Périclès
Publié le 16/05/2020
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Périclès
Périclès appartient par ses parents à deux nobles familles d'Athènes, les Bouzyges et les Alcméonides.
Biendécouplé, d'une élégance racée, le visage grave et méditatif, tel que l'a imposé à la postérité le buste de Crésilas, ilapparaît, d'après les témoignages contemporains, comme un homme réservé, impassible, incorruptible, entraînant lafoule, dont il se défie, par son éloquence olympienne et par la largeur de ses vues.
Il a subi profondément l'influencede penseurs comme Damon d'Oa, qui lui a inspiré sa croyance dans les possibilités de progrès continu de l'humanité,ou comme Anaxagore de Clazomènes, qui l'a délivré des terreurs superstitieuses et lui a révélé le Noûs, la Raisonhumaine, permettant au cosmos de sortir du chaos.
Aristote (Éthique à Nicomaque, VI, 5, 1140 b 7) peut donc àbon droit le considérer comme le modèle de l'homme d'État phronimos (sage), qui conforme sa politique à son idéalraisonne.
Pendant trente ans, Périclès inspire la politique athénienne.
L'assassinat du leader démocrate Éphialte, auprès de quiil avait commencé sa carrière comme un brillant second, le fait en effet passer au premier plan.
Réélu chaque annéestratège, il n'occupe pas dans l'État une situation contraire à la constitution ; mais, en fait, cette permanenceexceptionnelle du pouvoir assure à son action une continuité extraordinaire et témoigne de l'immense crédit dont iljouit auprès de ses concitoyens.
Le fait le plus marquant de ces trente ans est l'avènement définitif du régime démocratique, préparé au cours d'uneévolution séculaire par les réformes de Solon et de Clisthène et renforcé par les guerres médiques où Athènesn'avait triomphé que grâce au civisme de la classe moyenne (Marathon) et des prolétaires (Salamine).
Certes lesaristocrates avaient un moment récupéré le pouvoir avec Cimon, mais l'élan qui portait le démos à tirer des victoiressur la Perse tous les profits qu'il était en droit d'en attendre ne pouvait être arrêté.
L'ostracisme dont est victimeCimon permet à Éphialte et à Périclès, puis à Périclès seul, de hâter sa mainmise sur l'État.
L'accès aux magistratures est facilité à tous.
L'archontat s'ouvre aux zeugites (citoyens de la troisième classecensitaire) et même en fait aux thètes (prolétaires de la quatrième classe).
Un salaire (misthos) est accordé auxbouleutes, aux juges de l'Héliée, à divers magistrats, permettant aux pauvres de briguer ces charges.
Une solde estattribuée aux soldats et aux marins.
L'exercice du métier de citoyen devient donc en droit et en fait à quelquesrestrictions près (les stratèges ne reçoivent pas de salaire) l'apanage de tous.
En même temps le vieux conseilaristocratique de l'Aréopage se voit retirer toutes les attributions exceptionnelles qu'il s'était arrogées à la faveur dela crise des guerres médiques et confiner dans le rôle de haute cour de justice.
Mais la démocratie politique n'est rien sans un minimum d'égalité sociale.
L'État aide donc les plus déshérités : ildonne des secours aux veuves et orphelins de guerre, il permet aux pauvres d'assister aux spectacles où serenforce l'unité civique grâce à la constitution de la "caisse du théorique".
Bien plus, Périclès vise à résoudre le problème du paupérisme en privilégiant le démos pauvre par rapport aux noblesriches.
"La démocratie sert les intérêts de la masse des citoyens et non pas seulement d'une minorité", comme ilpeut le déclarer fièrement dans l'Oraison funèbre que lui prête Thucydide.
Il suffit de relire la biographie de Périclèsdans Plutarque pour se rendre compte que son propos est avant tout de fournir des moyens de vivre décents auxplus déshérités et que tout s'y exprime en terme d'argent.
Les campagnes incessantes procurent une solde àd'innombrables citoyens.
Les colonies militaires (apoikiai) permettent de donner des terres à des thètes, quiaccèdent par là même à la classe des zeugites.
De grands travaux offrent du travail à tous : "ranimant tous les artset mettant tous les bras en mouvement, ils procurent un salaire, peu s'en faut, à la ville entière...
; la masseouvrière qui n'était pas enrôlée, Périclès ne voulait ni lui refuser sa part des deniers publics, ni l'en faire jouir dansl'inertie" (Plutarque).
Un aristocrate anonyme particulièrement lucide, auteur d'une Constitution des Athéniens, voitparfaitement l'essence du régime instauré par Périclès, lorsqu'il déclare : "Le bien-être des pauvres, des gens dupeuple et des classes inférieures et la multiplication des gens de cette sorte renforcent la démocratie." L'Étatdevient ainsi une providence qui prend en main le sort de tous les citoyens.
C'est bien une expérience de démocratiedirigée ou un socialisme d'État.
Parallèlement Périclès renforce l'impérialisme athénien.
Aux alentours de 450 av.
JC, la confédération de Délos, quigroupait en principe des cités indépendantes autour d'Athènes en vue de la défense en commun contre la Perse, setransforme en un empire où Athènes décide seule.
Dès 454 av.
JC, le trésor fédéral est transféré de Délos surl'Acropole.
Les alliés se voient interdire de battre monnaie.
Une organisation plus stricte en cinq districts estimposée à l'empire, à seule fin de percevoir plus durement le tribut (phoros).
De nombreuses colonies militaires sontinstallées de manière à surveiller les alliés, en fait devenus sujets d'Athènes.
Au reste la domination d'Athènes sefait de plus en plus dure.
Les révoltes sont sévèrement matées et Périclès prend souvent lui-même la tête desexpéditions de répression, comme en Eubée (446) ou à Samos (441).
Il n'y a pas là simple coïncidence.
Ladémocratie athénienne, telle que la conçoit Périclès, est par essence impérialiste.
Seul le tribut des alliés permet eneffet aux Athéniens de disposer de sommes considérables et de distribuer à tous les artisans de la grandeur de leurpatrie, magistrats, soldats, ouvriers ou artistes, de substantiels misthoi.
Athènes, renforcée, durcit son attitude à l'égard des cités grecques qui échappent à son hégémonie.
Elle dispose denouveaux moyens, en particulier d'une flotte considérable, et se relie au Pirée par les fortifications des Longs Murs..
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