Ouzbékistan (1991-1992)
Publié le 20/09/2020
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«
L'Ouzbékistan est la république musulmane d'Asie centrale la plus peuplée.
Les
apparatchiks de l'ancien régime communiste ont su conserver le pouvoir en
adoptant un discours avant tout nationaliste.
Islam Karimov était premier
secrétaire du parti depuis 1989.
En 1990, il évinça Nichanov, un autre
apparatchik, comme président de la République, ce dernier poste correspondant
désormais au véritable pouvoir.
Le Parti communiste fut rebaptisé à l'automne
1991 Parti démocratique populaire.
Le choix d'une idéologie nationaliste a aussi
correspondu à un accroissement des tensions ethniques: en juin 1989, ce sont les
Turcs meskhètes qui firent l'objet de pogroms; en juin 1991, des émeutes
opposèrent Kirghizes et Ouzbeks dans la ville frontalière d'Och.
Mais aucun
mouvement n'a visé les Russes, encore très nombreux dans la république (plus de
1,7 million en 1990).
Le régime a dû faire face à deux oppositions: d'un côté le parti Birlik
(l'Unité), nationaliste, dirigé par Abdurrahim Pulatov et fondé en 1988, qui a
été toléré, mais très contrôlé; de l'autre, un mouvement islamiste virulent,
dirigé par le Parti de la renaissance islamique, et qualifié de "Wahhabi".
Il
est surtout influent dans la vallée de Fergana, haut lieu de contestation.
Une
dernière forme d'opposition vient de la minorité tadjik, majoritaire dans les
villes historiques de Samarcande et de Boukhara: ils ont obtenu au début de 1990
le droit d'utiliser leur langue, tout en faisant l'objet d'une répression
récurrente.
Tachkent est le siège de la Direction spirituelle des affaires religieuses pour
l'Asie centrale et le Kazakhstan, dirigée depuis 1989 par Mohammad Youssouf, que
contestent les islamistes.
Tachkent compte bien utiliser cette présence, ainsi
que l'existence de fortes minorités ouzbeks dans toutes les républiques
voisines, y compris en Afghanistan, pour s'imposer comme le chef de file de
toute l'Asie centrale.
Mais l'État du Kazakhstan joue son propre jeu, et le
mufti de Tachkent a tendu à perdre tout contrôle sur le Kazakhstan.
L'Ouzbékistan turcophone de I.
Karimov, tout en refusant le panturquisme,
entretient des liens étroits avec la Turquie, à la fois pour contrer Téhéran et
pour trouver un parrain pour son développement économique.
La visite du Premier
ministre turc, Süleyman Demirel, fin avril 1992, a donné lieu à des promesses
d'aide pour la formation, dans tous les domaines (y compris militaires).
Mais l'Ouzbékistan a voulu garder toutes les portes ouvertes: aux Iraniens et
aux Arabes on a parlé de retour à l'alphabet arabe, aux Turcs et aux
Occidentaux, on parle d'alphabet latin.
L'Arabie saoudite joue un grand rôle
dans le parrainage des mosquées officielles du pays mais Tachkent a reconnu
l'État d'Israël.
Enfin le pays est devenu membre actif de l'ECO (Organisation de
coopération économique) où se retrouvent Turcs, Iraniens et Pakistanais, moyen
de s'insérer dans le nouvel ensemble stratégique qu'est le Moyen-Orient, sans
avoir de choix idéologique à trancher par rapport aux modèles turc et iranien.
Bref, la volonté de se maintenir au pouvoir n'a pas empêché le régime de jouer
un jeu très ouvert avec l'étranger.
Le développement économique s'est heurté aux dégâts de la monoculture du coton.
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