Oral Terminale plaidoirie IA
Publié le 23/06/2024
Extrait du document
«
Concours des petites plaidoiries
Rappel du cas à traiter :
M.
X s’est vu refuser la délivrance de son diplôme de Master 2 par la commission
disciplinaire de son Université.
Il est accusé par l’Université d’avoir utilisé ChatGPT dans
la rédaction de son mémoire de recherche, portant ainsi atteinte à l’éthique de la
recherche universitaire.
La sanction prononcée par la commission disciplinaire de
l’Université entraîne pour M.
X la nullité de la session d'examen et la nondélivrance de son diplôme.
Au contraire monsieur X considère qu’il est le propriétaire légitime du contenu
proposé par l’IA, contenu généré par un prompt personnel complexe.
M.
X saisit alors le Tribunal administratif pour faire annuler la décision de la commission
disciplinaire.
Parties : M.
X – Université
A l’aide de vos recherches, vous exposerez une argumentation juridique ayant
pour objectif de défendre les intérêts de Monsieur X.
Vous vous efforcerez de
dégager les grands enjeux du monde contemporain soulevés par cette affaire.
1) Un peu de réflexion pour commencer.
Lisez attentivement le cas concret
qui vous est proposé et essayez d’identifier avec votre binôme au moins 2
axes d’argumentation en faveur de M.
X.
Axe 1 : pas de réelles lois/legislation par rapport aux IA
→ les enseignante s doivent interdire/autoriser l’utilisation pour les devoirs →
pas encadrer donc pas de limites données
Axe 2 : Plagié chat GPT = légal/pas sanctionné L-122-4 et L-335-2
→ obligé
Axe 3 :
2) Un peu de recherche : je vous ai préparé ci-dessous un petit dossier cidessous pour vous donner quelques informations sur le sujet :
◦ Le document 1 : une question posée au Sénat et la réponse de l’institution sur
l’utilisation de ChatGPT dans le cadre de la fraude aux examens.
La réponse est
limpide et ne plaide pas en notre faveur ! Mais cela peut servir de base ! +
quelques textes juridiques voir :
https://www.legifrance.gouv.fr/
◦ Le document 2 : un texte d’un cabinet d’avocats qui rappelle les enjeux
autour de l’IA et qui peut redonner un peu espoir !
◦ Le document 3 : la question centrale en droit d’auteur de la détermination de
l’empreinte de l’auteur.
Cette piste est clairement à creuser et exploiter !
A vous d’aller plus loin !
Petits rappels sur la plaidoirie :
• Celle-ci doit durer 5 à 7 minutes sans notes, vous ne défendez que les intérêts
de M.
X et vous devez veiller à répartir le temps de parole entre vous deux.
• Il faut structurer votre propos, et intégrer des éléments qui permettent aux
personnes qui vous écoutent de suivre la logique de votre raisonnement (intro /
développement en parties / connecteurs logiques / conclusion)
• Vous pouvez enrichir un peu la cas concret (ex : en insistant sur le caractère
personnel du prompt, le temps passé à le rédiger, la richesse des questions posées
etc.) mais sans trop le déformer.
On ne peut pas inventer des éléments qui ne
figurent pas dans le cas (ex : pression de l’administration etc.)
ChatGPT, plagiat, que dit la législation ? Préparez vos
arguments !
Document 1 : fraude à l’Université et IA, l’état des lieux… ça part mal
pour nous !
M.
Michel Canévet attire l'attention de M.
le ministre de l'éducation nationale et
de la jeunesse concernant les sanctions liées à l'utilisation des intelligences
artificielles génératives, et en particulier ChatGPT, au sein des établissements
scolaires et universitaires.
En effet, depuis que ce type d'intelligences artificielles est accessible au public, les
professeurs des universités, des facultés, des lycées et des collèges sont
confrontés à un nouveau type de plagiat, bien plus compliqué à repérer et donc à
sanctionner qu'auparavant.
De plus en plus d'étudiants utilisent en effet les
intelligences artificielles pour rédiger un texte, une dissertation et même un
mémoire ; travaux qui, de par une méconnaissance des enseignants de ces
nouvelles technologies, ne seront pas identifiés comme tels et considérés comme
du plagiat.
Pourtant, d'après les articles L.
335-2 et L.
335-3 du code de la propriété
intellectuelle, l'auteur d'une œuvre de l'esprit en violation des droits de l'auteur
tels qu'ils sont définis et réglementés par la loi peut être sanctionné d'une peine
de 300 000 euros d'amende et de trois ans d'emprisonnement.
Ainsi, l'on peut se
demander si l'utilisation dissimulée d'intelligences artificielles pour l'écriture de
travaux importants notamment dans le cadre universitaire ne pourrait pas être
soumise aux mêmes règles et donc sanctions que le plagiat d’œuvres
intellectuelles, parallèlement aux sanctions académiques déjà infligées.
