Pétrarque

« Pétrarque est né en 1304 à Arezzo.

Il est mort à soixante-dix ans dans sa bibliothèque, penché sur unmanuscrit d'Homère, le 18 juillet 1374 à Arque, près de Padoue.

Ces vers “ Je vole vers le ciel et je gis surla terre, et sans étreindre rien, j'embrasse le monde entier.

Je me repaît de douleur et je ris de mes larmes; il me déplaît également de vivre et de périr.

” sont le seul récit de la vie du poète qui convienne.Qu'importe que Pétrarque ait été diplomate, comte palatin, ambassadeur.

Il est et demeure celui qui a étécouronné poète à Rome, au Capitole, au cours d'une cérémonie pareille à celles de l'Antiquité.

Son amiSennucio del Bene précise qu'il fut “ couronné de trois couronnes : la première de lierre, comme Bacchus ;l'autre, de laurier, comme les empereurs ; et la dernière de myrte, comme le plus tendre des amants.

”.

EtPétrarque de préciser : “ Cette couronne ne m'a rendu ni plus savant, ni plus éloquent ; elle n'a servi qu'àdéchaîner contre moi les envieux et à me priver du repos dont je jouissais.

Depuis ce temps, il m'a falluêtre toujours sous les armes, toutes les plumes, toutes les langues étaient aiguisées ; mes amis sontdevenus mes ennemis.

J'ai porté la peine de mon audace et de ma présomption.

”.

La poésie de Pétrarquel'emporte sur cette poussière de faits.Pétrarque demeure parce qu'il ne cesse pas d'être celui qui a chanté Laure, à laquelle il adresse ces mots :“ Si je produis quelques bons fruits, c'est vous qui les avez semés.

Je suis, quant à moi, comme un terrainaride que vous avez rendu fertile ; toute la moisson vous appartient.

”.

Et Pétrarque est encore celui qui,dans ses Poésies diverses dénonce l'arbitraire pouvoir des princes auxquels il lance : “ Vos discordesdésolent la plus belle partie du monde ! Est-ce parce qu'ils sont coupables, parce que vous êtes injustesou parce qu'il doit en être ainsi, que vous opprimez les citoyens appauvris, que vous poursuivez lesmalheureux en fuite...

et qu'il vous est agréable de voir répandre le sang et mettre à prix la vie humaine ?...

Oh ! n'est-ce plus la terre où j'ai fait mes premiers pas ?...

Nobles seigneurs, voyez comme le tempsvole !...

La mort vous touche presque les épaules ! Tant que vous êtes encore ici-bas, songez au départ etn'oubliez pas que l'âme arrive seule et nue au terme mystérieux du voyage.

Pour achever la traversée,déposez volontairement toute haine et toute colère...

” Cette colère est écrite dans ce que l'on appelle la “langue vulgaire ”, langue qui sera plus tard l'italien... François Pétrarque (1304 - 1374) Père de la poésie moderne et de la culture humaniste, François Pétrarque est l'auteur du "Canzoniere" qui a marquéla poésie amoureuse en Occident jusqu'au romantisme.

Né à Arezzo et après plusieurs séjours à Carpentras,Montpellier et Bologne où il étudie la rhétorique et le droit, François Pétrarque s'installe pour quelques années enAvignon où ses premières oeuvres poétiques l'imposent à l'admiration de la cour du pape.

Le 6 avril 1327 en l'églisede Sainte-Claire, Pétrarque aperçoit Laure, la femme qui inspirera sa poésie.

En 1333, voyageur infatigable etcurieux, il parcourt la France et découvre avec passion les "Confessions" de saint Augustin et les oeuvres deCicéron.

Avec la mise en chantier de ses deux plus vastes et plus significatives oeuvres en latin, le "De VirisIllustribus (1338-1353) et "Africa" (1338-1396), s'affirme son rôle de médiateur entre la culture classique et lemessage chrétien, se précise sa figure de précurseur de l'humanisme occidental.

Le 8 avril 1341, il reçoitsolennellement la couronne de lauriers à Rome qui consacre son oeuvre poétique.

La mort de ses amis les plus chers(dont Laure pendant l'épidémie de peste de 1348) et l'hostilité du pape Innocent IV décident Pétrarque à quitter àjamais sa Provence pour rentrer à Milan.

C'est au cours de cette période d'intense activité littéraire ("Triomphes",1351-1374, "L'Invectiva", 1355), qu'il accueille Boccace avec lequel il noue une parfaite amitié jamais démentiejusqu'à sa mort.

En 1374, la mort le surprend, selon une pieuse légende, le front incliné sur un manuscrit de sonVirgile bien-aimé. Francesco di ser Petracco, dit Pétrarque MON SECRET. »