Ouganda (1998-1999): L'image écornée du "Bismarck des Grands Lacs"
Publié le 20/09/2020
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En 1998-1999, le régime du président Yoweri Museveni est entré dans une phase
critique, liée à l'aggravation de la situation économique, à la multiplication
des scandales politiques et aux aléas de l'aventurisme militaire extérieur.
Un an après avoir permis la victoire de Laurent-Désiré Kabila, l'armée
ougandaise (Forces de défense du peuple de l'Ouganda, UPDF) s'est lancée en août
1998 dans une seconde "guerre de libération" au Congo (-Kinshasa), en soutenant
avec le Rwanda l'avancée d'un mouvement anti-Kabila.
Il semble que la décision
d'engager des troupes ait été en partie imposée par des officiers affairistes
soucieux de consolider les réseaux de contrebande établis à la faveur du premier
conflit congolais (qui avait permis la prise de pouvoir de L.-D.
Kabila en mai
1997, avec l'appui de l'Ouganda et du Rwanda).
De fait, l'économie de pillage et
de réexportation des ressources de l'Est congolais a tendu à se renforcer au
profit de l'Ouganda et du Rwanda.
Malgré la création d'un État-Major commun en
novembre 1998, l'exploitation de cette manne a suscité des tensions croissantes
entre les deux pays.
La nouvelle offensive de l'Ouganda au Congo(-Kinshasa) a certes permis à Y.
Museveni d'affermir sa sphère d'influence régionale, mais elle a aussi
considérablement érodé son image internationale de "Bismarck des Grands Lacs".
Isolé sur le plan extérieur, celui-ci a dû affronter une contestation interne
croissante.
La crise politique interne s'est également manifestée par des accusations
récurrentes de corruption et par une intensification des luttes factionnelles.
Des enquêtes parlementaires ont été mises sur pied, notamment sur la gestion des
programmes de privatisation, qui ont conduit à la censure de plusieurs ministres
proches de Y.
Museveni, dont Sam Kuteesa et Matthew Rukikaire, en charge des
Finances, Richard Kaijuka, ministre de l'Énergie et des Mines, et Specioza
Kazibwe, vice-présidente de la République.
Le chef de l'État a été contraint de
révoquer son propre frère, le général Salim Saleh, puissant conseiller à la
Défense, et de nommer, début avril 1999, un nouveau gouvernement dirigé par une
figure morale du Buganda, le professeur Apollo Nsibambi.
A l'approche du
référendum de l'an 2000 sur le multipartisme, les problèmes de corruption se
sont ainsi imposés à l'agenda politique, nourrissant les critiques de
l'opposition, mais aussi les divisions au sein du régime.
Enfin, l'Ouganda a connu une recrudescence de l'insécurité liée, d'une part, à
la rémanence des mouvements de rébellion (Forces démocratiques armées [ADF] dans
l'Ouest, Armée de résistance du Seigneur [LRA] dans le Nord), et, d'autre part,
à un développement spectaculaire du terrorisme.
Des attaques de prisons ont à
nouveau été perpétrées fin 1998, revendiquées par une mystérieuse Uganda Salvage
Front Army et les attentats à la bombe ont repris à Kampala, faisant des
dizaines de victimes.
De plus, l'assassinat, en mars 1999, de huit touristes
anglo-saxons, revendiqué par des rebelles hutu rwandais, a laissé craindre
l'émergence d'une nouvelle forme de terrorisme rural et transnational,
traduisant une coordination croissante entre les mouvements rebelles..
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