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Pacte d'Ankara

Publié le 16/05/2020

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« Pacte d'Ankara Accord entre Anglais, Français et Turcs.

Moins d'un quart de siècle après les sanglants combats de Gallipoli, lesBritanniques et les Français se retrouvèrent en Turquie, mais, cette fois, avec des intentions pacifiques.

Les anciensennemis se proposaient, en effet, de signer un pacte d'assistance mutuelle en cas d'agression.

Ce fut chose faite le19 octobre 1939, c'est-à-dire après l'entrée en guerre de la Grande-Bretagne et de la France contre l'Allemagne.

Lepremier ministre turc, Reyfik Saydem, signa pour son pays.

La Turquie resta neutre, mais, moralement, elle serangeait du côté des Alliés.

Cette prise de position de la part d'un pays qui contrôlait les Dardanelles, la mer deMarmara et la mer Noire revêtait une importance capitale et les diplomates considérèrent la signature du pactecomme un coup de maître.

Après la Grande Guerre, les Alliés avaient tenté de placer le détroit sous l'autorité d'unecommission internationale.

Les Turcs s'opposèrent à ce projet et, en 1936, lors de la conférence de Montreux, ilsobtinrent de nouveau le droit de fortifier le détroit.

L'accord limitait le nombre et le tonnage des bâtiments de guerreétrangers autorisés à franchir le détroit et reconnaissait aux Turcs le droit d'en interdire l'accès, si leur pays setrouvait engagé dans une guerre.

Comme les Alliés ne désiraient nullement entraîner la Turquie dans quelque guerreque ce fût, ils conclurent volontiers, en mai 1939, ce que Neville Chamberlain appela «un accord à long terme établipar les parties intéressées en vue de leur sécurité mutuelle».

Un autre aspect des négociations concernaitparticulièrement l'URSS.

En effet, sans l'autorisation turque, aucun navire soviétique, bulgare ou roumain ne pouvaitpénétrer en Méditerranée.

De la même façon qu'ils avaient signé un accord en bonne et due forme avec lesBritanniques et les Français, les Turcs cherchèrent à conclure un pacte de non-agression avec les Soviétiques.

Maisla récente alliance germano-soviétique compliqua le problème.

Les puissances occidentales se demandaient avecanxiété comment les Turcs allaient résoudre ce conflit d'intérêts. Les Occidentaux devancent les Russes.

Lorsqu'en septembre 1939, le ministre des Affaires étrangères turc, SücrüSarad-joglou, se rendit à Moscou pour discuter du pacte soviéto-turc, il trouva Molotov, son homologue, peudisposé à conclure.

Sans doute les Russes subissaient-ils alors des pressions de Berlin.

Saradjoglou regagna sonpays les mains vides.

Le mois suivant, les Turcs, las de temporiser, se déclarèrent en faveur des Occidentaux.

Le 19octobre, Chamberlain annonça la signature du pacte d'Ankara.

Soucieux de ne pas présenter l'accord comme unavantage acquis sur l'Union soviétique, il précisa: «Moscou et Ankara affirment que les relations de l'Union soviétiqueet de la Turquie continueront, comme par le passé, à reposer sur des liens d'amitié.» Le pacte, comprenant neufarticles et deux protocoles, stipulait qu'en cas d'agression, les gouvernements français et britanniquessoutiendraient la Turquie «par tous les moyens à leur disposition».

Si, par contre, les Français et les Britanniquesd'une part et les Turcs d'autre part se trouvaient entraînés dans un conflit de caractère méditerranéen, avec unenation européenne, le ou les pays non agressés «collaboreraient efficacement avec le ou les agressés en leurapportant toute l'aide en leur pouvoir».

Les Turcs s'engagèrent aussi à respecter les garanties accordées à la Grèceet à la Roumanie.

Si un pays européen engageait les hostilités avec la France et l'Angleterre pour des raisons nonprévues par le pacte, la Turquie observerait alors «une bienveillante neutralité» à l'égard de la France et de laGrande-Bretagne.

Le traité déclarait explicitement qu'il n'était dirigé contre aucune puissance.

Le second protocolecontenait une clause surprenante, selon laquelle «les obligations contractées par la Turquie en vertu du traitéprécité ne sauraient entraîner ce pays dans une action ayant pour effet, direct ou indirect, de déclencher un conflitarmé avec l'URSS».

Les Turcs réussirent ainsi à consolider leur position diplomatique.

En apaisant les troispuissances européennes destinées à devenir les plus grands adversaires d'Hitler, ils maintinrent leur pays hors de laguerre.. »

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