Ouganda (2001-2002) Verrouillage politique
Publié le 20/09/2020
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«
Le président ougandais, Yoweri Museveni, réélu à une forte majorité en mars
2001, a procédé à un remaniement ministériel sans surprise.
Il s'est à nouveau
entouré de ses plus fidèles alliés, dont certains compromis dans des affaires de
corruption ou censurés par l'ancien Parlement.
Ces nominations ont confirmé le
ferme maintien qu'il entendait conserver sur la vie politique ougandaise.
Parallèlement, les violences politiques contre l'opposition se sont accentuées.
Depuis les scrutins présidentiel et législatif de mars et juin 2001, les
arrestations se sont poursuivies dans le proche entourage du rival électoral de
Y.
Museveni, le colonel Kiiza Besigye.
Craignant pour sa sécurité, ce dernier a
choisi de s'exiler aux États-Unis à la fin août 2001.
L'intransigeance de Y.
Museveni envers les partis politiques était désormais
contestée par une opposition plus prompte à la résistance, ainsi que par l'aile
progressiste du Mouvement (organisation pivot du régime).
Un projet de loi
visant à restreindre les partis politiques et à contrôler leur implantation au
niveau local a été adopté en mai 2002.
Pendant les débats, plusieurs ténors du
Mouvement se sont dégagés de la ligne directrice dictée par Y.
Museveni, se
déclarant favorables à une plus grande ouverture politique.
Ces divergences au
sein même de l'organisation laissaient entrevoir l'âpreté de la lutte politique
s'annonçant pour la succession de Y.
Museveni qui, selon les termes
constitutionnels, devrait quitter le pouvoir en 2006.
Au niveau régional, le lent désengagement de la plus grande partie des troupes
ougandaises du Congo (-Kinshasa), au premier semestre 2001, mettait un terme à
une présence à la fois coûteuse et impopulaire pesant sur l'image extérieure de
l'Ouganda.
Les relations entre le Rwanda et l'Ouganda, gravement affectées depuis les
affrontements de leurs armées à Kisangani (à trois reprises entre 1999 et 2000),
ont connu une nouvelle dégradation en 2001.
D'un côté, Y.
Museveni a accusé
Kigali d'avoir soutenu la campagne présidentielle de son opposant, de l'autre,
le Rwanda soupçonnait Kampala d'accueillir les dissidents et déserteurs
rwandais.
Au plus fort des tensions, en avril et octobre 2001, les deux pays
annonçaient en coulisse l'imminence de la guerre.
À la suite d'une médiation
britannique, les deux chefs d'État se sont rencontrés à Londres le 6 novembre
2001 puis en février 2002 sur leur frontière commune, pour tenter d'éviter un
conflit qu'aucun des deux anciens alliés n'avait les moyens d'engager.
Le rapprochement avec le Soudan, amorcé depuis les accords de Nairobi de
décembre 1999, s'est, en revanche, concrétisé par l'engagement du président Omar
al-Bechir d'interrompre son parrainage de la rébellion ougandaise de l'Armée de
résistance du Seigneur (ARS, nord du pays) dès août 2001.
En mars 2002, Kampala
et Khartoum ont signé un accord autorisant l'armée ougandaise à mener une
opération militaire «limitée» au Sud-Soudan pour y détruire les bases arrière de
l'ARS.
La difficile normalisation des rapports entre les deux pays incitait
cependant à rester prudent quant aux perspectives de paix pour le Nord, en proie
à l'insécurité depuis seize ans..
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