Notes analyses linéaires
Publié le 26/06/2024
Extrait du document
«
Chateaubriand « Mes joies de l’automne » extrait de « Mémoires d’outre tombe »
3/ Chateaubriand, René, 1802 autoportrait
« J'ai coûté la vie à ma mère en venant au monde ; j'ai été tiré de son sein avec le fer.
J'avais un frère,
que mon père bénit, parce qu'il voyait en lui son fils aîné.
Pour moi, livré de bonne heure à des mains
étrangères, je fus élevé loin du toit paternel.
Mon humeur était impétueuse, mon caractère inégal.
Tour
à tour bruyant et joyeux, silencieux et triste, je rassemblais autour de moi mes jeunes compagnons,
puis, les abandonnant tout à coup, j'allais m'asseoir à l'écart pour contempler la nue fugitive ou
entendre la pluie tomber sur le feuillage.
»
« Mes joies de l'automne »
RAPPEL :
« Plus la saison était triste, plus elle était en rapport avec moi » le temps des frimas, en rendant les
communications moins faciles, isole les habitants des campagnes : on se sent mieux à l'abri des
hommes.
Un caractère moral s'attache aux scènes de l'automne : ces feuilles qui tombent comme nos ans, ces
fleurs qui se fanent comme nos heures, ces nuages qui fuient comme nos illusions, cette lumière qui
s'affaiblit comme notre intelligence, ce soleil qui refroidit comme nos amours, ces fleurs qui se glacent
comme notre vie, ont des rapports secrets avec nos destinées.
Structure du texte du second paragraphe l’auteur utilise une structure répétitive avec des démonstratifs
pour introduire les figures de comparaison.
Rappelons que dans l’œuvre de chateaubriand, le
mot « fleur » désignent également « la jeune femme ».
Je voyais avec un plaisir indicible le retour de la saison des tempêtes, le passage des cygnes et des
ramiers, le rassemblement des corneilles dans la prairie de l'étang, et leur perchée à l'entrée de la nuit
sur les plus hauts chêne du grand Mail.
Lorsque le soir élevait, une vapeur bleuâtre au carrefour des
forêts, que les complaintes ou les lais du vent gémissait dans les mousses flétries, j'entrais en pleine
possession des sympathies de ma nature.
Rencontrais-je quelque laboureur au bout d'un guéret ? Je
m'arrêtais pour regarder cet homme germer à l'ombre des épis parmi lesquels il devait être moissonné,
et qui, retournant la terre de sa tombe avec le socle de la charrue, mêlait ses sueurs brûlantes aux
pluies glacées: le sillon qu'il creusait était un monument destiné à lui survivre.
Que faisait à cela mon
élégante démone? Par sa magie, elle me transportait au bord du Nil, me montrait la pyramide
égyptienne noyée dans le sable, comme le sillon armoricain caché sous la bruyère: Je m'applaudissais
d'avoir placé les fables de ma félicité hors du cercle des réalités humaines [...]
Problématique autour des paradoxes du textes, qui sont : nous sommes dans le parcours
« Célébration du monde » donc : « Comment Chateaubriand célèbre-t-il l’automne au travers ce
texte rempli de paradoxe ? »
Nature du texte : une description
- 1- Paradoxe entre le titre du passage et la première phrase :
« Plus la saison était triste, plus elle était en rapport avec moi » .
Les joies annoncées par le titre
proviennent de l’harmonie que Chateaubriand ressent entre ce qu’il éprouve et la nature :
« j'entrais en pleine possession des sympathies de ma nature ».
- 2- la fuite de la société des Hommes : Chateaubriand cherche à fuir les hommes « on se sent
mieux à l'abri des hommes » et en même temps il se livre à une réflexion sur l’humanité lorsqu’il
rencontre un laboureur « cet homme germé à l'ombre des épis parmi lesquels il devait être
moissonné ».
- 3- Le texte semble en fait hésiter entre une tonalité élégiaque champ lexical de la vieillesse et de
la mort) et une tonalité lyrique avec laquelle Chateaubriand peint son exaltation : « Je voyais avec
un plaisir indicible le retour de la saison des tempêtes.
»
Chateaubriand, comme de nombreux auteurs, se reconnait dans l'automne: « plus la saison était
triste, plus elle était en rapport avec moi ».
Il en va de même pour les autres citations en bleu dans le
texte.
Cette saison est le miroir de son mal être dans une époque de changements incontrôlables vers
un avenir plutôt flou.
C'est l'automne qui traduit le plus ses sentiments: « tourments, désirs d'ailleurs,
tristesse, mal-être, mélancolie ».
Le mal être romantique entraîne un doute sur soi-même, qui pousse Chateaubriand à s'interroger
sur ses origines.
Ainsi, les moissons, qui ont lieu en automne, avec tout le champ lexical du travail aux
champs, indique, par le "sillon", la recherche dans la terre mère de ses origines.
Chateaubriand est en
quête de lui-même, il traverse un changement de période.
En effet, dans ce texte l'automne est aussi
associée à une idée de passage "le passage des cygnes": moment éphémère.
C'est aussi le passage
d'un régime politique à un autre.
2- La nature et le temps :
La nature sert de support à la méditation, elle a des rapports secrets avec nos destinées,
rapports évoqués par une série d’équivalences (ces feuilles qui tombent comme nos ans, ces fleurs
qui se fanent comme nos heures…).
La vieillesse et la mort sont au centre de cette méditation.
Comme dans toute autobiographie,
Chateaubriand est amené à réfléchir sur le temps.
Or la nature sert en même temps de repoussoir
à l’homme : à l’homme condamné à souffrir et à disparaître (représenté par la figure humble du
laboureur) s’oppose l’agitation de la nature qui renaît toujours (Elles se jouaient sur l'eau au tomber
du soleil, poursuivaient les insectes, s'élançaient ensemble dans les airs…).
La nature éternelle
contient en elle-même les deux aspects de Chateaubriand et de la condition humaine.
Les métaphores utilisées correspondent également au couple formé par Chateaubriand et
sa démone (les roseaux agitaient leurs champs de quenouilles et de glaives).
Le champ lexical des oiseaux « cygnes, ramiers, corneilles, hirondelles », évoque cette liberté
vers laquelle il tend.
3- L’écriture contre la mort :
L’opposition entre le grandiose et l’humble (déjà présente dans René) recouvre une opposition
entre deux états de Chateaubriand : le jeune René et le vieux Chateaubriand, le lyrisme des
exaltation de la jeunesse (j'allais, au gré des....
»
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