Pablo PICASSO
Publié le 02/12/2021
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Pablo Ruiz Picasso, (né à Málaga, Espagne, en 1881 et mort en 1973 à Mougins, France) est un peintre, dessinateur et sculpteur espagnol. Fondateur du cubisme avec Georges Braque, compagnon d'art du surréalisme, il fut l'un des artistes majeurs du XXe siècle.
PICASSO ET LA MODERNITE PARISIENNE :
Tout au long de sa vie, Picasso fera preuve d'un talent indéniable pour reconnaître celui des autres. Contournant la question directe de la référence ou de l'influence, il semble bien plus pertinent de parler d'hommage, et surtout d'inspiration : arrivé à Paris, Picasso se rend dans les expositions, les galeries. Rapidement il se constitue une collection fascinante par son éclectisme ; il s'inspire des autres artistes, mais aussi des cartes de visite qu'il collectionne, des coupures de journaux. Le peintre trouve son inspiration partout : « Je ne cherche pas, je trouve «, telle est sa devise.
Tout commence en octobre 1900, quand il se rend à Paris pour la première fois, accompagné de ses amis le poète Casagemas et le peintre Pallarès. C'est l'occasion pour Picasso de visiter les expositions, les galeries et de découvrir l'impressionnisme et le post-impressionnisme. Il rencontre le marchand catalan Pedro Manach, qui vend immédiatement trois de ses pastels à Berthe Weill ; il lui offre également un contrat de 150 francs par mois. Lors de cette première visite dans la capitale, le jeune peintre se glisse dans le milieu parisien interlope, celui qui fréquente le Moulin Rouge et les lieux nocturnes de la capitale. Dans ce Paris foisonnant, il s'imprègne de l'atmosphère si particulière, source de création immédiate. Familier des lieux immortalisés par Toulouse-Lautrec et Degas, il découvre leurs oeuvres, comprend leur inspiration et leur rend hommage.
De retour à Barcelone, il retrouve ses amis ainsi que le cabaret Els Quatre Gats à l'origine de ses premières commandes, mais pour lui, c'est à Paris que les choses se passent. Il y retourne pour deux séjours de quelques mois entre 1901 et 1903 avant de s'y fixer durablement à l'hiver 1904. Déjà, lors de son premier séjour, bénéficiant des entrées de ses amis catalans dans le milieu artistique parisien, il frappe plus d'un amateur par son talent et sa première exposition est organisée chez Ambroise Vollard, le marchand des impressionnistes, de Cézanne et de Gauguin. Pour le jeune peintre, être accueilli dans cette galerie est, bien sûr, un honneur et l'exposition sera un succès : plus de la moitié de ses oeuvres y sont vendus. Picasso montre déjà un tempérament singulier. Ses oeuvres sont influencées par les impressionnistes, la palette colorée notamment, mais le trait révèle un esprit synthétique novateur. Encouragé par ses succès parisiens, il s'installe au Bateau-Lavoir en 1904. Par ce lieu désormais célèbre transite une nouvelle génération d'artistes. Picasso y rencontre sa première compagne Fernande, et ses amis et artistes, ceux qu'ils retrouvent régulièrement au Lapin Agile : Max Jacob, Apollinaire et, plus tard, André Derain, Vlaminck, Braque… Dès 1905, il rencontre aussi des collectionneurs, étrangers pour la plupart russe ou américain, entamant une relation féconde avec le monde marchand de l'art et qui ne cessera jamais.
