« Nous autres, écrivains du XXe siècle, ne serons plus jamais seuls. Nous devons savoir au contraire que nous ne pouvons nous évader de la misère commune, et que notre seule justification, s'il en est une, est de parler, dans la mesure de nos moyens, pour ceux qui ne peuvent le faire... Il n'y a pas pour l'artiste de bourreaux privilégiés... » A. CAMUS, Discours de Suède
Publié le 20/12/2021
Extrait du document
Ci-dessous un extrait traitant le sujet : « Nous autres, écrivains du XXe siècle, ne serons plus jamais seuls. Nous devons savoir au contraire que nous ne pouvons nous évader de la misère commune, et que notre seule justification, s'il en est une, est de parler, dans la mesure de nos moyens, pour ceux qui ne peuvent le faire... Il n'y a pas pour l'artiste de bourreaux privilégiés... » A. CAMUS, Discours de Suède. Ce document contient 933 mots soit 3 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format PDF sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en: Français / Littérature.
«
« Nous autres, écrivains du XXe siècle, ne serons plus jamais seuls.
Nous devons savoir
au contraire que nous ne pouvons nous évader de la misère commune, et que notre
seule justification, s'il en est une, est de parler, dans la mesure de nos moyens, pour
ceux qui ne peuvent le faire...
Il n'y a pas pour l'artiste de bourreaux privilégiés...
» A.
CAMUS, Discours de Suède.
La littérature a-t-elle attendu le XXe siècle pour lutter contre
les bourreaux ? Vous avez lu des textes qui prouvent le contraire.
Parmi les écrivains que
vous connaissez, quels sont ceux qui, à votre avis, ont le mieux accompli la mission fixée
par Camus ? Et pourquoi ?
Développement
Camus lui-même raconte qu'un sage oriental demandait à la divinité de lui épargner de «
vivre une époque intéressante », et constatait que, sans doute pas assez « sage », cette
prière n'était pas exaucée en ce qui le concernait.
Dans le vacarme — au sens multiple du terme — qui nous entoure, nous ne pouvons plus
nous abstraire, nous tenir à l'écart.
Le silence même, l'abstention, sont considérés
comme une prise de position ; aussi l'artiste est-il, qu'il le veuille ou non, « embarqué »
— et le ternie correspond mieux à la réalité que « engagé ».
Embarqué sur la galère de
son temps.
Et on ne peut plus lui demander : « Que diable alliez-vous faire sur cette
galère ? » Ce n'est pas lui qui a demandé à y monter.
Il doit y prendre sa part de
tourments, ramer à sa place, et, s'il survit, que ce soit pour « créer ».
Mais si la nouveauté réside dans le fait que l'artiste est souvent embarqué malgré lui, il
n'en est pas moins vrai que le fait n'est pas « de notre temps ».
Et Camus lui-même
reconnaît qu'il y a toujours eu le cirque et l'histoire du martyr et du lion.
Mais, prétend-il,
l'artiste jusqu'ici se tenait sur les gradins : « II chantait pour rien, pour lui-même, ou,
dans le meilleur des cas, pour encourager le martyr et distraire un peu le lion de son
appétit.
»
L'histoire ne confirme pas cette opinion.
Les Nuées ont causé pas mal d'ennuis à
Aristophane et l'empereur Auguste a exilé Ovide.
Corneille a été contraint de mettre
beaucoup d'eau dans son...
cidre de Normandie pour apaiser la colère de Richelieu après
sa tragédie-comédie du Cid et Voltaire à Ferney avait un pied en France et l'autre en
Suisse, à toutes "fins utiles.
Chénier a fini sur l'échafaud : il ne s'est pas contenté de
rester « sur les gradins » comme le dit Camus! et Chateaubriand a eu pas mal de
démêlés avec le pouvoir.
Mais, avant le XXe siècle, l'exemple le plus marquant est celui de Victor Hugo, qui paye
de dix-huit ans d'exil son opposition à « Napoléon le Petit ».
Avec les Châtiments et
Histoire d'un crime, il ne s'agit plus d'un « embarquement » mais bien d'un «
engagement », voulu et réfléchi, nettement déterminé.
Avant Camus et tous ceux de notre temps qui ont pris part courageusement à la lutte,
Hugo a donc parlé « pour ceux qui ne pouvaient le faire ».
Et comme ses moyens étaient
grands, il a parlé d'un ton à la mesure de ses moyens.
Il savait que rien de ce qu'il disait
ou faisait ne passerait inaperçu ; il était conscient de sa.
»
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