Paul SÉRUSIER:LES LAVEUSES À LA LAÏTA, PRÈS DU POULDU.
Publié le 17/05/2020
Extrait du document
«
" Paul SERUSIER
LES LAVEUSES À LA LAÏTA~ PRÈS DU POULDU
Avec ses «Glaneuses » (1857), Millet avait introduit dans la pein~ure _de
paysans la notion religieuse de fatalité.
Trente ans plus tard, Serus1er
essaie de moderniser ce thème.
En cette fin du XIX• siècle, Barbizon est deve
nu trop surfait ! A défaut de Tahiti, les
peintres vont en Bretagne, à Pont-Aven ou,
mieux encore, au Pouldu.
l'ŒUVRE
Dans un champ clairsemé, deux femmes mar
chent.
Elles vien nent de quitter la boucle élar
gie d'une petite rivière, la Laïta.
Dans ses
eaux glacées, elles ont lavé, battu le linge,
travail pénible
s'il en est, et leur labeur est
maintenant fini.
Du moins dans l'immédiat,
car
les paysans ne sont jamais au bout de
leurs peines.
C'est ce travail pénible, mono
tone, sans cesse répété, qui a uniformisé le
corps de ces lavandières, détruit la finesse de
leurs mains, retiré tout âge à leur visage; de
même que leurs vêtements en toile grossière
les privent de toute personnalité, âe toute
féminité aussi.
Pour Sérusier, ces deux pay
sannes répondent, au-delà des siècles, à
leurs sœurs en granit des calvaires bretons.
Un visage stylisé, sans âge.
Paul SÉRUSIER 1864-1927
• Les Laveuses à lo Laïlo, près du Pouldu
• Huile sur toile 73 cm x 92 cm
• Peint en 1892 • Localisation: Paris, musée d'Orsay
LE CONTEXTE
Dans les années 1890, la France est en
majorité rurale, mais à Paris et dans les capi
tales régionales l'industrie fait des ravages :
la
misère la plus sordi de côtoie les revendica
tions les plus âpres.
Certains peint res ont pré
féré ne pas voir cette réalit é-là et la remplacer
par
une autre, inven t ée de toutes pièces.
P:>ur
Sérusier, Pon t-Ave n et Le Pou ldu, sur la cote
bretonne, étaient
des villages non pollués par
la civilisation urbaine.
Le fait que ce travail
de lavandière soit
un des plus pénibl es de la
campagne ne l'int éresse pas.
Par contre, le
fait qu'il remonte à la nuit des tem p s et qu'il
soit accompli par des paysannes
« eternelles,.
est une vision c9ractéristique de l'a rtiste et de
ses amis de l'Ecole de Pont-Aven, comme
Émile Bernard et, bien sûr, leur maître à tous
deux, Gauguin.
l'HISTOIRE
Si les musées bretons (Brest, Guimper,
Rennes) pouvaient s'enorgueillir de posséder
de beaux
Sérusier, les collections na tiona l es
étaient d'une grande pauvreté avant 1980 et
198 4, dates des legs de Mlle Boutaric, l'héri
tière de l'artiste.
Les Laveuses font partie de
ce
bel et rare ensemble.
LA COTE
A tort ou à raison, c'est la première
manière de l'artiste, influencée
par Gauguin,
qui a les préférences des enchères.
Un sujet et un titre ~ bretons ,.
(avec, si
possible, une référence précise aux sites
de Pont-A ven ou
du Pouldu) font vendre
un tableau de Sérusier autour de
500 000 francs..
»
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