Pensez-vous que l'oeuvre littéraire — roman, poésie, théâtre ou chanson — nous détourne de la réalité ou au contraire nous aide à comprendre les choses de la vie ?

« Pensez-vous que l'œuvre littéraire — roman, poésie, théâtre ou chanson — nous détourne de la réalité ou au contraire nous aide àcomprendre les choses de la vie ? PLAN DÉTAILLÉ Introduction Littérature! Théâtre! Chanson! Autant d'exclamations qui signifient «mensonges»! Si l'on ajoute qu'un esprit romanesque est facilementenclin à la rêverie et possédé du goût de l'aventure, on peut se demander quels rapports l'œuvre littéraire entretient avec la réalité. Première partie.

L'œuvre littéraire nous détourne du réel. Il faut veiller à ne pas négliger l'un des genres. La forme la plus simple de cet écart entre la littérature et la réalité réside dans la fonction d'évasion.

Le roman est particulièrement apte àremplir ce rôle.

La jeune Madame Bovary se délecte de lectures idéalistes avec des personnages « braves comme des lions, doux commedes agneaux, vertueux comme on ne l'est pas»...

Mais utiliser un tel exemple, c'est déjà reconnaître au roman de Flaubert une valeurexemplaire ! Disons que l'évasion s'opère de deux façons : elle repose sur des éléments évidemment non conformes à la réalité des choses ou bienelle procède d'une recherche de la beauté qui ne coïncide pas avec le monde.

Le théâtre dans les conditions mêmes de sa représentation est illusion.

L'espace réservé aux acteurs, la salle qui coupe les spectateurs de l'extérieur, les décors, lescostumes, quand ce ne sont pas les masques, autant de déguisements. En poésie, on sait l'aversion des Parnassiens pour «l'utile» et à travers lui pour toute une société pragmatique qui s'installait.

On sait aussi que Baudelaire détournela poésie « d'un enseignement quelconque»; elle n'a pas pour but de «perfectionner les mœurs» ou de «démontrer quoi que ce soit d'utile»...

« Elle n'a pas d'autresbuts qu'elle-même.

» Considérée souvent comme futile, cette fonction puise aux sources très profondes du rêve et de l'imagination. Deuxième partie.

La littérature aide à comprendre les choses de la vie. Ce serait alors la tentation d'une optique réaliste.

Avec fidélité, l'œuvre refléterait le monde qui nous entoure.

L'image du miroir revient souvent pour définir leroman ou même la chanson.

Il s'agirait de « ne pas quitter la nature d'un pas.

» La valeur informative dominerait alors.

Bien plus la seule appréhension d'uncaractère renseignerait sur tous les mécanismes d'une société. Troisième partie.

Comment concilier les deux options ? Elles sont contradictoires si l'on s'en tient à une analyse superficielle. Le poète dévoile, déchiffre «les mystérieuses correspondances» (Baudelaire); il plonge «au fond de l'inconnu», il va au cœur des choses.

Pour traiter cette partie,l'élève peut se reporter à des textes, certainement étudiés en classe, de Rimbaud, Baudelaire, Mallarmé, Nerval... La chanson dans ce qu'elle a d'authentique remplit les mêmes fonctions et dépasse les apparences. De même, le théâtre et le roman donnent une image «corrigée» du monde, qui devient lisible.

Alors que le cours de la vie empêche d'en saisir l'ensemble, l'œuvreromanesque, si foisonnante soit-elle, choisit, ordonne et obéit à une cohérence. Si Ton veut fixer des limites à la compréhension par récriture, on peut dire que les solutions ne sont pas fournies ; elles sont proposées au regard.

D'où la nécessitéde la critique par exemple. Conclusion Il est possible de remarquer qu'une intelligence des choses de la vie permet une meilleure connaissance de soi. CITATIONS ■ « Le monde romanesque n'est que la correction de ce monde-ci suivant le désir profond de l'homme.

» Camus. ■ « Le théâtre est un lieu de vérité.

» Camus. ■ «Tout est permis au théâtre : incarner des personnages, mais aussi matérialiser des angoisses, des présences intérieures.

» Ionesco. ■ «Le roman est le document historique par excellence.» Flaubert. ■ « La chanson, c'est un reflet, un miroir de l'époque, mais un miroir infidèle qui accentue certains traits, qui en néglige d'autres.

» J.-M.

Haeffele.. »