Pakistan (1998-1999): Tensions et crise économique
Publié le 20/09/2020
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«
L'euphorie qui avait suivi les six essais nucléaires des 28 et 30 mai 1998
(succédant aux essais indiens des 11 et 13 mai) dans un quasi-consensus national
a été de courte durée.
Le déclin des institutions s'est accentué et la
polarisation ethnique et sociale s'est renforcée alors que le pays semblait
s'enfoncer dans une crise économique sans issue.
L'annonce par le Premier ministre Mian Nawaz Sharif, le 11 juin, de la
construction du barrage de Kalabagh a suscité une forte opposition dans la
Province de la frontière du Nord-Ouest (NWFP), ainsi que dans le Sind et au
Baloutchistan.
Les partis nationalistes pachtou, baloutches et sindhis,
dénonçant l'hégémonie du Pendjab, ont formé en octobre 1998 le Mouvement des
nations opprimées du Pakistan (PONAM), réclamant un amendement de la
Constitution en vue d'établir un système confédéral garantissant une large
autonomie aux "nations" qui forment le Pakistan.
M.
Nawaz Sharif, soucieux de se concilier les partis religieux et de détourner
l'attention de l'opinion des difficultés économiques, a introduit en août le 15e
amendement (Shariat Bill) permettant au gouvernement d'émettre des directives
pour appliquer la loi islamique et de "prescrire le bien et interdire le mal".
Ce projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale en octobre 1998 dans une
version édulcorée, a été rejeté par le Sénat.
Le Premier ministre avait pourtant
incité la population à faire pression sur les sénateurs pour les contraindre à
le voter.
Le général Jahangir Karamat, chef de l'État-Major, a été contraint de
démissionner en octobre.
Il avait affirmé que le principal problème du pays
était l'économie et préconisé la formation d'un Conseil national de sécurité
pour éviter le chaos.
L'armée a toutefois été de plus en plus impliquée dans les
institutions civiles: la gestion de la WAPDA (Compagnie de l'eau et de
l'électricité), en quasi-faillite, lui a notamment été confiée et 30 000
militaires ont été chargés de recenser fraudeurs et mauvais payeurs.
Les violences entre factions du MQM (Mouvement national unifié) ont repris à
Karachi, où plus de 600 personnes, dont 110 pour le seul mois d'août, ont trouvé
la mort entre janvier et octobre 1998.
Après le meurtre en octobre de Hakeem
Muhammad Saeed, ancien gouverneur du Sind et recteur de la Hamdard University,
le gouvernement a accusé le MQM d'être une organisation terroriste, ce qui a
entraîné la rupture de l'alliance entre ce parti et la Ligue musulmane du
Pakistan (PML).
Le gouvernement provincial a été dissous et le Sind est passé
sous administration fédérale, l'armée étant chargée de seconder l'administration
civile pour le maintien de l'ordre.
Des tribunaux militaires (déclarés
inconstitutionnels par la Cour suprême en février 1999) ont été instaurés dans
la province pour lutter contre le terrorisme.
Cette "thérapie de choc" n'a
pourtant pas semblé avoir les effets escomptés.
Violences confessionnelles
Comme les années précédentes, les violences confessionnelles entre sunnites et.
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