Pérou (1994-1995): Le triomphe de Fujimori
Publié le 20/09/2020
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«
La pression des États-Unis et de l'Organisation des États américains (OEA) avait
contraint le président Alberto Fujimori à faire marche arrière après qu'il eut
annoncé, le 5 avril 1992, la suspension de la Constitution de 1979 et la
dissolution du Parlement, de manière à avoir les coudées franches pour mener sa
politique de réforme et de restructuration de l'État en accord avec les
exigences et les recettes du FMI et de la Banque mondiale, et également pour
renforcer son alliance avec les militaires en accroissant leur autonomie
politique dans la lutte antiterroriste contre les insurgés du Sentier lumineux.
La normalisation démocratique fut formellement amorcée avec l'élection, en 1992,
d'une Assemblée constituante, dotée de fonctions législatives, à laquelle
refusèrent de participer les principaux partis politiques, et avec l'approbation
par référendum, le 31 octobre 1993, d'une nouvelle Constitution supprimant le
bicaméralisme et autorisant la réélection du président de la République au
suffrage universel.
Plébiscite électoral et succès économiques
Au terme d'une campagne présidentielle sans débats et où le chef de l'État a
inauguré des milliers de petites infrastructures dans les lieux les plus
abandonnés du monde rural et suburbain, les élections du 9 avril 1995 ont permis
à A.
Fujimori d'affirmer à nouveau et avec éclat sa légitimité démocratique.
En
lice avec treize autres candidats, il a été réélu dès le premier tour, obtenant
le triple des voix de son challenger, l'ambassadeur Javier Perez de Cuellar,
secrétaire général de l'ONU de 1982 à 1991, et disposant de surcroît de la
majorité absolue au Parlement.
Le système des partis qui a prévalu de 1980 à
1995 s'est trouvé laminé: ses représentants n'occupant plus que 15% des sièges
dans le nouveau Congrès dominé par les mouvements indépendants, composés de
personnalités cooptées par leur tête de liste.
Mercedes Cabanillas, la candidate
du Parti apriste péruvien (APRA) discrédité par la gestion désastreuse d'Alan
Garcia (au pouvoir de 1985 à 1990), est arrivée en troisième position avec
seulement 4,1% des voix.
N'ayant pu franchir la barre des 5% des suffrages, tous les partis politiques se
trouvent dans la quasi-impossibilité de participer à de nouvelles élections, la
nouvelle loi imposée par A.
Fujimori les obligeant à rassembler plus de 500 000
signatures chacun pour faire acte de candidature.
A.
Fujimori bénéficiait déjà de l'appui de l'armée, des technocrates des grandes
institutions financières internationales, du monde des affaires et des
principaux médias.
Indifférents aux critiques de l'opposition et de la classe
politique qui ont dénoncé les privilèges dont bénéficiait le candidat-président,
ce sont les milieux populaires très métissés - aspirant à la stabilité et se
reconnaissant mieux en ce descendant d'immigré japonais que dans les
représentants de la grande bourgeoisie d'ascendance européenne ayant jusque-là
toujours monopolisé la représentation politique - qui l'ont plébiscité.
Ce
faisant, ils lui ont accordé toute liberté pour poursuivre ses politiques
néo-libérales de déréglementation de l'économie..
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