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On a dit que la vérité de Baudelaire était dans le conflit de son idéal et de son spleen dans ce drame de l'homme aux prises avec l'existence. Cela vous paraît-il être une définition suffisante de l'oeuvre baudelairienne ?

Publié le 09/12/2021

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A cette rébellion s'oppose les poèmes de la mort, qui voient dans l'instant suprême un apaisement général des contradictions qui avaient conduit la recherche poétique, expérience au sein de laquelle se résorbe tout discours attaché à une définition du bien et du mal.   III, Souffrance et chant   _Le fond de l'entreprise baudelairienne n'est donc pas d'exprimer un conflit entre le réel et le parfait, mais d'envisager, voire de rendre possible son dépassement. Aussi y'a-t-il un sens à refuser une lecture littérale des oppositions établies par Baudelaire, et à reconnaître, en même temps que la beauté du mal, une sainteté de la révolte, sur le modèle de la lutte entre Jacob et l'ange, signifiant la nécessité d'un affrontement avec Dieu pour accéder au divin. La dernière tâche de Caïn est ainsi formulée : « Au ciel monte, et sur la terre jette Dieu ». Le vers est contradictoire si on fait rigoureusement correspondre le Ciel et Dieu. Mais si « Dieu » n'est que l'image trop humaine du sacré, le ciel est bien l'espace pur, le lieu du divin. Même l'acte du damné aspire à son propre dépassement, sa propre sublimation. Le projet de Baudelaire n'est pas la révolte, il est l'affirmation d'une valeur de la révolte, et par là même de la souffrance. _L'exploration baudelairienne du mal doit donc être qualifiée d' « orphique » : le poète descend aux abîmes, et rachète par son chant la corruption et la souffrance de la chair. La chute du poème « A une charogne » est à ce propos très claire : « J'ai gardé la forme et l'essence divine / De mes amours décomposées ».

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