Peut-on critiquer la morale? (corrigé)
Publié le 03/01/2022
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1 / 2 Peut-on critiquer la morale ? (corrigé)
Introduction :
1) accroche
Il existe des conflits moraux, particulièrement visibles dans le cas des
dilemmes.
Faut-il dire la vérité, quelles que soient les circonstances ? Est-il
légitime de voler, si c’est pour nourrir sa famille, faute d’autre solution ? La
torture peut-elle être autorisée, voire requise, dans certains cas particuliers (faire
parler un terroriste, pour éviter l’explosion d’une bombe cachée dans une ville) ?
Des questions contemporaines comme la restriction du droit à l’avortement en
Pologne, ou le traitement des migrants en Europe, font régulièrement la une des
journaux.
Dans tous ces cas, il est question de morale, et de désaccords au sujet de
la morale, ie de critique 1
de la morale.
Variante : l’expression « faire la morale » est souvent prise de façon
péjorative, comme si rappeler des règles morales ou reprocher un écart à la morale
était perçu comme arrogant ou hypocrite.
Est-ce à dire qu’il faudrait critiquer la
morale 2
?
2) définitions
Etymologiquement, le mot « morale » vient du latin « moralis » et désigne ce
qui est relatif aux mœurs, ie aux habitudes ou aux coutumes.
A ce titre, morale et
mœurs sont associées.
Au-delà de l’étymologie, on remarque que la notion de
morale ne se rapporte pas seulement aux coutumes ou aux habitudes, mais à ce qui
permet de les juger.
On définira alors la morale, ou une morale, comme un
ensemble de valeurs qui sert de règle pour les actions, mais aussi de jugement dans
l’action.
Autrement dit, nos manières de vivre, voire de penser, sont réglées en
fonction de certaines valeurs.
Dans cette perspective, on comprend ce que signifie
l’expression « critiquer la morale » : il s’agit de se réclamer de certaines valeurs
contre d’autres, et ainsi d’instruire le procès de valeurs jugées insuffisantes.
Critiquer la morale, ce serait donc critiquer une morale, au nom d’une morale
jugée supérieure.
Ce serait critiquer des valeurs dont on se méfie, au nom de
valeurs jugées préférables.
Car critiquer, c’est en effet à la fois faire preuve de
1 J’introduis les mots du sujet : « morale », et « critique »
2 idem discernement (étymologiquement, c’est trier), et identifier des insuffisances, et
mettre à bas ce qui est semble élevé.
3) problématique
La question de la critique de la morale pose donc deux questions : l’une sur la
possibilité d’un partage des valeurs, l’auteur sur le critère de ce partage.
La première question s’énonce ainsi : peut-on faire le partage entre des valeurs
morales véritables, et des valeurs morales usurpées ? Est-on réellement capable
d’arbitrer entre différentes valeurs morales ?
La 2 nd
question s’énonce ainsi : au nom de quoi opérer cette critique ou ce
partage ?
On comprend le risque d’une critique de la morale : critiquer la morale, c’est se
placer dans la position de celui qui connaît le vrai et le bien, et qui est ainsi en
mesure de faire la leçon, voire de faire la morale, à autrui.
Une telle position n’est-
elle un signe d’arrogance ?
L’enjeu touche ainsi à notre capacité de discernement : sommes-nous lucides
quand nous critiquons la morale, ou sommes-nous aveuglés en prétendant séparer
le bon grain de l’ivraie 3
?
4) plan
Dans un premier temps, nous examinerons dans quelle mesure une morale, en
dépit de ses intentions affichées, peut être hypocrite et scandaleuse.
Pour mettre en
lumière cet écart entre la prétention de la morale et sa réalité, on s’appuiera sur la
critique pascalienne de la morale des jésuites, critique exposée dans les
Provinciales .
Dans un deuxième temps, on examinera en quoi certaines valeurs peuvent être
dites supérieures à d’autres, en prenant le critère de la nature.
On montrera que s’il
existe des morales qui ne sont qu’un masque du désir de vengeance, il existe
néanmoins des valeurs véritables.
Nous suivrons les analyses de Nietzsche dans la
Généalogie de la morale .
Dans un troisième temps, on soutiendra que la morale peut être critiquée non car
elle est hypocrite, non plus car elle sert d’alibi à la vengeance, mais plutôt car elle
3 Expression proverbiale renvoyant à une parabole du Christ.
2 / 2.
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