??Nous aimons les innocentes fleurs, l'humble violette, la rose printanière,
Publié le 17/05/2020
Extrait du document
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Nous aimons les innocentes fleurs, l'humble violette, la rose
printanière, plus que le lys orgueilleux qui servit d'emblème aux
rois.
Si nous aimons particulièrement quelques fleurs, c'est par
leur influence sur notre tempérament.
Les émanations
rafraîchissantes conviennent à l'homme chaleureux, comme les
parfums corroborants doivent plaire au faible.
Quelques circonstances morales nous font aussi préférer une fleur
à tout autre.
J.-J.
Rousseau aimait la pervenche sans nous dire
pourquoi.
J'ai aussi ma fleur favorite ; j'aime avec tendresse
l'oreille d'ours, qu'on nomme auricule dans mon pays natal, et je
sais d'où vient cette réminiscence sentimentale.
J'étais enfant,
enfant de ch œ ur bien maltraité, bien malheureux.
A la fin de
l'hiver, je fus seul errer dans un jardin.
J'aperçus, à travers la
neige, une oreille d'ours en fleur, toute charmante ; les tristes
frimas qui l'entouraient étaient de même dans mon jeune c œ ur ; je
joignis les mains, mes yeux se mouillèrent, et je dis : « Pauvre
petite fleur, tu es plus heureuse que moi ! ».
Homme, dis-moi, quand tu achètes des places honorifiques, et que
tu brigues les décorations distinctes, est-ce pour être aimé ? Non,
c'est pour être craint et respecté.
Si l'amour du prochain nous était
cher, nous craindrions de lui inspirer trop de respect en
diminution de son amour envers nous.
Il n'est, je l'ai dit, que la
vertu de l'intègre magistrat, de l'homme intègre de tout état, qui
puisse servir de contrepoids à l'autorité qui l'élève au-dessus de
nous.
Nous l'aimons alors en le respectant ; nous lui donnons
même des larmes de tendresse ; et qui sait si elles ne sons pas
causées par un regret intérieur de nous voir forcé de nous abaisser
devant le mérite éminent, devant notre semblable qui, en quelque
sorte, a cessé de l'être.
Mais non : quoiqu'inépuisable, ne fouillons
pas si avant dans le dédale de l'orgueil humain ; disons et croyons
que ces larmes reconnaissantes sont un hommage que toujours et
partout a mérité la vertu.
Pour diminuer son apanage glorieux,
l'homme vertueux, disons-nous, est une création céleste, comme
le méchant en est une de la terre.
Pourquoi ravir à la vertu le don
d'être par elle-même, et par ses propres efforts ? Etre vertueux.
»
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