PARMENIDE : DE LA NATURE (Résumé & Analyse)
Publié le 15/05/2020
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1 / 2 De la nature [Parménide] - fiche de lecture.
1 PRÉSENTATION
De la nature [Parménide] , seul ouvrage (fragmentairement reconstitué) de Parménide, souvent regardé comme inaugural du discours sur l’être.
2 LA TRANSMISSION DU TEXTE
Si l’usage atteste depuis l’Antiquité le titre De la nature, on préfère parfois intituler Poème l’œuvre de Parménide au regard des difficultés que le programme annoncé d’une « physique » soulève chez cet auteur.
Bien qu’il en ait peut-être circulé des versions scolaires en prose, le Poème est écrit en hexamètres épiques dans un style très didactique, et déjà Proclus dans son Commentaire sur le Parménide de Platon considère que « sa langue ressemble
davantage à de la prose qu’à de la poésie » (665, 17) et, en fait, il l’en loue.
De Parménide — comme en général des présocratiques —, nous ne conservons qu’une collection de fragments.
Dans l’édition de référence qui est celle de Diels et Kranz (Die Fragmente der Vorsokratiker), cette collection constitue dix-neuf fragments,
soit environ cent soixante vers.
Ces fragments, citations et témoignages proviennent d’auteurs, de commentateurs et de compilateurs de l’Antiquité dont, pour Parménide, les principaux sont Platon, Aristote, Sextus Empiricus, Proclus, Simplicius, et
Clément d’Alexandrie.
Ils présentent souvent des difficultés ou des contradictions tant internes qu’externes (citations de différentes versions) qu’on a parfois cherché à résoudre en émettant l’hypothèse d’éditions successives.
3 LES FRAGMENTS
Le Poème s’ouvre par un prologue de style initiatique, dense en images et en figures : des cavales emportent un jeune homme qui parle en son nom propre jusqu’à ce qu’il arrive à la porte « donnant sur les chemins de la Nuit et du Jour » (traduction
de Jean-Paul Dumont).
La déesse le reçoit après que Dikè a ouvert cette porte.
Elle lui apprendra toutes choses, en distinguant toutefois la « vérité bellement circulaire » et l’opinion (doxa). Les fragments qui suivent opposent donc deux voies : celle
de l’être et celle du non-être.
La première est celle de la pensée, « car même chose sont l’être et le penser » (fragment 3).
Le fragment 6, conservé par Simplicius, évoque pourtant une troisième voie, celle des hommes à deux têtes, hésitant entre les deux voies précédentes.
Avec le prologue, le fragment 8 est le plus développé : l’être est pensé en-dehors de toute génération et corruption, immobile, identique à lui-même, de toute part borné et achevé (chez les grecs, l’illimité est l’informe, le non-être) « Et gonflé à
l’instar d’une balle bien ronde / Du centre vers les bords en parfait équilibre ».
Le passage à l’autre voie, celle du non-être, a lieu au vers 50 du fragment 8.
Il inaugure la partie du Poème consacrée à la nature.
Ce passage est parfois présenté comme celui de l’intelligible au sensible, ou de la vérité à l’opinion (Simplicius).
Mais
s’il donne son titre au poème (De la nature), il demeure problématique comme le remarquait déjà Simplicius : car pourquoi après avoir écrit au sujet du non-être qu’« Il faut abandonner la voie de l’impensé, / Que l’on ne peut nommer », Parménide y
consacrerait-il son Poème ? (voir encore le fragment 2).
Ce discours sur la nature est formé de couples d’opposition qui indiquent vraisemblablement l’influence pythagoricienne.
4 LECTURES
Ayant posé les termes d’un discours sur l’être, la pensée de Parménide ne cessera jamais d’être commentée.
De la postérité, la première inflexion est donnée par Platon, principalement dans le Sophiste, où l’étranger d’Élée évoque le parricide (mais demande à ne pas être regardé comme tel...), en posant que, d’une certaine façon, l’être n’est pas et le non-
être est.
On cite souvent cette image du parricide sans relever ce qu’elle a de révérend envers celui que Platon nomme dans le Théétète « un homme également digne de respect et de crainte » (183e).
Penseur de l’être comme identique à soi-même,
Parménide ne fait aucun pas vers la dialectique platonicienne du même et de l’autre.
Sans que réellement l’univocité de l’être soit ruinée par là, c’est la possibilité chez Platon de dire et de penser qui est visée.
Aristote introduit une rupture en posant
la plurivocité de l’être.
Comme pour la plupart des présocratiques, deux manières de considérer Parménide s’opposent : soit il s’agit du véritable début de la philosophie, son aurore ( les Origines de la pensée grecque de Jean-Pierre Vernant, par exemple), soit comme chez
Heidegger, au contraire, la philosophie se constitue dans le voilement de cette pensée ( le Poème de Parménide de Jean Beaufret).
Heidegger, précisément, s’est toujours attaché à commenter Parménide jusque dans ses derniers écrits ou conférences
(fin du Séminaire de Zähringen, in Questions IV ) : il faut penser la « tautologie » parménidienne ( esti gar einai, « l’être est »).
Mais l’affirmation parménidienne de l’être suscite des lectures très diverses.
Tout autre que celle de Heidegger est ainsi l’interprétation d’Étienne Gilson ( l’Être et l’Essence, p.
25-26) : il faut éviter chez Parménide l’anachronisme d’une ontologie
abstraite ; Parménide est un « physicien » qui vise le « ce qui est » (l’ étant ).
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