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Ouzbékistan (2003-2004): Un régime de terreur

Publié le 20/09/2020

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« Les attentats des derniers jours du mois de mars 2004 survenus à Tachkent et Boukhara (23 victimes) ont rappelé à la communauté internationale l’extrême gravité de la situation politique en Ouzbékistan.

Les moyens utilisés, l’attaque de femmes kamikazes dans le bazar de Chorsu et celle d’un petit commando mixte aux abords de la résidence présidentielle, ont fait penser aux méthodes des groupes islamistes radicaux.

Cependant, contrairement à ceux de février 1999 qui avaient demandé une importante logistique et touché les principaux centres de pouvoir, les attentats de 2004 ont montré la faiblesse relative des moyens dont dispose l’opposition armée.

Le gouvernement ouzbek semble avoir brisé les capacités d’organisation de son opposition islamiste armée opérant à partir de maquis.

Ces attentats sont sans doute le fait de cellules dormantes d’activistes.

Ils font écho au désespoir d’une population vivant dans un dénuement grandissant, victime des exactions d’un régime réprimant toute forme d’opposition politique. L’installation de forces américaines fin 2001 (après le «11 septembre» et en liaison avec l’intervention en Afghanistan) et le rajeunissement de l’entourage présidentiel (nomination de Shavkat Mirziyayev comme Premier ministre) avaient un temps laissé espérer qu’en contrepartie de l’aide apportée et de la stabilisation de la situation régionale le gouvernement assouplirait son attitude en matière de respect des libertés politiques et économiques.

Il n’en fut rien, au contraire.

La part de la population dont le niveau de vie est proche de la simple autosuffisance alimentaire était estimée à 80 % en 2003.

Le désespoir est d’autant plus sensible que les pays voisins, hormis le Turkménistan, ont connu une nette amélioration de leur situation économique. C’est d’ailleurs vers ces pays que les Ouzbeks se sont tournés pour survivre, comme travailleurs émigrés ou contrebandiers.

Comment expliquer cette situation, alors que 300 millions de dollars d’aide américaine ont été versés en 2003 et que le «sommet» de la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) s’est tenu à Tachkent ? Le gouvernement ouzbek a rendu sa monnaie convertible en octobre 2003, au prix d’une réduction de la masse monétaire provoquant une surévaluation du som.

Le cours de ce dernier, artificiellement élevé par rapport aux monnaies voisines, a asphyxié l’économie intérieure.

Pour ne pas voir les produits étrangers submerger le pays, des taxes à l’importation et à la vente ont été créées, décourageant tout commerce légal.

Les salaires ont été maintenus à un bas niveau avec parfois des retards de paiement de plusieurs mois.

Cette situation a permis, tout en respectant les critères du FMI, d’engendrer un fort excédent commercial (600 millions de dollars) venant alimenter des travaux d’infrastructure, mais également les comptes personnels des principaux apparatchiks. Les profits deviennent colossaux quand l’aide internationale supplante les dépenses de l’État.

Une infrastructure soviétique obsolète mais robuste et complète permet de ne pas grever le budget par de grands travaux.

Certes, il faut faire face à l’opposition de la population qui n’est pas totalement dupe, malgré un matraquage idéologique permanent, mais la force du régime réside dans ses organes de sécurité, véritables maîtres de l’économie intérieure et bénéficiaires de l’État de non-droit.

Le racket de toutes formes de revenu en a. »

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