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Pays-Bas (2004-2005): Crise identitaire et euroscepticisme

Publié le 20/09/2020

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« Le système politique et la cohésion sociale ont été fortement ébranlés au cours de l’année 2004.

En janvier 2004, dans son rapport Construire des ponts, le Comité parlementaire sur l’immigration a démontré que le modèle multiculturel néerlandais d’intégration était désormais déficient.

Selon lui, une ségrégation entre des écoles « blanches » et des écoles « noires » existe de fait.

Qui plus est, la pauvreté s’est concentrée dans les zones urbaines où la population de couleur est majoritaire, des pratiques discriminatoires sur le marché du travail demeurent et les cours d’apprentissage du néerlandais sont inadaptés.

En juin 2004, une nouvelle formation politique est apparue, le Groupe Wilders, du nom de son fondateur, Geert Wilders, un député ayant quitté le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD).

Le manifeste du nouveau parti – qui rassemble également des anciens responsables des Listes Pim Fortuyn (LPF, en voie de désagrégation) et de la fondation néoconservatrice Edmund Burke – stipule que les immigrants doivent choisir entre l’intégration ou le retour, que la candidature turque à l’Union européenne (UE) doit être rejetée et l’aide à la coopération être réduite.

19 % des Néerlandais étaient prêts à voter pour un tel parti après qu’en novembre 2004 le cinéaste Théo Van Gogh eut été assassiné par un militant islamiste.

Ce meurtre en pleine rue est survenu deux ans après celui de Pim Fortuyn, leader politique populiste à la fois libertaire et promoteur d’une politique restrictive en matière d’immigration.

T.

Van Gogh avait signé un film controversé sur l’islam, Soumission.

Sa thèse est que la violation des droits de la femme serait inhérente à l’islam et que cette religion serait incompatible avec l’État de droit.

Après son assassinat, le Premier ministre Jan Peter Balkenende, de l’Alliance démocratique chrétienne (CDA), affirma que le metteur en scène était un « éminent champion de la liberté d’expression ».

Le vice-premier ministre Gerrit Zalm (VVD) affirma que c’était une « déclaration de guerre », tandis que le leader du Parti travailliste néerlandais (PvdA, principal parti d’opposition) Wouter Bos soulignait que si l’islam politique était l’ennemi, les musulmans étaient en revanche bien intégrés aux Pays-Bas.

Le multiculturalisme jusqu’alors dominant n’est plus défendu que par deux mouvements, la Gauche verte (GroenLinks) de Femke Halsema et la Ligue européenne musulmane de Dyad Abu Jahjah, laquelle réclame la création d’écoles islamiques et l’application de la loi islamique (charia) aux Pays-Bas pour tous ceux et toutes celles qui veulent s’y soumettre.

Les Pays-Bas comptaient en 2004 1,6 million d’immigrés, soit presque 10 % de la population totale, les trois groupes principaux étant les Turcs (environ 194 000), les Surinamiens (environ 187 000) et les Marocains (environ 166 000). Au second semestre 2004, les Pays-Bas ont assumé la présidence du Conseil de l’Union européenne.

Les priorités ont été données à la poursuite de l’élargissement, c’est-à-dire la finalisation des conditions d’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie, ainsi que la préparation de l’adhésion de la Croatie, à supposer que ce pays coopère pleinement avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).

Était aussi en jeu la question de l’ouverture de négociations avec la Turquie, laquelle fut décidée en décembre 2004.

Un accord est aussi intervenu pour renforcer la sécurité au sein de l’UE dans les cinq années suivantes (programme de La Haye).

Si la lutte contre le terrorisme en est la préoccupation prioritaire, d’autres grands thèmes ont été discutés, tels que l’échange de données, le renforcement de la coopération dans. »

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