Pakistan (1983-1984): La dictature ébranlée
Publié le 20/09/2020
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Le général Mohamed Zia Ul Haq, au pouvoir depuis 1977, a vu tout au long de 1983
et de 1984 sa dictature sérieusement ébranlée par le Mouvement pour la
restauration de la démocratie (MRD).
La première grande manifestation marquant
le début de la "campagne de désobéissance civile" a eu lieu le 14 août 1983: des
dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de la plupart
des grandes villes du Sud du pays.
À Karachi, vingt mille personnes ont défilé,
réclamant la suppression de la loi martiale, le rétablissement de la
Constitution de 1973, élaborée par Ali Bhutto, et la reconnaissance des libertés
démocratiques.
La répression n'a pas tardé: des centaines de manifestants ont
été interpellés, d'autres ont été molestés.
Une contre-manifestation a rassemblé
cinq mille partisans du régime dictatorial.
Pourtant, le bilan de ce premier
jour de contestation pacifique a été un succès pour les organisateurs, qui n'en
espéraient pas autant.
Le MRD est une coalition regroupant neuf partis politiques - tous interdits
depuis le coup d'État militaire -, ayant des orientations idéologiques
différentes, mais s'accordant dans la commune volonté de rétablir la démocratie
et de mettre en place des élections nationales libres afin de constituer un
gouvernement représentatif des multiples opinions.
Le 19 août, le général Zia
promettait devant l'Assemblée consultative - qu'il a créé en 1981 - des
élections au printemps 1984 et la levée de la loi martiale au 23 mars 1985, date
du quarante-cinquième anniversaire de la création du Pakistan par la Ligue
musulmane.
Mais ces promesses, comme les précédentes, sont restées lettre morte.
Le
Mouvement a lancé d'autres journées de désobéissance civile, que le général Zia
a contré par une répression accrue: les tribunaux ont été plus sévères, la
police plus brutale et les arrestations "préventives" plus nombreuses.
Mais ce
durcissement n'a pas découragé les manifestants, et les actions de contestation
ont redoublé, marquées par le pluralisme politique et social et leur
localisation limitée à certaines régions.
Pluralisme politique, d'abord, reflété par la composition même du Mouvement,
allant du parti conservateur Tehrik-I-Istiqlal dirigé par le général Asghar
Khan, à la gauche radicalisée représentée par l'avocat emprisonné Rasul Bakksh
Tehrik ; pluralisme social aussi, manifesté par l'appui de groupes sociaux très
divers (paysans, petits fonctionnaires, employés du privé, professions
libérales, étudiants et intellectuels, etc.), parmi lesquels les femmes - ce
n'est pas rien dans un État musulman aussi intransigeant - ont joué, un rôle
particulièrement actif.
Mais ce Mouvement s'est très peu développé dans le
Punjab (situé dans le Nord-Est du pays).
En effet, le Mouvement est né dans le
Sind (au Sud du pays) et a vite conquis de nombreuses sympathies dans le
Baloutchistan (à l'Ouest), autorisant ainsi le gouvernement à évoquer le danger
de séparatisme.
Il n'en a pourtant rien été, les politiciens du Mouvement
n'ayant fait montre d'aucune vélléité d'indépendance régionale.
Ils ont
souhaité, par contre, la fin du favoritisme que les gouvernants ont pratiqués à
l'égard des Penjabis.
Ceux-ci représentant plus de la moitié (55%) d'une
population totale de près de 90 millions de personnes, mais ils accaparent une
part beaucoup plus importante des investissements et des créations d'emplois..
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