Ouzbékistan (2005-2006): La fuite en avant
Publié le 20/09/2020
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«
La période 2005-2006 a consacré, à bien des égards, la logique d’enfermement
poursuivie par les autorités ouzbèkes et la détérioration des relations de
l’Ouzbékistan avec ses partenaires occidentaux : répression sanglante du
soulèvement de la ville d’Andijan au printemps 2005 ; retrait du droit
d’utilisation de la base aérienne de Karchi-Khanabad signifié aux États-Unis à
l’été ; embargo européen décrété à l’automne sur les équipements susceptibles
d’être utilisés à des fins de répression interne, et interdiction de séjour pour
les responsables des ministères de force.
La situation des médias et des
organisations non gouvernementales (ONG) est demeurée préoccupante.
Plusieurs
bureaux de représentation, américains pour la plupart (Internews, Radio Free
Europe, BBC World service, Freedom House, Haut Commissariat des Nations unies
pour les réfugiés), ont ainsi été fermés.
D’autre part, plusieurs leaders de
l’opposition ont été incarcérés : Elena Ourlaeva, membre du parti Paysans libres
(Ozod Dekhonlar) est restée internée en hôpital psychiatrique pendant deux mois
; Sanjar Oumarov, chef de file de la coalition Ouzbékistan ensoleillé,
emprisonné depuis octobre 2005, a été condamné à une peine de dix ans ;
Saidjakhon Zainabitdinov, dirigeant de l’organisation Appeliatsia, basée à
Andijan, est, quant à lui, incarcéré depuis le mois de mai 2005.
Mais les
arrestations des leaders de partis politiques ou d’organisations de défense des
droits de l’homme n’ont représenté que la partie immergée de l’iceberg, leur
relative notoriété plaidant en faveur, sinon d’une clémence des autorités, du
moins d’une certaine retenue.
En revanche, les pressions se sont exercées plus
durement encore sur les militants de l’ombre ou le personnel ouzbek des
organisations étrangères.
Par ailleurs, le procès des instigateurs du soulèvement d’Andijan (qui a fait
187 victimes selon le bilan officiel, mais près de 1 000 selon différentes ONG)
s’est ouvert à Tachkent, au mois de septembre 2005.
Les dépositions des quinze
accusés et les auditions des témoins ont confirmé, jusque dans les moindres
détails, les hypothèses de l’enquête officielle : implication du Kirghizstan
voisin, qui abriterait des camps d’entraînement terroriste ; responsabilité du
mouvement islamiste Akramiya, auquel appartenaient les manifestants ;
financement des opérations par « l’étranger » ; encouragement à la rébellion et
au renversement du régime par des journalistes également « étrangers » ; etc.
Contre toute attente, le procureur n’a pas requis la peine de mort, mais des
peines allant de 15 à 20 ans de prison.
Néanmoins, ce n’est pas tant le verdict
qui comptait.
Ce procès, aux allures staliniennes, avait davantage pour objet
d’accréditer, vis-à-vis de l’opinion publique locale et internationale, la thèse
d’un complot terroriste fomenté par « l’étranger » pour renverser le régime.
D’autoritaire, celui-ci est devenu sécuritaire depuis les événements d’Andijan,
tant le contrôle du pays et de la population s’est renforcé.
Consciente de la
gravité de la situation, mais victime d’une pression policière croissante, la
population locale est partagée entre la peur du lendemain, toujours plus
incertain, et la résignation face à une situation, certes peu enviable, mais à
laquelle elle s’est habituée.
En compétition pour le leadership régional, l’Ouzbékistan a fait de plus en plus
figure de colosse aux pieds d’argile, tandis que le Kazakhstan a continué sa
course en tête.
La question des réfugiés a envenimé les relations avec le.
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