Père Goriot: Ct Balzac construit-il le portrait d’un ambitieux au travers de la présentation de Rastignac ?
Publié le 14/10/2021
Extrait du document
«
LL N° Le Père Goriot de Balzac (1835)
Contexte littéraire :
Dans un prodigieux travail acharné, Balzac s’est proposé de « faire concurrence à l’Etat-Civil » et de peindre « les deux ou
trois mille figures saillantes d’une époque », comme dans une histoire naturelle de l’espèce humaine, qu’il va classer en trois
études - de mœurs, philosophiques et analytiques - et différentes scènes - de la vie privée, de province, parisienne, politique,
militaire et de campagne - pour les regrouper dans un ambitieux édifice de 26 tomes et plus de 90 œuvres : La Comédie
Humaine.
Projet littéraire de toute une vie qui connut un tournant décisif dans sa conception au moment où le romancier
écrivit Le père Goriot.
Dans ses premières notes de travail, Balzac avait imaginé : « un brave homme - pension bourgeoise - 600 fr.
de rente - s’étant
dépouillé pour ses filles qui toutes deux ont 50 000 fr.
de rente - mourant comme un chien.
» et ce devint Le père Goriot, cette
« belle œuvre monstrueusement triste » et réaliste, roman incontournable de La Comédie Humaine dont il est en quelque sorte
un carrefour.
Car c’est avec Le père Goriot que Balzac inaugure le procédé du retour des personnages, notamment avec Vautrin reparaissant
plus tard mais sous une autre identité dans Illusions perdues et Splendeurs et misères des courtisanes.
« En voyant reparaître
dans Le père Goriot quelques-uns des personnages déjà créés, le public a compris une des plus hardies intentions de l’auteur,
celle de donner la vie et le mouvement à tout un monde fictif dont les personnages subsisteront peut-être encore, alors que la
plus grande partie des modèles seront morts ou oubliés » précise-t-il.
Intro :
Achevé en 1835 sous la Monarchie de Juillet, Le père Goriot décrit l’entrée dans le monde du « lion » Eugène de
Rastignac, jeune provincial venu à Paris pour y étudier le droit et s’y faire un nom.
On le découvre pensionnaire
de la Maison Vauquer, voisin du pauvre père Goriot, faisant ses premiers pas dans la société mondaine de la
Restauration, en novembre 1819.
Évoluant habilement entre ces deux mondes, Rastignac apprend vite et
comprend dès lors que l’argent « fait tout ».
Quelques mois plus tard, en février 1820, on le quitte désabusé sur
les hauteurs du Père-Lachaise, enterrant à ses propres frais le père Goriot et lançant sur cette société son célèbre
et conquérant défi.
.
Balzac rattache ses personnages à des types humains et sociaux sans pour autant les réduire à
des stéréotypes.
Dans les premières pages du roman, nous faisons la connaissance de Rastignac, en pleine
réflexion.
PBM : Ct Balzac construit-il le portrait d’un ambitieux au travers de la présentation de Rastignac ?
Explication linéaire :
1 er
mvt : la fascination de R.
pour les riches
Dans le 1 er
§, le thème de la réflexion de R.
est annoncé dès les 1ers mots.
Les paroles rapportées traduisent ses
pensées et « sa conscience » (mot qui disparaîtra dans la suite du texte !).
Cette question est fondamentale pour le
jeune provincial désargenté qu’il est.
En revenant vers la pension Vauquer, Eugène de Rastignac désire ardemment intégrer « les hautes régions de la
société parisienne » (l.
6-7).
Le champ lexical de l’argent, des richesses émaille le texte : « brilla, luxe, dorures, objets de prix, grandiose,
riches fortune *2 ».
Cependant, dans ce relevé, 2 types de richesses s’opposent : en effet, l’image du « grandiose
hôtel de Beauséant » (l.
5) force son admiration.
L’adjectif hyperbolique antéposé traduit la forte impression
visuelle suscitée par un tel lieu comme le montre le lexique pictural : « fraîches et charmantes images » (l.
16),
« figures jeunes, vives, encadrées par les merveilles de l’art ».
Dans les deux premiers paragraphes,
l’« élégan[c]e » (l.
17) et le luxe (l.
18) de madame de Beauséant s’opposent à la vanité de la fille du père Goriot
devenue comtesse de Restaud.
Le lexique dépréciatif (« richesse étalée », l.
2 ; « luxe inintelligent du parvenu »,
l.
4 ; « gaspillage de la femme entretenue », l.
5) traduit ce jugement qui sonne comme un réquisitoire sans
concession.
« il vit le monde comme il est » = présent de vérité générale.
Cette comparaison agit comme un révélateur : il « vit le monde comme il est » (l.
8).
Sa naïveté de jeune
provincial et sa lucidité nouvelle sur le fonctionnement réel du monde s’opposent.
Le lexique de la rêverie montre
les fausses idées que se fait R.
: « devant ses yeux, son imagination, image, mille pensées ».
Le narrateur adopte
le point de vue interne pour mettre en évidence le cheminement logique de Rastignac qui finit par comprendre la
leçon cynique que lui avait donnée Vautrin : « la fortune est la vertu ! » (l.
9-10).
L’emploi du discours direct fait
apparaître la conclusion du personnage dans toute sa force à travers la modalité exclamative.
Cette première
opposition remet donc en cause les considérations sociales et morales de Rastignac.
Les qualités et les vertus ne
servent à rien = cynisme.
Il suffit d’être riches !
2 nde
mvt : du dégoût au rêves de conquête
Dans le second paragraphe, le narrateur observe le personnage dans ses déplacements par le biais d’un point de
vue externe.
Les verbes de mouvement des propositions juxtaposées soulignent la progression rapide : « Arrivé »,
« monta », « descendit » (l.
11), « vint » (l.
12).
Rastignac est arrêté par ce qu’il voit.
Ce désir naissant
d’élévation sociale est renforcé par son retour à la pension qu’il regarde avec un œil critique et plein de mépris :
« Le spectacle de la misère et l’aspect de cette salle lui furent horribles.
» (l.
14).
Là encore la vue participe au.
»
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