Paul Bourget

« L'ÉVOLUTION DE BOURGET Paul Bourget a d'abord publié des vers, puis réuni en Essais de psychologie contemporaine (1883-1885) de pénétrantes études critiques sur les écrivains qui ont joué le plus grand rôle dans sa formation intellectuelle :Baudelaire, Renan, Flaubert, Taine, Stendhal.

Ses premières oeuvres romanesques, Cruelle Énigme (1885), André Cornélis (1887), marquent surtout une volonté de réaction contre le naturalisme et un retour au roman d'analyse. Mais bientôt, Bourget introduit dans ses récits des préoccupations idéologiques : dans Le Disciple (1889), il dénonce le déterminisme psychologique de Taine et le dilettantisme de Stendhal comme des dissolvants moraux.

Désormais, ilécrit des romans à thèse, où il défend toutes les traditions et combat toutes les nouveautés : ainsi, L'Étape (1902) tend à prouver que le progrès de la démocratie dans la société s'accompagne des plus fâcheuses convulsions; Un Divorce (1904) dénonce les funestes effets de la législation moderne qui a remis en cause le principe chrétien de l'indissolubilité du mariage. André Cornélis. André Cornélis a brusquement appris, à neuf ans, l'assassinat de son père.

Quelques années plu, tard, des lettres,découvertes dans un coffret, lui donnent à penser que le coupable pourrait être le second mari de sa mère, M.Termonde.

Nouvel Hamlet, il se propose de le confondre.

Après bien des réflexions et des recherches, il établit quele meurtre a été commis par le frère de M.

Termonde, à son instigation.

Il contraint son beau-père à l'aveu et le tued'un coup de poignard. Le Disciple. Adrien Sixte, philosophe déterministe et athée, est convoqué chez le juge d'instruction : Robert Greslou, sondisciple, est accusé d'avoir empoisonné une jeune fille.

Greslou lui fait parvenir sa confession : non! il n'a pas tué,mais, pour se livrer à une expérience, il a méthodiquement séduit la jeune fille, qui s'est donné la mort.

Greslou estacquitté, mais abattu par le frère de sa victime; et Sixte bouleversé sent remonter à ses lèvres l'oraison de sonenfance : « Notre Père...

» LE TALENT DE BOURGET Paul Bourget fut longtemps considéré comme un très grand romancier.

La génération de too a admiré à juste titre la sûreté de son métier, qui lui permet de construire ses récits avec vigueur et de ménager habilement l'intérêtdramatique.

Mais, dans l'analyse psychologique comme dans la peinture des moeurs, Bourget n'évite pas laconvention; sa volonté de soutenir une thèse est trop visible; sa phrase, enfin, est lourde et sans art. LES ÉMULES DE BOURGET Catholiques et traditionalistes, René Bazin (1853-1932), Henry Bordeaux (18701963), illustrent des thèses analoguesà celles de Bourget.

Le premier a étudié avec sympathie l'âme des paysans et a décrit les épisodes de leurs humblesexistences (La Terre qui meurt, 1899; Le Blé qui lève, 1907); le second a agencé avec solidité des drames domestiques d'où se dégagent des leçons de fidélité à la famille et à la religion (Les Roquevillard, 1906; La Neige sur les pas, 1911).

Plus souple et plus libre de ton, Marcel Prévost (1862-1941) a surtout été attiré par la psychologie féminine : ses Lettres à Françoise (1892-94-97) présentent avec esprit un système bourgeois d'éducation moderne.. »