Pakistan (1985-1986): Levée de la loi martiale
Publié le 20/09/2020
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«
1985 a vu la levée de la loi martiale au Pakistan.
Le 30 décembre, le
général-président Zia ul-Haq, au pouvoir depuis 1977, a annoncé la restauration
des "libertés fondamentales", le démantèlement des tribunaux militaires et a mis
fin à un état d'urgence qui durait depuis vingt ans.
Si elles ont été bienvenues, ces mesures n'ont toutefois modifié en rien le
paysage politique.
Au début de 1986, le pouvoir était toujours largement
accaparé par le général Zia ul-Haq qui, en plus de demeurer chef d'état-major
des armées, jouissait d'une position présidentielle renforcée en vertu
d'amendements constitutionnels adoptés en mars 1985.
Il pouvait aussi
"légitimement" gouverner jusqu'en 1990: Zia a en effet conclu qu'en approuvant
sa politique d'islamisation lors du référendum de décembre 1984, la population
lui donnait le mandat de poursuivre son oeuvre pendant encore cinq ans!
Quant à l'opposition, elle ne représentait toujours pas, au début de 1986, une
menace sérieuse pour le régime.
Certes, elle a profité du rétablissement du
droit d'association pour organiser plusieurs manifestations et ces dernières ont
donné lieu à des rassemblements impressionnants à Lahore, à Rawalpindi, au
Peshawar...
Ils étaient même 70 000 à Karachi, le 29 janvier 1986, pour dénoncer
le régime et réclamer de nouvelles élections.
Toutefois, privée d'audience par
la concentration des médias dans les mains du pouvoir et désorganisée par huit
années de loi martiale, l'opposition souffrait toujours d'un manque chronique de
militants.
Des onze partis qui composaient le Mouvement pour la restauration de
la démocratie (MRD), seul le Parti populaire du Pakistan (PPP) de Benazir Bhutto
(fille du Premier ministre Ali Bhutto exécuté en 1979) avait une base populaire
(dans le Sind, au sud du pays).
Pour le MRD, 1985 a été une année de "marginalisation", résultat de l'erreur
tactique qu'a constitué le boycottage des élections nationales du 28 février
1985.
Honnêtes, ces élections - où il était interdit de se présenter sous la
bannière d'un parti - ont été coûteuses pour l'opposition.
Tout d'abord parce
que Zia a gagné en légitimité, 57% des inscrits ayant voté malgré l'appel au
boycottage.
Ensuite parce que l'absence de l'opposition a permis au
Jamaat-i-Islami et à la Ligue musulmane pakistanaise (deux partis relativement
pro-Zia) de remplir les rangs de l'Assemblée nationale.
Dès la session inaugurale de l'Assemblée nationale, en juin 1985, Zia ul-Haq a
nommé Mohammad Khan Junejo, membre de la Ligue musulmane pakistanaise, au poste
de Premier ministre.
Ce dernier a immédiatement pallié l'absence de partis
politiques en regroupant ses partisans sous la bannière du Groupe parlementaire
officiel (GPO), alors que les membre du Jamaat-e-Islami et autres indépendants
formaient le Groupe parlementaire indépendant (GPI).
Le 14 juillet 1985, jour anniversaire de l'indépendance, Junejo a annoncé la
levée de la loi martiale pour la fin de l'année.
D'intenses négociations ont
suivi entre le Parlement et Zia, portant sur divers amendements
constitutionnels.
Préférant que les amendements soient adoptés par consensus
plutôt qu'à la majorité, Zia a fait d'importantes concessions au GPO et au GPI:
il acceptait d'abolir le Conseil national de sécurité - supra-législature dont.
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