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Obéir à la convention est-ce l'essentiel de toute éducation ?

Publié le 27/02/2008

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Analyse: - Une convention est un accord passé entre plusieurs membres d'une communauté et qui fixe certaines règles que tous acceptent de  respecter. La convention de travail, par exemple, fixe les modalités de rapport entre un patron et un employé. Une convention n'est pas nécessairement passée effectivement et volontairement par tous ceux qui s'y plient. Ainsi, nous pouvons dire que la langue est une convention, de même que l'organisation politique d'une société. Cependant tous ceux qui parlent une langue ou naissent dans un Etat n'ont pas, à un moment donné, ratifié une convention explicite. En ce sens, nous appelons convention toute règle qui n'est pas naturelle, c'est-à-dire toute règle qui est contingente et relative à une société donnée (la langue, la pacte politique mais aussi les règles de politesse, les bonnes moeurs, etc.). - Une convention est donc essentiellement sociale: elle constitue un accord entre plusieurs individus. De ce fait, elle peut entrer en contradiction avec certains désirs singuliers. La convention s'impose donc à l'individu avec un caractère contraignant, voire répressif. On comprend alors que l'obéissance à la convention ne va pas de soi. - Obéir signifie respecter certaines règles. Il peut y avoir plusieurs manières d'obéir. Nous pouvons obéir de force, parce que nous ne sommes pas capables de résister. Mais nous pouvons également obéir volontairement, parce que nous reconnaissons l'autorité d'une convention et sommes d'accord pour nous y plier. - L'éducation, quant à elle, est un processus d'apprentissage à la fois du savoir, de manières d'être et de faire. Elle est ce qui fait passer l'enfant à l'âge adulte, elle est aussi ce qui différencie le sauvage de l'homme civilisé. Or, nous pouvons concevoir le passage à l'âge adulte et la civilisation comme une intériorisation de certaines conventions. L'être humain naîtrait avec des désirs naturels qui ne le différencieraient en rien de l'animal, et il deviendrait véritablement en homme en apprenant à maîtriser et à canaliser ses désirs à travers l'éducation au respect de certaines conventions. - Cependant, le fait d'obéir à la convention par simple obligation, aussi intériorisée soit-elle, n'est-ce pas méconnaître la nature même d'une convention? En effet, obéir à la convention comme à une fatalité, c'est la prendre pour un fait naturel, pour un fait qui s'impose à nous de l'extérieur avec la même nécessité que les lois physiques. Si la convention est relative et choisie par l'homme, nous devons avoir une reprise sur celle-ci et garder une capacité de la modifier ou de la contester si elle nous semble injuste. En sommes, l'obéissance pure à la convention serait l'attitude de l'enfant, là où l'adulte est celui qui est capable de réfléchir sur et de juger d'une convention. L'éducation aurait alors davantage pour finalité de nous défaire de ce rapport d'obéissance passive par rapport aux conventions pour instaurer un véritable rapport de compréhension et de reprise réfléchie.   Problématique: Obéir sans faute aux conventions suffit-il à faire de nous un être éduqué, ou bien l'éducation n'a-t-elle pas pour finalité justement de nous défaire de ce rapport d'obéissance par rapport aux conventions?

« Certes, cela constitue une force plus subtile que la menace physique directe, puisqu'elle est intériorisée par celui quila subit, mais elle reste une contrainte que nous subissons de manière purement passive.

Un tel procédé relève enréalité plus du dressage que de l'éducation.

Contrairement au dressage, l'éducation n'a alors peut-être pas pourfinalité essentielle l'obtention d'une obéissance.

II) L'essentiel de l'éducation est de nous faire acquérir une autonomie par rapport aux conventions, c'est-à-dire une capacité de les comprendre et de les reprendre en première personne.

- L'obéissance comme soumission passive à ce qui s'impose à nous, aussi intériorisée soit-elle, est un rapportinfantile à la convention.

Le passage à l'âge adulte, finalité de l'éducation, est un dépassement de ce rapportpremier.

Elle a pour but de nous mener à « l'age de raison », c'est-à-dire au moment où n'obéissons plus à touteconvention, mais où nous sommes capables de les évaluer et de déterminer nous-même la règle de notre action.Cette capacité à déterminer soi-même la règle de son action est ce qu'on appelle « autonomie ».

L'essentiel dansl'éducation est donc de nous faire passer d'un rapport de soumission et de dépendance par rapport aux conventions,à une reprise autonome de celles-ci.- Que signifie reprendre une convention de manière autonome? Il s'agit d'abord de comprendre la convention dans sanature propre: il ne faut pas la concevoir comme une nécessité naturelle, qui s'imposeraient à nous de manièreinexorable, mais au contraire comme une création artificielle résultant d'un accord de tous ceux qui s'y plient.

Laconvention ne nous impose donc pas une règle de l'extérieur: si nous nous y soumettons, c'est que nous l'avonsaccepter auparavant.

Lorsque nous sommes obligés de respecter une convention, c'est en réalité nous-même quinous obligeons.

