Pakistan 1987-1988: Démocratisation en trompe-l'oeil
Publié le 20/09/2020
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L'année 1987 a été marquée au Pakistan par une grande violence.
Plutôt que des
conflits proprement politiques, la violence exprime soit les clivages ethniques
du Pakistan, soit les débordements, à l'intérieur du territoire pakistanais, de
conflits internationaux, essentiellement le conflit afghan, mais aussi la
question iranienne.
Sur le plan intérieur, on avait assisté en 1987 à une stabilisation et une
ouverture du système politique.
Le général Mohammad Zia ul-Haq avait réussi à
légitimer son processus de retour progressif à la démocratie.
Les partis
d'opposition avaient pour la plupart cessé de réclamer la dissolution de
l'Assemblée nationale (élue sur une base "sans-parti") ainsi que des élections
anticipées (les élections normales étaient prévues pour 1990), même s'ils
contestaient, comme le Parti populaire pakistanais (PPP) de Benazir Bhutto, le
principe de l'enregistrement nécessaire des partis politiques.
La volte-face du
président Zia, le 29 mai 1988, à son retour d'une tournée en Asie a cependant
bouleversé le jeu politique: il a congédié son Premier ministre Junejo et
dissous le Parlement, laissant peser l'incertitude sur l'avenir des institutions
démocratiques.
L'échec de la politique de rupture menée par l'opposition en 1986 et axée sur
les manifestations de rues a amené les partis d'opposition (regroupés dans le
Mouvement pour la restauration de la démocratie, MRD) à jouer le jeu des
élections locales.
L'opposition au général Zia a perdu son élan qui avait
culminé lors du retour de Benazir Bhutto en 1985 et qui s'était cristallisé
autour du PPP.
Les partis politiques correspondent en fait à des regroupements
ethniques et tribaux, y compris pour l'extrême gauche regroupée dans le Parti
national Awami, qui s'est révélé être en fait un parti pashtoune.
Au Pakistan,
l'idéologie s'efface derrière l'ethnicité, ce qui permet au pouvoir central de
garder le contrôle du processus politique.
Aux élections locales de décembre 1987, la Ligue musulmane du Premier ministre
Junejo a emporté un net succès dans tout le pays (sauf à Karachi et dans la
province du Nord-Ouest).
Le PPP a subi un échec patent, bien qu'il soit resté la
deuxième force politique du pays sur le plan national.
La plupart des autres
partis n'ont de base qu'ethnique ou régionaliste.
Les troubles ethniques qui ont ensanglanté le Pakistan ont surtout touché
Karachi, où s'opposent les Pathans (Pashtounes pakistanais venus de la province
de la frontière du Nord-Ouest) et les Mohajers (réfugiés d'Inde au moment de la
partition en 1947).
Karachi, avec huit millions d'habitants, est la plus grande
ville du Pakistan, où les Sindhis, la population autochtone de la province, sont
minoritaires.
Les autres groupes sont formés par les Pathans, les Mohajers, les
Baloutches et les Punjabis.
Les heurts sont restés endémiques, avec des pointes
en janvier et durant l'été 1987.
Jusqu'en 1987, le pouvoir municipal était aux
mains des Pathans et des Punjabis.
Mais les Mohajers, après avoir formé leur
parti politique (le Mouvement "mohajer qawmi"), ont remporté les municipales de
décembre 1987 sous la direction de leur jeune leader Altaf Husseyn.
D'autres
heurts ont opposé Pashtounes et Baloutches à Quetta, et en septembre (pendant
les grandes manifestations chiites du Moharram), les sunnites et les chiites se.
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