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Permanence de la question agraire en Amérique latine ?

Publié le 16/05/2020

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« Introduction Historiquement, c'est en tant que fournisseur de produits agricoles que l'Amérique latine s'est intégrée au commercemondial.

Dans le cadre de structures agraires profondément inégalitaires s'est développée une agriculturespéculative destinée à faire rentrer des devises.

Mais des millions de petits paysans sont ainsi restés sur la route dudéveloppement.

C'est cette situation qui définit la question agraire en Amérique latine.

Des tentatives de réformeagraire ont eu lieu mais les résultats sont mitigés.

Aujourd'hui la question agraire n'est toujours pas résolue et lemalaise agricole a tendance à alimenter la crise sociale dans les villes, qui regroupent aujourd'hui une majorité de lapopulation en Amérique latine. Première partie : la dualité des agricultures sud-américaines à l'origine de la question agraire L'Amérique latine se caractérise par une opposition très forte entre d'une part une agriculture spéculative basée surdes grandes exploitations et d'autre part une agriculture de subsistance basée sur des très petites exploitations.Cette inégale répartition est un héritage de la période coloniale. L'agriculture spéculativeL'agriculture spéculative constitue un secteur moderne et privilégié.

Les exploitations sont de grands domaines(estancia ou hacienda en Amérique hispanophone et fazenda au Brésil), qui occupent des milliers d'hectares.

Ondistingue d'une part des grandes exploitations intégrées aux circuits économiques mondiaux, gérées efficacement etpratiquant la monoculture spéculative, dépendante des acheteurs internationaux et des cours mondiaux fixés ailleursqu'en Amérique latine, aux mains souvent des multinationales américaines, et d'autre part des grands domainesexploités d'une façon extensive, aux performances économiques médiocres, aux mains de propriétaires absentéistespour qui les terres sont conservées dans un but spéculatif.

Sur ces grands domaines, la main-d'oeuvre estcomposée d'ouvriers agricoles, petits paysans sans terre ou possédant très peu de terres.

Dans l'Amériquehispanophone, ce sont les peones, au Brésil les caboclos. L'agriculture traditionnelle menacéeÀ l'opposé de l'extrême concentration des grands domaines dans les mains d'un très petit nombre de propriétaires,on trouve la petite exploitation, la trop petite exploitation, ce que l'on appelle le minifundio ou même le microfundio.Ainsi au Brésil 39 % des exploitations ont moins de 5 hectares.Outre ces petits propriétaires, on compte au Brésil, par exemple, presque cinq millions de personnes sans terre alorsque des grands domaines ne sont pas exploités.

Ces petites exploitations ne bénéficient que d'une faible diffusiondes moyens techniques modernes : pas d'engrais industriels, pas de semences sélectionnées.

L'élevage estinexistant du fait du manque de terres et la jachère y est encore pratiquée.

Les moyens de transport, de stockageet de commercialisation sont inexistants ou insuffisants.

Par ailleurs l'analphabétisme limite la vulgarisation destechniques modernes.

L'agriculture traditionnelle est une agriculture de subsistance sans lien avec l'agriculturespéculative.

Incapable de survivre dans ces conditions, des millions de paysans n'ont d'autre solution que l'exodevers les villes du continent, première étape pour beaucoup de l'émigration vers l'Amérique du Nord. Transition L'existence de millions de paysans trop pauvres pour avoir accès à la consommation a toujours posé un immenseproblème à des économies qui cherchent à se développer.

Conscients que l'agriculture traditionnelle était un frein audéveloppement, les dirigeants des pays d'Amérique latine ont tenté, en impulsant des réformes agraires, de trouverdes solutions pour sortir de l'impasse. Deuxième partie : le bilan mitigé des réformes agraires et Les tentatives Le but de toute réforme agraire est de modifier la répartition des terres.

Évidemment cela suppose que les grandspropriétaires cèdent une partie des leurs.

La seule réforme radicale que le continent ait connue, c'est celle qui a étéentreprise à Cuba à partir de 1959 dans le cadre d'une véritable révolution sociale.

Le pouvoir castriste a alorsexproprié les grandes plantations cubaines et nord-américaines et organisé sur le modèle des sovkhozes soviétiquesdes fermes d'État, le secteur privé y est très faible.

Mais, malgré une réforme radicale, Cuba n'a pas remis en causela monoculture de la canne à sucre.

D'autres pays ont, avant ou après Cuba, connu des réformes agraires, sansremise en cause de l'ensemble des structures sociales, mais avec une véritable redistribution des terres.

Ce fut lecas au Mexique dès 1915, où Zapata obligea le gouvernement à démanteler les haciendas.

Une réforme futentreprise en Bolivie en 1952, une au Pérou en 1963 et au Chili à partir de 1967 où elle aboutit en 1972 à ladisparition de la grande propriété.

La dernière fut entreprise au Nicaragua en 1979 lors de la révolution sandiniste.Au Brésil, en Colombie et au Venezuela, les dirigeants ont choisi, plutôt que de redistribuer des terres, d'encouragerla colonisation de terres vierges. Les résultatsÀ l'exception de Cuba où la réforme agraire fut radicale, les réformes agraires ont eu dans les autres pays pourconséquence d'obliger les grands domaines à se moderniser et à se concentrer sur les terres réellement exploitées.Les grands propriétaires ont également été incités à investir une partie de leur richesse dans l'industrie nationale etde favoriser ainsi l'industrialisation.

En même temps, la réforme agraire, en permettant un enrichissement despaysanneries, devait permettre l'élargissement du marché national.

Certes, les réformes ont fait reculer le micro. »

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