Nuno Gonçalves

« GONÇALVES xve stêcle NuNo GoNÇALVEs (activité connue de 1450 à 1475) est la plus forte personnalité de la peinture portugaise de tous les temps et, dans la hiérarchie de la peinture européenne, égale les maîtres de l'Agneau mystique et les grands portraitistes du XVe siècle, depuis Van der Weyden et Van der Goes jusqu'à Benozzo Gozzoli ou Fouquet.

Dans Les Peintres célèbres, Nuno Gonçalves aura peut-être pour la première fois la place due à son génie.

On connaît très peu sa vie.

Peintre du roi Alphonse V depuis 1450, avec des appointements exceptionnels, élevés en 1452 et 1453, on voit, par les documents de l'époque, qu'il était le peintre préféré du roi.

Mais ce qui révèle encore mieux le prestige de sa renommée, ce sont les éloges de Francisco de Hollanda dans les Dialogues sur la peinture ( 1548), si célèbres par ses conver­ sations avec Michel-Ange et Vittoria Colonna.

Dans le Dialogue !, il écrit d'abord: « En ce chapitre (V), je veux faire mention d'un peintre portugais dont je sens qu'il mérite de n'être pas oublié ...

Ce fut Nuno Gonçalves, peintre du roi Alphonse et qui peignit dans la cathédrale de Lisbonne l'autel de saint Vincent ...

» Et à la fin, en nommant les «aigles» au-dessus desquels il place Michel-Ange, Hollanda cite Nuno Gonçalves à côté de Léonard, Raphaël, Titien, Mantegna, Metsys, etc ...

Et il dit encore: «Je place parmi les « Eminents » le peintre portugais qui a peint l'autel de saint Vincent de Lisbonne ».

Les six panneaux découverts par le regretté José de Figueiredo et groupés actuellement dans une seule composition, représentent la société portugaise du milieu du XVe siècle, c'est­ à-dire à l'époque des expéditions africaines et des premières découvertes maritimes, en adoration autour de saint Vincent, patron du royaume et de la ville de Lisbonne.

Parmi les identifications des personnages essentiels, celle d'Henri le Navigateur est bien avérée, basée sur l'enluminure de la Chronique de Guinée, de la Bibliothèque nationale de Paris.

Le roi Alphonse V et le prince Jean, placés au premier plan, indiquent, par leur âge apparent, l'époque de la peinture (env.

1465), confirmée d'ailleurs par le style des costumes et armures.

En réalité, tous les autres personnages, chevaliers en cuirasses et brigandines, nobles dans leurs costumes de cour, pêcheurs enveloppés dans leurs filets de pêche« comme un roi dans son manteau »,juifs, cavaliers maures, un évêque et tout son chapitre, les moines blancs (cisterciens) d'Alcobaça et un ecclésiastique portant une relique du saint, physiciens, lettrés, pèlerins, consti­ tuent une vraie assemblée plénière de la nation autour de son patron, comme dans l'accomplis­ sement d'un vœu, peut-être la prise récente d'Alcacer (au Maroc) en 1463.

Dans un coin du pan­ neau du roi, un portrait à l'extrême gauche fut interprété par José de Figueiredo comme celui du pèintre lui-même.

L'ART DE NuNo GoNÇALVES.- La composition de l'ensemble avec des figures de grandeur naturelle, à une échelle monumentale, plutôt de peinture murale que de retable d'autel, a le caractère épique et religieux d'un « grand choral», selon l'image du poète A.

Lapes Vieira.

La première et impressionnante originalité du peintre réside dans cette composition.

Un Flamand. »