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Paul Scarron, Le Roman comique: Pour parler plus humainement et plus intelligiblement

Publié le 19/12/2021

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« Paul Scarron, Le Roman comique .

Pour parler plus humainement et plus intelligiblement, il était entre cinq et six quand une charrette entra dans les halles du Mans.

Cette charrette était attelée de quatre boeufs fort maigres, conduits par une jument poulinière, dont le poulain allait et venait à l ’entour de la charrette comme un petit fou qu ’il était.

La charrette était pleine de coffres, de malles et de gros paquets de toiles peintes, qui faisaient comme une pyramide, au haut de laquelle paraissait u ne demoiselle habillée moitié ville, moitié campagne.

Un jeune homme, aussi pauvre d ’habits que riche de mine, marchait à côté de la charrette.

Il avait un grand emplâtre sur le visage, qui lui couvrait un oeil et la moitié de la joue, et portait un grand fusil sur son épaule, dont il avait assassiné plusieurs pies, geais et corneilles, qui lui faisaient comme une bandoulière, au bas de laquelle pendaient par les pieds une poule et un oison qui avaient bien la mine d ’avoir été pris à la petite guerre.

Au li eu de chapeau, il n ’avait qu ’un bonnet de nuit, entortillé de jarretières de différentes couleurs, et cet habillement de tête était une manière de turban qui n ’était encore qu ’ébauché et auquel on n ’avait pas encore donné la dernière main.

Son pourpoint ét ait une casaque de grisette, ceinte avec une courroie, laquelle lui servait aussi à soutenir une épée qui était si longue qu ’on ne s ’en pouvait aider adroitement sans fourchette.

Il portait des chausses troussées à bas d ’attaches, comme celles des comédien s quand ils représentent un héros de l ’antiquité, et il avait, au lieu de souliers, des brodequins à l ’antique que les boues avaient gâtés jusqu ’à la cheville du pied.

Un vieillard vêtu plus régulièrement, quoique très mal, marchait à côté de lui.

Il porta it sur ses épaules une basse de viole, et, parce qu ’il se courbait un peu en marchant, on l ’eût pris de loin pour une grosse tortue qui marchait sur ses jambes de derrière.

Quelque critique murmurera de la comparaison, à cause du peu de proportion qu ’il y a d’une tortue à un homme ; mais j ’entends parler des grandes tortues qui se trouvent dans les Indes, et de plus, je m ’en sers de ma seule autorité.. »

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