Oscar WILDE: Ballade de la geôle de Reading (Résumé & Analyse)

« Libéré après avoir purgé deux ans de prison, Wilde se réfugie sous un faux nom en France puis en Italie, où il achèvesa complainte.

La Ballade paraît en 1898 sous le pseudonyme C.3.3, qui était son matricule de prisonnier. Wilde se remémore les jours et les nuits passés dans la prison de Reading. « Il y a dans la douleur une réalité intense, extraordinaire » La Ballade est conçue comme une sorte de montée au calvaire, de l'arrivée du meurtrier, ancien soldat que l'on dépouille de son uniforme à l'instar du Christ avant son supplice, jusqu'à sa pendaison ressentie par ses compagnonsde geôle comme leur propre mort.

Après ce récit tragique, Wilde s'en prend violemment à la société dont il dénoncela cruauté.

Leitmotiv de ces cent strophes : « Chacun tue ce qu'il aime.

» Wilde rattache le crime passionnel deWooldrige, ancien soldat qui fut pendu pour avoir tué la femme qu'il aimait, au thème de la culpabilité universelle,noyau du poème.

L'exécution capitale donne à l'artiste l'occasion de dépeindre le sombre décor de Reading, lestravaux dégradants auxquels sont soumis les forçats, « l'œil qui épie à travers le judas.

Tous nous oublient, nousnous sentons pourrir, Ames et corps, pourrir, misérables ».

Il s'identifie au meurtrier : « Nous étions tous deux desréprouvés », et oppose la férocité des hommes à la pitié de Dieu : « Et pour un cœur blessé qui se repent, LeSeigneur n'aura nul mépris ». Le chant du cygne d'un « paria » Quand il quitte Reading, Wilde est un homme ruiné, brisé ; en véritable artiste, il tire de son expérience carcérale unchef-d'œuvre lyrique, long cri de détresse morale et réquisitoire contre les prisons anglaises.

Il dédie la Ballade à C. T.

Wooldrige, qui fut pendu à Reading lors de son séjour ; l'assassin symbolise l'homme condamné pour avoir tuécelle qu'il aimait comme l'auteur paie pour ceux qui pratiquent « l'amour qui n'ose pas dire son nom » ; ce sont sestermes.

Comme pour Verlaine, autre inverti, l'épreuve de la prison se révèle source de régénération spirituelle mêmesi Wilde, lui, ne croit pas en Dieu.

Le poème obéit à une double exigence, contradictoire, maintes fois expliquée parl'auteur à ses correspondants : « En partie réaliste, en partie romanesque, en partie poésie, en partie propagande ;j'en ai cruellement conscience mais, somme toute, je crois le résultat intéressant.

» La genèse du texte fut longueet douloureuse.

« Raconter, c'est revivre », faisait-il dire à l'héroïne d'une de ses comédies à succès.. »