouvons-nous pas nous demander si nous
pouvons douter de tout ? Afin de répondre à ce sujet, nous pouvons commencer par déterminer sur
quoi l'homme se repose et comment fait-il pour parvenir à accéder à des certitudes.
En admettant
qu'il y ait un moyen de parvenir à des certitudes, il nous faudra alors déterminer si ces certitudes ne
pourraient pas différer en fonction de la différente perception de la réalité des individus.
Même si tel
est le cas, il nous faudra tout de même reconnaître que l'homme ne peut pas douter de tout.
Notre but étant de déterminer si nous pouvons douter de tout, nous pouvons commencer par
déterminer sur quoi l'homme se repose et comment il fait pour parvenir à accéder à des certitudes.
Le seul moyen d'accéder à des certitudes est de partir de choses très simples et dont personne ne
peut douter, comme par exemple, de définitions.
« Un carré a des angles » : personne ne peut douter
de cette phrase.
Avec ces certitudes, universelles, nous pouvons faire des démonstrations, puis des
déductions, qui nous mènent alors à d'autres certitudes.
C'est ce que soutient Descartes dans son
œuvre Règles pour la direction de l'esprit, où il écrit que nous pouvons accéder à la vérité, à la
certitude, par le biais de démonstrations, en commençant notre raisonnement à l'aide d'intuitions.
L'intuition, selon Descartes, est la conception d'un esprit pur et attentif, c'est-à-dire, d'un esprit qui
perçoit parfaitement le monde qui l'entoure.
Cet esprit ne doit alors avoir aucune anomalie, aucune
déficience qui modifie sa perception des choses et du monde, comme par exemple le daltonisme,
qui modifierait sa vue, ou des acouphènes, qui modifieraient sa perception du son.
Et sa conception
doit être si simple, si évidente, que personne ne doit pouvoir douter de celle-ci.
Ces intuitions, qui
sont donc des certitudes universelles, permettent ensuite de faire des déductions, qui seront alors
elles-même d'autres certitudes.
Nous avons vu que, grâce à l'intuition et à la déduction nous pouvons accéder à des certitudes
universelles, ce qui ne laisse donc pas la place au doute.
Cependant, existe-il réellement des
personnes ayant un esprit totalement pur et attentif capable de concevoir des choses simples et
distinctes qui ne permettent pas le doute, sans être influencées par des déficiences de leur sens ?
Nous allons à présent déterminer si de telles intuitions peuvent réellement exister.
Les
postulats de bases, qui sont incontestables, sûrs, qui nous servent à faire des démonstrations et à
accéder à d'autres certitudes, peuvent être faux pour la raison que la perception de la réalité peut
différer d'un individu à l'autre.
Par exemple, un individu souffrant de dysgueusie (trouble de notre
sens du goût) trouvera peut-être qu'une banane est acide, alors qu'un individu n'en souffrant pas la
trouvera sucrée.
De même, un individu souffrant de daltonisme verra peut-être un feu rouge, alors
qu'un individu n'en souffrant pas le verra vert.
C'est ce que soutient Protagoras, dans l'œuvre
Théététe, en affirmant qu'une certitude universelle n'existe pas car tout dépend de la manière dont
l'individu ressent l'élément en question.
Nous avons vu qu'il est en réalité impossible d'accéder à des certitudes universelles car tout individu.
»
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