Il lui demande donc d'une part quelles sont les dispositions à l'échelle des
collèges, des lycées et des universités pour alerter les enseignants de ce
phénomène qui met en péril les efforts de réflexion et de recherches des
étudiants et d'autre part si la législation en matière de plagiat est applicable à ces
nouveaux services.
Réponse du Sénat :
Le développement de l'intelligence artificielle (IA) a connu des avancées
significatives notamment du fait des évolutions technologiques récentes tant en
matière de capacité à traiter des masses considérables de données que des
modalités de ces traitements (deep learning et machine learning par exemple).
Sa mise à disposition du grand public va avoir progressivement un impact sur
toutes les sphères de la société.
En matière d'enseignement, comme ailleurs,
ChatGPT - et les autres IA - bousculent les usages et drainent leur lot de
mésusages, nécessitant que le sujet soit observé avec sérieux et pragmatisme
tout en requérant une vigilance supplémentaire des enseignants.
L'avènement de
l'IA dans l'enseignement supérieur pose également, et nécessairement, la
question de l'évolution des métiers et des compétences, avec, en arrière-fond, le
sujet de l'évolution des formations et de l'évaluation des apprentissages.
En
conséquence, le secteur de l'enseignement supérieur doit pouvoir adapter ses
méthodes d'apprentissage, d'enseignement et d'évaluation de sorte que l'IA soit
utilisée de manière efficace et appropriée.
Dans le cadre de leur liberté
académique, il appartient aux enseignants-chercheurs de décider de la façon dont
ils souhaitent mobiliser ou interdire ces outils conversationnels pour en adapter
les usages à leurs enseignements.
Les établissements de l'enseignement
supérieur ont également la responsabilité d'encourager et de synthétiser cette
réflexion, pour adapter les méthodes d'apprentissage et d'évaluation, à l'image
des règles que se sont fixés certains établissements comme Sciences Po Paris
d'encadrer l'outil conversationnel
S'agissant de la question du plagiat, on peut tout d'abord mentionner que
les œuvres créées par des IA ne sont pas protégées en elles-mêmes sauf
si elles reproduisent des œuvres de l'esprit au sens du code de la
propriété intellectuelle.
Il en va de même en droit américain ainsi que vient de
le rappeler le Copyright Office, organisme chargé de gérer l'enregistrement des
œuvres protégées aux États-Unis.
Ainsi, sauf si le texte reproduit lui-même une
œuvre au sens du code de la propriété intellectuelle, recopier un texte produit
par ChatGPT ne peut être sanctionné au regard des dispositions des
articles L.
122-4 et L.
335-2 du code de la propriété intellectuelle.
Il n'en
reste pas moins que l'indication des sources est une obligation juridique,
académique et éthique.
D'un point de vue académique, notamment, elle doit permettre d'apprécier la
valeur pédagogique du travail original réalisé par son auteur.
Ne pas mentionner
les sources pour faire sien un travail réalisé par autrui ou par une IA est, en
conséquence, constitutif d'une fraude susceptible d'être poursuivie et
sanctionnée, pour les usagers de l'enseignement supérieur, en application des
dispositions des articles R.
811-1 et suivants du code de l'éducation.
La décision
d'engager des poursuites à l'encontre d'un usager n'est pas encadrée par un délai
de prescription.
Il est donc possible d'engager des poursuites à tout moment, y
compris plusieurs années après les faits et même lorsque la personne concernée
a quitté l'établissement, dans l'hypothèse où les faits sont connus tardivement, ce
qui peut par exemple être le cas pour des fraudes difficiles à détecter.
Les
sanctions peuvent aller jusqu'à l'exclusion définitive de tout établissement public
d'enseignement supérieur.
Elles sont assorties du retrait du diplôme obtenu
par fraude.
Un acte obtenu par fraude ne crée pas de droit au profit de son
bénéficiaire et peut être retiré à tout moment (article L.
241-2 du code des
relations entre le public et l'administration).
Sur ce fondement, le président
d'université peut également retirer un diplôme obtenu par fraude en dehors de
toute procédure disciplinaire et sans condition de délai.
La décision doit être
motivée et faire l'objet d'une procédure contradictoire préalable (articles L.
211-2
et L.
122-1 du code des relations entre le public et l'administration).
Enfin,
l'université peut aussi se fonder sur l'article 1er de la loi du 23 décembre 1901
réprimant les fraudes dans les examens et concours publics qui prévoit que toute
fraude commise dans les examens et les concours publics qui ont pour objet
l'entrée dans une administration publique ou l'acquisition d'un diplôme délivré par
l'État constitue un délit.
Source : Senat.fr, Question écrite transmise au Sénat le 20 avril 2023
Que disent les textes sur la propriété intellectuelle et la
fraude ?
Article L111-1 (Code de la propriété intellectuelle)
L'auteur d'une œuvre de l'esprit jouit sur cette....
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