"On appelle liberté le rapport du moi concret à l'acte qu'il accomplit. Ce rapport est indéfinissable, précisément parce que nous sommes libres." Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience. Commentez cette citation. ?
Publié le 16/05/2020
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"On appelle liberté le rapport du moi concret à l'acte qu'il accomplit.
Ce rapport est indéfinissable, précisément parce que nous sommes libres." Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience.
Commentez cette citation.
Comme nous n'avons point l'habitude de nous observer directement nous même, mais que nous nous percevons à travers les formes empruntées au monde extérieur, nous finissons par croire que la durée réelle, la durée vécue parla conscience, est la même que cette durée qui glisse sur les atomes inertes sans y rien changer.
Le déterminisme psychologique implique une conception associationniste de l'esprit.
Ce dernier se représente le moi comme un assemblage d'états psychiques, dont le plus fort exerce une influence prépondérante et entraîne lesautres avec lui.
Tel sentiment, telle idée renferme une pluralité indéfinie de faits de conscience; mais la pluralité n'apparaîtra que par une espèce de déroulement dans ce milieu homogène que quelques-uns appellent durée et qui est en réalitéespace.
Nous apercevons alors des termes extérieurs les uns aux autres, et ces termes ne seront plus les faits de conscience eux-mêmes, mais leurs symboles, ou, plutôt, les mots qui les expriment.
Pour la plupart de nos actions journalières, grâce à la solidification dans notre mémoire de certaines sensations, de certains sentiments, de certaines idées, les impressions du dehors provoquent de notre part des mouvements qui,conscients et mêmes intelligents, ressemblent par bien des côtés à des actes réflexes.
Nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité même, quand ils l'expriment, quand ils ont avec elle cette indéfinissable ressemblance qu'on trouve entre l'œuvre et l'artiste.
Question de la tendance: à l'activité vivante et continue de ce moi où nous avions discerné par abstraction seulement deux directions opposées, on substitue ces directions elles-mêmes, transformées en choses inertes,indifférentes et qui attendent notre choix.
Les états profondes de notre âme ceux qui se traduisent par des actes libres, expriment et résument l'ensemble de notre histoire passée.
« Mais ce mécanisme auquel on s’est condamné par avance n’a d’autre valeur que celle d’une représentation symbolique : il ne saurai tenir contre le témoignage d’une conscience attentive, qui nous présente le dynamismeinterne comme un fait » (Bergson, Essai, 129) « Beaucoup vivent ainsi, et meurent sans avoir connu la vraie liberté.
» (125)« nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité entière » (129)« si l’on convient d’appeler libre tout acte qui émane du moi, et du moi seulement, l’acte qui porte la marque de notre personne est véritablement libre » : la liberté est « un certain caractère de la décision prise », elle est « dansl’acte libre » (130).
Dire que les mêmes causes internes produisent les mêmes effets, c'est supposer que la même cause peut se présenter à plusieurs reprises sur le théâtre de la conscience.
Or, notre conception de la durée ne tend à rien moinsqu'à affirmer l'hétérogénéité radicale des faits psychologiques profonds, et l'impossibilité pour deux d'entre eux de se ressembler tout à fait, puisqu'ils constituent deux moments différents d'une histoire.
Le principe d'identité est universellement et nécessairement contraignant car il relie le présent au présent.
Mais le principe de causalité, en tant qu'il lierait l'avenir au présent ne prendrait jamais la forme d'un principe nécessaire;car les moments successifs du temps réel ne sont pas solidaires les uns des autres.
« Il faut chercher la liberté dans une certaine nuance ou qualité de l’action même, et non dans un rapport de cet acte avec ce qu’il n’est pas ou avec ce qu’il aurait pu être.
» (137)« tout essai de reconstitution d’un acte émanant de la volonté même vous conduit à la constatation pure et simple du fait accompli.
» (142) On appelle liberté le rapport du moi concret à l'acte qu'il accomplit.
Le temps peut-il se représenter adéquatement par de l'espace? Oui, s'il s'agit du temps écoulé.
Non, s'il s'agit du temps qui s'écoule.
En utilisant les formes de la conscience extérieure pour la connaissance de notre propre personne nous risquons de prendre pour la coloration même du moi un reflet du cadre où nous le plaçons, c'est à dire le monde extérieur.
Ce qui intéresse le psychologue est précisément les unités de temps qui constituent la durée vécue, et quoique « la conscience pure n’aperçoit pas le temps sous forme d’une somme d’unités de durée », mais les états de conscience sont pour elles des progrès vivants et biens réels : « la psychologie porte sur les intervalles eux-mêmes, et non plus [comme en astronomie] sur leurs extrémités.
» Mettre la durée dans l'espace, c'est, par une contradiction véritable, placer la succession au sein même de la simultanéité.
Problème de la liberté: on se demande si l'acte pouvait ou ne pouvait pas être prévu, étant donné l'ensemble de ses conditions; et soit qu'on l'affirme, soit qu'on le nie, on admet que cet ensemble de conditions pouvait se concevoircomme donné d'avance; ce qui revient à traiter la durée comme un chose homogène et les intensités comme des grandeurs.
« Notre conception de la durée ne tend à rien moins qu’à affirmer l’hétérogénéité radicale des faits psychologiques profonds » « le rapport de causalité interne est purement dynamique, et n’a aucune analogie avec le rapport de deux phénomènes extérieurs qui se conditionnent (…) les faits psychiques profonds se présentent à la conscience une fois, et ne reparaîtront jamais plus.
Une analyse attentive du phénomène psychologique nous a amenés d'abord à cette conclusion : l’étude des notions de causalité et de durée envisagées en elles-mêmes, n’a fait que la confirmer.
» Il faut « saisir nos états internes comme des êtres vivants, sans cesse en voie de formation », qui s’interpénètrent et se succèdent dans une pure durée.
« Mais les moments où nous nous ressaisissons ainsi nous-mêmes sont rares, et c'est pourquoi nous sommes rarement libres » .
« La vérité est que nous apercevons ce moi toutes les fois que, par un vigoureux effort de réflexion, nous détachons les yeux de l’ombre qui nous suit pour rentrer ennous-mêmes », et nous pouvons « toujours nous replacer dans la pure durée ».
« si, par hasard, les moments de la durée réelle, aperçus par une conscience attentive, se pénétraient au lieu de se juxtaposer (…) alors le moi saisi par la considérer serait une cause libre, nous nous connaîtrions absolument nous-mêmes » Il s’agit là d’une « pénétration intime » de nos états psychiques dans « leur multiplicité toute qualitative » : « C'est la série tout entière de nos états de conscience hétérogènes qu’il faut considérer (…) c'est dans une analyse attentive de l’idée de durée qu’on aurait dû chercher la clef du problème.
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