Du moins, c'est ce qui a lieu en droit.

Il est effet difficile de penser que nous ayons réellementparticipé à la ratification d'une convention concernant l'usage des mots, la constitution politique ou les coutumesd'une région.

Cependant, acquérir une autonomie nécessite la compréhension du fait que les conventions auraientpu être passées par n'importe quel être rationnel, dont je fais moi-même partie.

J'aurais donc, raisonnablement,ratifié la convention si l'occasion c'était présentée et je peux donc m'y plier comme si je l'avais moi-même choisis.Prenons, par exemple, la convention qui donne naissance à l'Etat, souvent appelée « contrat social ».

Il est évidentque tout membre d'un Etat n'a pas effectivement eu le choix d'accepter ou non cette convention.

Cependant,Hobbes explique au chapitre 15 du Leviathan que le pacte social résulte d'une « loi de nature », c'est-à-dire « unprécepte ou une règle générale selon laquelle chacun a l'interdiction de faire ce qui détruit sa vie, ou qui le prive desmoyens de la préserver, et de néglige de faire ce par quoi il pense qu'elle serait le mieux préserver ».

D'après cetteloi, Hobbes montre comment tout être rationnel en vient à conclure qu'il doit conclure une convention en ces termesavec ceux qui l'entourent: « j'autorise cet homme ou cet assemblée d'hommes, et je lui abandonne mon droit de megouverner moi-même, à cette condition que tu lui abandonnes ton droit et autorises toutes ses actions de la mêmemanière » (chap 17).

Je n'obéis donc finalement qu'à des conventions que je peux moi-même raisonnablementchoisir.

Ainsi, l'enfant obéit à la loi parc qu'il y est obligé, alors que l'adulte le fait car il en comprend la nécessité.

- Une bonne compréhension de la convention en fait une sommes de règles auxquelles je peux, par moi-même,choisir d'adhérer.

En quoi consiste dans ce cas l'essentiel de l'éducation? Il s'agit de rendre un homme nonseulement d'évaluer raisonnablement ce qui est bon, mais également d'agir en tout tems selon les résultats de cetteévaluation.

Adhérer à une convention ne signifie pas seulement en comprendre la valeur, mais également êtrecapable à tout moment de respecter les engagements qu'elle implique.

Or, cela ne va pas de soi.

En effet desforces s'opposent spontanément, dans l'individu, à ses propres choix et volontés.

Il s'agit des passions ou des désirspassagers.

Ainsi, Descartes explique dans l'article 47 des Passions de l'âme : il se livre dans l'âme un combat entre sa propre volonté et les affections ponctuelles qui peuvent lui être contraire.

Je peux, par exemple, comprendrerationnellement et accepter la convention qui dit que nous ne devons pas traverser au feu rouge, je peux l‘accepteret cependant avoir le désir passager de la transgresser (parce que je suis pressé, ou bien parce que je veux prouverà mon camarade ma témérité).

Le résultat de ce combat entre volonté et passion détermine la valeur de notre âme:ceux qui ne savent pas vaincre leurs passions possède une « âme faible », alors que ceux qui sont capables d'agiren toute circonstance selon leurs jugements fermes et déterminés possèdent une « âme forte ».

Nous comprenonsdonc que, pour Descartes, le dressage décrit dans l'article 50 n'est qu'un pis-aller pour permettre aux âmes faiblesd'acquérir un semblant d'autonomie.

L'autonomie véritable est le propre de l'âme forte et consiste à pouvoir agirselon des « jugements fermes et déterminés » (article 48).

Si l'éducation doit nous permettre de comprendre et dereprendre une convention, elle doit donc avant tout nous éduquer à agir selon notre volonté, sans nous laisserinfluencer par une quelconque passion.

Transition : L'essentiel de l'éducation est de nous faire dépasser le rapport infantile d'obéissance passive aux convention.

Elle apour finalité de nous rendre capable de comprendre les conventions, et de choisir de les respecter parce que nousles jugeons bonnes.

Ainsi, l'essentiel de l'éducation est de me permettre de n'obéir qu'à moi-même, c'est-à-dired'être autonome.

Cette conception a un impact en retour quant au pouvoir de l'individu sur les conventions.

Eneffet, il se peut parfaitement qu'un être autonome comprenne une convention mais qu'il la juge mauvaise ou injuste.L'éducation qui a pour finalité l'autonomie ne suppose donc pas un respect inconditionné de toute convention.

III) En retour, une bonne éducation n'est pas synonyme d'obéissance à la lettre aux conventions.

- Une bonne compréhension de la convention, c'est-à-dire qui n'en fait pas une nécessité naturelle, mais bienquelque chose de relatif à une communauté d'homme, doit nous amener à penser une possibilité de contestation etde modification de la convention.

En effet, être autonome signifie également ne pas se laisser déterminer par desconventions que nous n'avons pas évaluées, peut-être même dont nous n'avons pas conscience.

Par exemple, dansle cas du déterminisme social: comme l'explique Bourdieu dans La Distinction , nous pensons choisir nous même nos. »

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