C'est donc à Paris que le dialogue qu'il entretient avec toutes les formes artistiques débute : son intérêt pour les oeuvres primitives, les masques africains, les statues ibériques qu'il découvre au Louvre, mais aussi les maître de la peinture française, les italiens. Il ausculte chaque oeuvre pour comprendre sa genèse, son inspiration, sa fascination. Cette attitude lui permet de nouer une conversation singulière avec certains grands peintres. C'est ainsi qu'à rebours des autres artistes de l'avant-garde parisienne, Picasso s'intéresse au Renoir ingresque, le maître de la figure. Dans les moment douloureux de sa vie, à la mort de son ami Casagemas, lorsqu'il initie sa période bleue, c'est le dialogue fécond avec Degas, son intérêt pour les déshérités, les oubliés de la société qui domine. Et puis, il y a la rencontre avec Cézanne, riche, rapide, comme une révélation. Il découvre en Cézanne le constructeur d'espace. Ses sources d'inspiration ne cessent dès lors de s'élargir à la faveur des hommages rendus à Cézanne et à Gauguin au Salon d'Automne, en 1906 et 1907, face aux oeuvres primitives découvertes au Trocadero ou chez son ami Derain.
LA LECON DE CEZANNE:
A l'occasion de la rétrospective consacré à Paul Cézanne au Salon d'Automne de 1907, Braque et Picasso perçoivent l'étendue de la révolution cézanienne et portent un regard nouveau sur son oeuvre. Ils partent d'un postulat simple : avant de poser sa touche, il faut considérer le tableau dans son ensemble, comme une synthèse du travail préparatoire mental. Ensemble, ils décident de représenter sur la toile tous les instants de la composition, principalement la décomposition visuelle que chaque artiste fait subir à une forme afin de pourvoir la représenter.
Paul Cézanne, La Mer de l'Estaque – 1878/79 Pablo Picasso, L'Usine à Horta -1909
Huile sur toile (73x92cm) Huile sur toile (50.7x60.2cm)
Coll. Musée Picasso, Paris Coll. Musée de l'Ermitage, St-Pétersbourg
Ce travail se concrétise, dès 1908s dans l'oeuvre de Picasso. Et à l'été 1909, lorsqu'il séjourne en Espagne à Horta de Ebro, il soumet arbres, paysages, troncs et maisons à la loi de la simplification géométrique, composant son espace dans un camaïeu coloré dominé par l'effet de ligne. Il reprend la leçon de Cézanne : « Traiter la nature par le cylindre, la sphère, le cône. « Quelques mois plus tard, fidèle à lui-même, Picasso s'éloignera de la référence cézannienne pour continuer d'emmener le cubisme sur la voie de l'expérimentation. Par la limitation des effets colorés, l'insertion d'éléments réels, le peintre prendra ses distances avec l'oeuvre de Paul Cézanne. Mais celui-ci continuera néanmoins d'occuper une place particulière dans sa collection, et ce, tout au long de sa vie.
Paul Cézanne, Portrait d'Ambroise Vollard -1899 Pablo Picasso, Ambroise Vollard -1910
Huile sur toile (100x81cm) Huile sur toile (92x65cm)
Coll. Musée du Petit Palais, Paris Coll. Pushkin Museum, Moscou
Marchand au flair infaillible, Ambroise Vollard est le premier marchand de Cézanne et des impressionnistes. Il exposera Picasso dès 1901. Rendant un double hommage à son marchand et à Cézanne Picasso réalise se portrait en 1910, utilisant la décomposition en facettes et le camaïeu sombre du cubisme analytique. Ce dernier célèbre pour les 115 séances de poses qu'il aurait exigées de son modèle, avant d'affirmer qu'il n'était pas « mécontent du devant de la chemise «, il propose un portrait de Vollard presque intemporel et universel. La technique de Cézanne, ses équilibres perpétuellement mis en péril entre les objets, entre la couleur et le dessin, entre l'aspect plastique et la vérité de ce qu'il ressent, permet de comprendre la patiente et minutieuse composition de son tableau. Vollard observe que le peintre ne posait pas sur sa toile de grands coups de pinceau, mais de petites touches très fines qui séchaient immédiatement les uns sur les autres, ces touches étant soulignée par des lignes très puissante. Cette description de la touche cézannienne pourrait tout à fait s'appliquer au portrait exécuté pas Picasso qui fait aussi subir au modèle une simplification géométrique. C'est grâce à cette décomposition en facettes, par de petites touches rapides, que le peintre crée un effet de profondeur et construit l'espace de sa toile.
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