Pays-Bas (1994-1995)
Publié le 20/09/2020
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«
A la suite des législatives du 3 mai 1994, une coalition gouvernementale
insolite a vu le jour, le 19 août, après de longues tractations.
Elle a réuni
les socialistes (PvdA, Parti du travail), les libéraux (VVD, Parti populaire
pour la liberté et la démocratie) et un parti de centre gauche, D 66 (Démocrates
66), mais exclu l'Appel des chrétiens-démocrates (CDA) qui jusque-là avaient
fait partie de tous les gouvernements et les avaient souvent dirigés.
Appelé quatre fois aux urnes de mars 1994 à mars 1995, l'électorat néerlandais a
fait preuve d'une inhabituelle volatilité.
Les municipales du 2 mars 1994 et les
législatives du 3 mai 1994 ont surtout sanctionné la coalition sortante
(chrétiens-démocrates et socialistes), qui a perdu la majorité au Parlement;
malgré son recul, le PvdA (24% des suffrages) est devenu, après les
législatives, le premier parti du pays, chargé de former le nouveau
gouvernement.
Les européennes du 9 juin 1994 ont globalement confirmé les
avancées et reculs des uns et des autres.
Les chrétiens-démocrates s'en sont
cependant mieux tirés que les socialistes, revenant en tête, grâce à l'absence
du scrutin des listes de défense des personnes âgées, qui avaient mordu sur leur
électorat lors des législatives.
Les élections provinciales du 8 mars 1995 ont, en revanche, favorisé les
libéraux du VVD (27% des suffrages), qui ont tiré profit de leur participation
au gouvernement, alors que leurs partenaires de D 66 étaient sévèrement
sanctionnés.
Le PvdA a poursuivi son recul, le CDA a stabilisé ses positions,
tandis que les listes de défense des personnes âgées obtenaient plus de 5% des
voix.
L'établissement de la "coalition violette" - le rouge est la couleur des
socialistes, le bleu, celle des libéraux - dirigée par Wim Kok (PvdA), qui était
vice-Premier ministre et ministre des Finances dans le gouvernement sortant, a
reposé sur un compromis difficile à trouver: alors que les socialistes voulaient
ne pas démanteler trop vite l'État-providence, les libéraux étaient surtout
attachés à la défense du budget militaire et à la réduction des prélèvements
obligatoires; la tendance globale est cependant restée à l'austérité.
La reprise économique a eu lieu (le PIB s'est accru de 2,5% en 1994), mais les
Néerlandais ont continué de s'inquiéter de l'important taux de chômage, dont le
taux officiel - sous-évalué en raison de l'importance de l'"inaptitude au
travail" - était de 7,3%.
Près de 100 000 emplois industriels ont été perdus
entre décembre 1990 et décembre 1994, alors que les grandes entreprises
néerlandaises étaient pour la plupart (Philips comprise) largement bénéficiaires
mais investissaient toujours surtout à l'étranger.
Pendant deux hivers consécutifs, les Pays-Bas ont été victimes de graves
inondations fluviales: en décembre 1993, dans la vallée de la Meuse; en janvier
1995 - où l'on a redouté le pire (évacuation de 250 000 personnes) -, dans les
vallées de la Meuse et du Rhin.
Après avoir conjuré le péril marin qui menaçait
directement les zones vitales du pays, il aurait fallu s'attaquer au
renforcement de la protection contre les crues des grands fleuves.
Mais les
régions concernées étaient plus rurales, moins stratégiques sur le plan
économique et, croyait-on, moins immédiatement menacées; en outre, l'austérité.
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